Entreprises
Bernard Nucci : le sens des engagements
À la tête de l’entreprise Malezieux, du Syndicat national des Entreprises d’Assainissement et du Club Entreprises Rives de Moselle, Bernard Nucci ne cesse jamais d’avancer, d’innover. Regard sur une trajectoire inspirante pour beaucoup.

Bernard Nucci a l’agenda fort chargé : directeur général de l’entreprise Malezieux - entité spécialisée dans le secteur de la récupération des eaux usées ou de matières dangereuses, forte de plus de 70 ans d’existence, de plus de 200 collaborateurs, d’un chiffre d’affaires de 30 M€ -, par ailleurs président du Syndicat national des Entreprises d’Assainissement et du Club Entreprises Rives de Moselle. L’homme cultive le pragmatisme et le bon sens. Pas du genre à reculer dès lors qu’un challenge correspond à ses valeurs. Il cite ce bout de vécu : «Il y a une vingtaine d’années, le club féminin de handball de Metz était au bord du gouffre, financier notamment. Thierry Weizman en est devenu le président pour redresser la barre. Il m’a proposé de prendre le poste de trésorier. Je n’ai pas pu faire autrement, c’est mon beau-frère. Aujourd’hui, l’équipe professionnelle est la plus titrée de tout le sport collectif français et compte en Europe. Je fais toujours partie du conseil d’administration du club.»
Le CERM, club à sens
Quand en 2016, il s’est agi de créer un club fédérant les chefs d’entreprise et forces vives économiques sur le territoire de Rives de Moselle, à l’initiative de la communauté de communes, il fait bien sûr partie de l’aventure : «Souvent, on vient me chercher», sourit-il. «À cette époque, paradoxalement, sur un territoire très dynamique aux 2 000 entreprises et 26 000 emplois, l’un des plus prospères du département, il n’existait pas de club, à l’image de ce qui pouvait se faire à Metz et à Thionville. Je suis devenu le président du nouveau Club Entreprises Rives de Moselle. Nous sommes partis à une dizaine. La Communauté de communes Rives de Moselle a financé un poste de permanent. C’était nécessaire, car nous étions tous chefs d’entreprise et forcément très occupés. Au départ, l’idée du CERM, c’est bien de faire un club de liens, pas de business pur. Notre soirée inaugurale a rassemblé 250 personnes, animée par Daniel Herrero. J’en garde un magnifique souvenir !» Rapidement, le CERM monte en puissance : «Nous avons été là au bon moment, au bon endroit, très vite, très actifs. La recette a accroché car nous ne sommes pas élitistes. Le multi-maillage a fonctionné. Fin 2017, nous comptions déjà une centaine d’entreprises adhérentes», poursuit Bernard Nucci. Survient la pandémie et son improbable scénario. Le monde économique est touché de plein fouet. Après la sidération, la solidarité s’organise. «Le CERM est alors sorti de son rôle originel pour être un vrai levier, un relais, entre les chefs d’entreprise. Il est devenu la passerelle pour organiser la distribution de masques pour les entreprises du territoire. Nous les avons informé de toutes les mesures, des évolutions réglementaires et sanitaires. Durant cette période qui a duré longtemps, sachons-nous nous en rappeler, le club avait des activités réduites. Cela n’a pas empêché 120 des 180 adhérents de nous renouveler leurs cotisations. C’est sans doute à ce moment-là que le CERM a montré tout son sens», témoigne Bernard Nucci. Après la Covid-19, l’association reprend ses événements en présentiel.
Agréger les compétences, rompre l’isolement
Structuré autour d’un comité de direction de dix-huit personnes, d’une permanente, Mélody Moinaux, et d’alternantes, le CERM, qui fut initié par et pour les chefs d’entreprise, est devenu incontournable. Quatre commissions articulent ses initiatives : animation, communication, développement et École Formation Emploi. Cette dernière tend à être l’intermédiaire entre les différents acteurs de l’emploi. «La convivialité, le partage, l’échange, l’entraide nous unissent», insiste Bernard Nucci. Poursuivant : «Nous voyons l’intérêt que nous suscitons, l’affluence grandissante de nos manifestations, cela a un poids en termes de représentation entrepreneuriale sur le territoire.» En ce début d’année, le CERM compte 220 entreprises adhérentes, 4 000 personnes gravitant autour. Il déroule au fil d’une saison un panel de temps forts éclectiques entre P’tit Déj mensuels autour de thématiques décryptées par un expert, visites d’entreprise, afterwork, «Donne ta carte» soit un format speed dating professionnel, repas nourrissant le réseautage, «C’est d’actu» ou cet espace ciblant un sujet débattu autour d’un déjeuner ou d’un dîner, soirées prestige sous forme de tables rondes, conférences, spectacles. Le CERM nous rappelle qu’une entreprise est avant tout une communauté humaine, pilotée par une femme ou un homme. «C’est forcément une personne seule qui doit prendre des décisions, savoir anticiper, s’adapter, prévoir. Il faut rompre cet isolement», constate Bernard Nucci. Le CERM est au centre de cette considération, de cette valorisation humaine, des savoir-faire et des savoir-être. Au cœur aussi de ces lignes, de ces codes qui bougent dans la société, dans l’écosystème entrepreneurial, dans la sphère travail, en prenant en compte les réalités économiques et conjoncturelles fluctuantes, les transitions écologiques énergétiques et numériques, les problématiques de recrutement, d’apprentissage, de fidélisation. Le club est à son échelon local un sas d’expérimentations, de bonnes pratiques, de synergies portées vers l’avenir, véhiculant le message d’une entreprise engagée, pariant sur l’efficience individuelle au service de l’intelligence collective. «Le réseautage est incontournable», assure Bernard Nucci, «Nous allons renouveler le programme du CERM, l’orientant vers plus d’expertise et le renforcement de la communication sur nos adhérents.»
La volonté de transmettre
Quelle trajectoire pour cet homme d’idées et de convictions. Il y a quatre décennies, après un bac obtenu à Rombas, il décrochait un BTS en mécanique à Hayange : «Tout cela est passé à une vitesse incroyable. Jamais, à 20 ans, je n’aurais pensé diriger une entreprise comme Malezieux. C’est un mix entre des opportunités que j’ai su saisir, des mains que l’on m’a tendues, un peu de chance et beaucoup de travail. La réussite s’obtient avec le travail. Je ne connais pas d’autres moyens. Au départ, je ne fais pas le métier le plus sexy : j’ai cette satisfaction de voir les regards évoluer, tant sur l’entreprise que sur nos métiers.» Figurez-vous que Bernard Nucci fait valoir ses droits à la retraite en juillet prochain. Tout est relatif pour un tel tempérament. Il a des projets plein ses cartons, comme celui notamment de créer sur le territoire de Rives de Moselle un centre de formation dédié à son cœur d’activité, de contribuer à l’articulation au niveau national d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) permettant de faire reconnaître les compétences et savoir-faire nécessaires à l'exercice de ces métiers spécifiques. Bernard Nucci a une vision claire, sait composer entre critique constructive et solution censée. Transmettre, c’est décidément son mot clé.
À venir au CERM
Innovation technologique, sport, entraide, communication, attractivité, gastronomie, développement durable, culture et loisirs, compétences : ce sont les champs encadrant le programme des temps forts cette saison. À venir «manger mieux, manger local», «décarbonation où en êtes-vous ?». Le CERM tiendra son assemblée générale le 3 juillet.