Benoît Hamon à Amiens pour présenter sa loi sur l’ESS

Le ministre délégué à l’économie sociale et solidaire et à la consommation a passé une journée à Amiens afin de rencontrer les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) et annoncer les grandes lignes d’une loi qu’il devrait présenter au printemps prochain.

Le ministre a rendu visite à plusieurs entreprises, comme ici A Capella.
Le ministre a rendu visite à plusieurs entreprises, comme ici A Capella.

 

Benoît Hamon a démarré en Picardie le mois de l’ESS.

Benoît Hamon a démarré en Picardie le mois de l’ESS.

Alors qu’il en avait déjà touché un mot lors de sa rencontre avec les membres de l’association Ménage service, une structure qui traverse d’importantes difficultés financières, Benoît Hamon a annoncé sa stratégie de croissance pour l’ESS au conseil régional de Picardie, où il avait été convié par Marie- Christine Guillemin, vice-présidente en charge de l’ESS. Devant un parterre d’élus picards et une centaine d’acteurs de l’ESS, il s’est dit « réjoui que le ministre soit logé à Bercy, pour asseoir la légitimité de l’ESS et sortir de la caricature. Et d’ajouter : La loi-cadre, au printemps 2013, devra permettre de définir le périmètre de l’ESS, de mettre en oeuvre les instruments de financement et d’accorder un label. Par ailleurs, avec le ministère de l’éducation nationale, nous souhaitons enseigner l’ESS et la biodiversité économique. Nous devons être les acteurs du dialogue social interprofessionnel. » Benoît Hamon va plus loin dans le détail : « Il faut structurer l’ESS, pour diffuser ce qui marche, et consolider les Cress [ndlr, chambres régionales de l’économie sociale et solidaire]. La structuration par contractualisation au niveau des territoires permettra de mettre en place de vraies stratégies de filières. Par ailleurs, au niveau financier, la Banque publique d’investissement va concourir à hauteur de 500 000 millions d’euros pour développer l’ESS. Cela permettra d’offrir des garanties pour des prêts et agir comme effet de levier auprès des banquiers privés. »

Le ministre a rendu visite à plusieurs entreprises, comme ici A Capella.

Le ministre a rendu visite à plusieurs entreprises, comme ici A Capella.

Innovation sociale
Benoît Hamon signale également que « l’ESS pourra bénéficier de financements par Oséo dans le cadre de projets, pour favoriser l’innovation sociale ». De même, « il y a une forte demande de coopératif en France. Il faut permettre, lors de la transmission d’entreprise, de faciliter la prise en SCOP par les salariés, sans forcément qu’il y ait la majorité du capital, mais la majorité des droits de vote. Dans le cadre des emplois d’avenir, les associations vont pouvoir embaucher des jeunes diplômés pour les aider. L’ESS est au coeur des priorités de ce gouvernement, pour sa politique de croissance, avec une stratégie de croissance inclusive. Il faut sortir de la caricature. L’ESS c’est 220 000 établissements, plus de 2 millions de salariés, soit 10 % des actifs. En période de crise, elle permet de limiter les inégalités sociales et, malgré tout, elle a permis ces dernières années de créer 23 % d’emplois supplémentaires. Il faut une véritable politique publique de développement de l’ESS, pour créer un modèle plus robuste. Une politique publique transversale, qui peut se résumer en trois actions : reconnaître l’ESS, la consolider et la développer ».

Les structures amiénoises
La visite de Benoît Hamon a débuté par le centre d’appels A Cappella, situé à proximité de la gare du Nord. A Cappella est la seule plate-forme téléphonique française à avoir le statut de SCOP. Elle existe depuis 2001 à Amiens et, avec 4 téléopérateurs au départ, elle emploie aujourd’hui 65 salariés en CDI. Une vingtaine de salariés est sociétaire de l’entreprise. Le principe d’une SCOP fait que chaque voix de sociétaire est égale, peu importe la part sociale détenue. Les dirigeants sont désignés par les sociétaires et les bénéfices leur sont rétrocédés ou réinvestis dans l’entreprise. Les pratiques sociales ainsi instaurées se démarquent de ce secteur d’activité.
Ménage service (lire ci-après) regroupe quatre associations et autant d’entreprises d’insertion qui emploient en moyenne plus de 280 salariés, dont 23 encadrants. Ménage service particuliers existe depuis 1985 et intervient chez les particuliers (ménage, repassage…). Ménage service professionnels, comme son nom l’indique, agit également auprès des professionnels pour de petits travaux. Ozange propose un service d’assistance aux personnes dépendantes et la Repasserie, des travaux de repassage. Les Astelles est une association d’entreprises d’insertion installées dans le quartier d’Etouvie et qui emploient environ 200 personnes. Elles proposent des travaux de bâtiment et travaux publics, la collecte, le traitement et le recyclage des déchets, avec un dépôt-vente d’objets, l’entretien des espaces naturels, le nettoyage, le transport et le déménagement.
Le ministre a déjeuné au restaurant Carte blanche. Ce restaurant est géré par l’association Le Polygone dans le cadre d’un Esat (établissement et service d’aide par le travail). A ce titre, l’association accueille 24 personnes handicapées, principalement un handicap mental.