Bien-être et travail, un équilibre complexe
Amiens accueillait mi-octobre la conférence "Bien-être et travail" organisée à l’initiative du club Prévention santé et d’Harmonie Mutuelle. Si 90% des salariés se disent satisfaits de leur emploi, le stress chronique, l’absentéisme ou le burn out demeurent des réalités préoccupantes.
« La santé n’est pas que l’absence de maladie, c’est aussi l’état total de bien-être psychique et physique », rappelle le Dr Michel Debout, psychiatre au CHU de Saint-Étienne. « La loi prévoit que l’entreprise est dans l’obligation de préserver la santé de ses salariés. Mais attention, santé ne veut pas dire bonheur », ajoute-t-il. Cependant, de plus en plus d’entreprises ont fait du bien-être en entreprise un réel sujet de réflexion.
Donner des ressources
« Nous avons fait en sorte d’offrir aux 350 salariés un cadre de vie agréable et nous travaillons beaucoup sur le thème de la sécurité et de la santé au travail », explique Renaud Grasset, président de VKR France, souvent cité en exemple pour ses actions en matière de bien-être au travail. « Nous avons organisé notre production en mini-usines qui réunissent des équipes de 20/ 25 personnes autour d’un animateur. Chacun comprend le sens de son travail, c’est primordial. Les rôles sont clairs et chacun a des espaces de liberté », ajoute-t-il. Outre des méthodes managériales innovantes, VKR France, installé à Feuquières-en-Vimeu sur un terrain de 27 hectares, apporte un soin particulier à l’environnement de travail de ses salariés, puisque le site compte pas moins de 70% d’espaces verts. Une réponse efficace pour lutter contre le stress, un phénomène qui touche tous les actifs, dirigeants comme salariés. « 24% des salariés sont en situation d’hyper-stress, 52% se déclarent anxieux. Cela peut avoir de réelles conséquences pour la santé », note Michel Cymès qui animait la conférence.
“24% des salariés sont en situation d’hyper-stress”
Les maux du travail
Deux stress se démarquent : le stress subi et le stress choisi. « Un seul fait partie de la satisfaction au travail. Le stress choisi peut être lié à une prise de parole, un défi, il est présent sur un temps déterminé », pointe Olivier Toress, président d’Amarok, un observatoire de la santé des dirigeants de PME. Pour Catherine Beidier, médecin du travail dans la Somme, la question est de pouvoir trouver les ressources nécessaires pour accompagner le salarié à sortir d’un stress subi. « Il faut insister sur la prévention », souligne de son côté Christine Jeoffrion, enseignante-chercheuse en psychologie sociale. La mise en œuvre d’une politique de bien-être au travail peut aider les entreprises à lutter contre l’absentéisme mais aussi le burn-out, autre mal qui inquiète de plus en plus : plus de trois millions de personnes ont un risque élevé d’être victime d’un épuisement professionnel. « 30% des salariés pensent qu’ils pourraient, si leur situation n’évolue pas, faire un burn out », complète Michel Cymes qui souligne l’importance de l’entourage pour détecter les premiers signes. « Les dirigeants aussi peuvent basculer », prévient Olivier Torrès.