Baromètre des greffiers des tribunaux de commerce : un premier trimestre 2025 morose pour les entreprises
Légère reprise des créations d’entreprise, nouvelle progression des ouvertures de procédures collectives, explosion des radiations d’entreprises… Le point sur le climat général des affaires en ce début d’année 2025.

« Après
une année 2024 marquée par les incertitudes sur le plan politique
et géopolitique, le premier trimestre de l’année 2025 entretient
une dynamique morose pour les entreprises françaises.
» C’est le constat dressé par le Conseil national des greffiers
des tribunaux de commerce (CNGTC)
et l’institut d’études
économiques et sectorielles Xerfi Spécific dans le Baromètre
national des entreprises, basé sur l’analyse des données des
trois premiers mois de l’année 2025 comparées aux
mêmes
mois de 2024. « Le
tissu entrepreneurial connaît une explosion des entreprises radiées
(+ 118,7%) et échoue à enrayer la hausse des procédures
collectives (+ 4,2%). Un tableau gris compensé seulement par
une timide reprise de la création d’entreprise (+ 5,1%). »
D’après le baromètre, 168 353 entreprises ont été radiées du registre du commerce et des sociétés entre janvier et mars 2025, soit une hausse de 118,7% par rapport à la même période l’année passée. Cette très forte augmentation des radiations s’explique toutefois par des phénomènes structurels tels que « la conjonction des clôtures de procédures collectives » et « la résolution de procédures de radiation restées bloquées sur la plateforme Guichet Unique », en raison des dysfonctionnements.
En
parallèle, 163 361 entreprises ont été créées au cours de
ce premier trimestre, ce qui représente une hausse de 5,1 % par
rapport au début de 2024. Avec de grandes disparités sectorielles :
+ 22,7% d’immatriculations dans le secteur de l’information
et de la communication, et - 21% dans le domaine de l’assurance
et de la finance, par exemple. Avec
16 611 ouvertures de procédures collectives entre janvier et
mars 2025, soit une progression de 4,2% par rapport aux mêmes mois
de 2024, le nombre d’entreprises en difficulté a poursuivi son
« inexorable progression, confirmant la tendance à la
fragilisation du tissu
entrepreneurial français, bien que cette hausse soit
moins marquée qu’en 2024 ».
Stagnation
en perspective dans l’industrie et la construction
Selon
les analystes de Xerfi, l’industrie française est peu exposée à
une hausse des droits de douane avec les États-Unis « mais
les effets plus globaux de la guerre tarifaire seront sans doute
majeurs » : « gel des investissements, baisse
d’activité de clients européens, concurrence accrue des produits
chinois et états-uniens
redirigés vers l’Europe… » C’est pourquoi
ils prévoient une baisse de 0,7% de la production de l’industrie
française en 2025, avant « un rebond en 2026 sur fond
d’éclaircissement de la conjoncture internationale, de solidité
de la demande nationale et européenne et de protection contre une
éventuelle vague de produits chinois à bas coûts ».
Dans
le secteur de la construction, les analystes anticipent une
stagnation de l’activité en valeur du BTP cette année. Le
« regain » d’activité enregistré ces derniers
mois dans le logement neuf « sera freiné par la baisse
limitée des taux d’intérêt », le marché de la
rénovation « affecté par la baisse du budget de
MaPrimRénov’ » et la dynamique des travaux publics va
ralentir en raison de « la contraction des ressources
financières des collectivités ». En 2025, la résilience
du secteur reposera essentiellement sur la remontée des transactions
dans l’ancien et la récurrence des activités de maintenance et
d’intervention d’urgence.
Croissance
en perspective pour l’immobilier et l’hébergement-restauration
La
croissance devrait en revanche légèrement accélérer pour les
activités immobilières cette année. « La principale
évolution sera la reprise de l’activité des agences
immobilières », estiment les analystes, qui évaluent à
6% la hausse du chiffre d’affaires de ces agences. Les activités
de location de biens résidentiels et non résidentiels et
l’administration de biens seront également « en
croissance », dans un contexte « de besoins
constants en réhabilitation d’actifs obsolètes ou trop
énergivores ». Et cette dynamique devrait se poursuivre en
2026.
Le secteur de l’hébergement-restauration devrait, lui aussi, enregistrer une progression en 2025 (de 4,5%, selon les prévisions), en grande partie grâce aux touristes étrangers. Car si la demande domestiques sera « soutenue », le budget alloué aux vacances par les ménages français « sera en partie bridé par un taux d’épargne encore important ». La croissance des revenus du secteur de l’hôtellerie-restauration devrait rester sur le même rythme en 2026.
Créations, défaillances : des évolutions très variables selon les régions
Toutes
les régions ont enregistré une augmentation du nombre des créations
d’entreprises en ce début d’année, excepté la Nouvelle-Aquitaine (- 0,8%) et les Pays de la Loire (- 1,7%). La
hausse a été particulièrement forte en Ile-de-France (+ 9,5%)
et en Auvergne-Rhône-Alpes (+6,4 %).
Le nombre d’ouvertures de procédures collectives a augmenté dans les Pays de la Loire (+19,7%), la Corse (+11,7%), dans une moindre mesure, en Normandie (+4,6%), Nouvelle-Aquitaine (+3,3%), Hauts-de-France (+2,4%) et dans les départements et territoires d’Outre-mer, hormis à La Réunion. Il est resté stable en Occitanie, en Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes et a diminué dans le Grand Est (-29,3%), Centre-Val-de-Loire (-18,5%), PACA (-14,9%), Bourgogne-Franche-Comté (-6,1%) et Ile-de-France (-2,7%).