Baudelet environnement prend 49% de Neo-Eco
Le groupe Baudelet environnement vient de conclure un accord avec l’entreprise neo‑Eco, spécialisée dans l’engineering de solutions de recyclage de déchets. En créant une offre de valorisation “intégrale” et “sur mesure”, les deux sociétés comptent développer leurs écoproduits.
C’est l’heure de tous les paris. Pour une PME spécialisée dans le déchet, les prochaines années seront probablement décisives si l’on en juge le tournant que négocie Baudelet environnement qui devient actionnaire à 49% de Neo-Eco. «Notre sujet est d’assurer la poursuite du développement du groupe, a indiqué Bernard Poissonnier, PDG de Baudelet environnement. Nous n’avions pas vraiment de bureau d’études, pourtant nous voulons aller plus loin, on est au-delà de l’élimination.»
Les deux fondateurs de Neo-Eco, Ludovic Verbrugge et Christophe Deboffe, ont lancé leur entreprise en 2008 et travaillaient déjà pour Baudelet. Neo-Eco a réalisé un chiffre d’affaires de 6,6 millions d’euros en 2013 et multiplié par 15 son activité depuis six ans. L’entreprise a, par exemple, imaginé et créé un plan de travail de cuisine issu totalement de l’économie circulaire. Innovante, Neo-Eco voulait cependant grandir. «On pouvait lever des fonds, mais on cherchait un sens industriel à notre développement», explique Ludovic Verbrugge.
Une centrale thermique pour un industriel ? Les idées sont les bienvenues et la complémentarité commerciale sera cultivée : Baudelet proposera à ses clients les solutions de Neo-Eco : audits, conception de produits sur mesure, ingénierie du process de valorisation, production industrielle des écoproduits, tests, analyses… Toute la création de valeur sera couverte par les champs d’action respectifs des deux sociétés. Surtout, des craintes poussent Baudelet et Neo-Eco à anticiper : «la stabilité des prix des matières premières est un temps révolu» rappelle ainsi Ludovic Verbrugge. Aussi, il convient de se tourner vers la «matière secondaire», celle qui est issue d’une première transformation et qui a une potentialité : soit l’avenir du modèle économique. Il faut donc capter ces déchets qui demain vaudront de l’or, grâce à une présence territoriale solide (les donneurs d’ordre publics et privés), sans oublier la réactivité et l’imagination. L’avenir passera notamment par la chimie verte et par des clients industriels. Des liens existent déjà avec Aluminium Dunkerque et un partenariat plus poussé est à l’étude. Les exemples de création de valeur sont nombreux : les Combustibles solides de récupération (CSR) pèsent aujourd’hui la moitié de la valeur énergétique du pétrole. Alors, pourquoi ne pas «imaginer une centrale thermique au service d’un industriel et à base de CSR, on pourrait planifier sa facture énergétique : on travaille sur le sujet», révèle Bernard Poissonnier. Pour autant, les acteurs de cette alliance ne croient pas à un modèle économique à petit prix : «il faut se sortir de la tête qu’un produit écologique sera moins cher», assènent les dirigeants de Neo-Eco et de Baudelet. De même, «nous devons pouvoir produire de façon industrielle des écoproduits sur le territoire national, voire européen», a pointé Bernard Poissonnier. De l’ambition en termes de marchés mais aussi d’idées : «pourquoi les palettes sont-elles en bois ?», s’est ainsi interrogé le dirigeant de Baudelet.