BeeForest s’impose avec ses forêts urbaines Miyawaki

BeeForest, TPE de la métropole lilloise, a réussi en un an à convaincre municipalités, entreprises et particuliers de l’intérêt du concept japonais Miyawaki pour recréer des massifs forestiers en coeur de ville. Rencontre avec son fondateur, Mathieu Verspieren, sur un chantier à Templeuve.

Chantier BeeForest à Templeuve, avec Vianney Fache, Amandine Goudard, Anaïs Pourrit et Mathieu Verspieren.
Chantier BeeForest à Templeuve, avec Vianney Fache, Amandine Goudard, Anaïs Pourrit et Mathieu Verspieren.

25 mars matin, 1 300 arbres à planter sur 500 m², à Templeuve-en-Pévèle, en métropole lilloise : ce n’est pas une mince affaire. Mais Mathieu Verspieren vient de préparer le sol et il peut compter aujourd’hui sur l’aide des enfants de la commune. Il leur a apporté tout le matériel pour mettre en terre les jeunes plants qui feront demain de ce terrain inutilisé une réserve de biodiversité.

Chantier de BeeForest à Templeuve copyright lagazettenpdc.jpg
Chantier de BeeForest à Templeuve. Copyright lagazettenpdc.jpg

Il faut dire que le concept du botaniste japonais Akira Miyawaki s’appuie sur un protocole particulier. Pour recréer en 20 ans une forêt aussi dense que si elle avait poussé naturellement en 200 ans et obtenir un écosystème équilibré et naturel le plus rapidement possible, quatre principes sont à respecter, comme l’explique le fondateur de BeeForest.

«Le terrain doit être préparé avec l’apport de compost et de fumier. Un deuxième pilier repose sur l’analyse des sols et le choix des essences. Pour Templeuve, nous nous inspirons des forêts à proximité, notamment celle de Raismes, où nous avons analysé les types de mousses, herbes, arbres de basses et hautes futaies qui y poussent.» 

Une vingtaine d’essences ont ainsi été choisies comme le chêne, l’hêtre, le houx, l’aubépine, etc., mais aussi des essences résistantes au réchauffement climatique.

La densité est également primordiale avec trois arbres et arbustes plantés par mètre carré, afin que les feuilles à l’automne en tombant créent une vraie litière naturelle et une protection du sol contre le soleil. Enfin, les jeunes plants ne dépassant pas un mètre de haut doivent être plantés en motte pour assurer une meilleure reprise.

Nouveau concept en France

Au Japon, ce concept de forêt urbaine a fait ses preuves depuis les années 70. Mais en France, c’est tout nouveau. L’ingénieur agronome (ISA Angers) s’est lancé dans cette aventure, à la suite d’une première vie professionnelle dans la grande distribution (Grand Frais). Après s’être formé à la méthode Miyawaki, ce passionné de nature crée son entreprise en mars 2020, accompagné par le réseau CréActifs et l’incubateur de l’ESS Evident.

Un an après, il est fier d’avoir planté 17 000 arbres, en ayant mobilisé 1 700 enfants, 30 salariés et 500 habitants d’une petite dizaine de communes (Marcq-en-Baroeul, Templemars, Roubaix, Marck-en-Calaisis, etc., jusque Flins-sur-Seine en Ile-de-France), mais aussi d’entreprises et de particuliers. 

«Il faut dire que les projets sont généralement cofinancés par la Région à hauteur de 40% dans le cadre du plan '1 million d’arbres en Hauts-de-France' lancé en avril 2020.» Une véritable aubaine pour cet entrepreneur.

Coût moyen du projet : 20 000 euros/500m² tout compris, de l’étude du sol à la plantation, la fourniture des arbres, l’animation… Il y a même des entreprises qui cofinancent parfois les projets des communes, comme Tape à l’Oeil à Roubaix.

Plantation de BeeForest à Roubaix avec l'entreprise Tape à l'Oeil copyright BeeForest
Plantation de BeeForest à Roubaix avec l'entreprise Tape à l'Oeil. Copyright BeeForest

Intérêt sociétal

«Au-delà de recréer de la biodiversité, c’est aussi une manière de sensibiliser les jeunes à l’environnement et aux changements climatiques. Le Nord est l’un des départements les moins boisés de France,» soulignent ce 25 mars Amandine Goudard, adjointe développement durable, cadre de vie et mobilité à Templeuve, et Vianney Fache, agent au service développement durable, venus soutenir la plantation. «Le maire, Luc Monnet, a souhaité démarrer ce mandat avec ce projet très symbolique pour montrer que l’on peut développer la biodiversité au sein de la commune.»

Il n’est pas le seul maire à avoir eu cette démarche post-élection. D’ailleurs, certains détracteurs parlent d’opérations de greenwashing. Benoît Muguet, responsable de l’urbanisme à Templemars qui a planté 3000 arbres sur 1 000m² en février 2020, s’en défend : «On a pris le temps de proposer le projet aux riverains, avec une implication forte des enfants et de leurs parents. Lors des plantations, on voit le plaisir des habitants de travailler la terre et de nouer des liens entre eux. Par ailleurs, ce projet est associé à la création d’une coulée douce et autres initiatives de protection de l’environnement. On va au-delà de la simple plantation d’arbres.»

Projets pour demain

Le carnet de commandes de Mathieu Verspieren est déjà en train de se remplir pour 2022, avec des projets à Bruay-sur-l’Escaut et Violaines. Il souhaite développe les animations au printemps-été autour des forêts urbaines Miyawaki pour compléter les plantations de l’automne-hiver. Et il envisage de créer par ailleurs une deuxième activité en tant qu’apiculteur, avec des temps forts pour entreprises et municipalités autour de la récolte du miel.