Banques et financements : Les solutions alternatives à la ra
Il est tentant d’exacerber le sentiment de crise et d’imputer “à la finance”, aux banques 3en particulier, l’origine de nos difficultés, alors que celles-ci sont structurelles et économiques (baisse de productivité de nos entreprises) et surtout budgétaires (gabegie de nos institutions) … Il ne faut donc pas confondre les causes et les conséquences.
Il n’empêche que les établissements financiers traditionnels sont aussi malmenés et, en outre, doivent renforcer leurs fonds propres. Cette situation les contraignent-ils à resserrer les conditions d’accès des PME au crédit ?Qu’en est-il exactement et comment les entrepreneurs s’adaptent ?
Constat. Le contexte a changé effectivement :
• La banque gère les fonds des épargnants et ceux-ci entendent percevoir un rendement décent dans un environnement si possible maîtrisé. Dans ce contexte sans aucun doute, la banque fait preuve de plus de réalisme et de prudence. C’est donc plutôt la situation d’il y a quelques années, avec le recours au “crédit facile”, qui apparaissait anormale (une analyse récente montre d’ailleurs que les encours de crédits octroyés par les banques françaises jusqu’en 2011 ont été honorables et se situaient à un niveau plus favorable que nos partenaires Européens) ;
• La demande de crédit baisse actuellement. En d’autres termes, les banques prêtent moins… parce que les projets sont moins nombreux ;
• Elles sont plus frileuses, ou plutôt plus exigeantes par rapport aux montages “LBO” (voir encadré) ;
• Elles ont tendance à abandonner certains secteurs en difficultés, accentuant celles-ci ;
• Elles entendent mieux “marger”, ce qui se traduit par une augmentation du coût du crédit et des frais. Néanmoins ce rehaussement reste supportable ;
• Elles ont des difficultés à changer leurs approches traditionnelles, à s’adapter au “cas par cas” et à mettre en oeuvre des solutions innovantes répondant aux besoins des PME (financement du BFR, accompagnement des difficultés conjoncturelles, couverture de découverts récurrents, lenteur d’analyse et de traitements des dossiers …);
• Le niveau technique des intervenants bancaires, en charge de l’étude des dossiers, est inégal. Dès lors que le projet de l’Entrepreneur augmente en complexité (technique, commerciale,financière, …), il peut arriver qu’il soit mal analysé ou… pas analysé du tout.
Conseils aux Entrepreneurs. Fort de ce constat, les Entrepreneurs s’adaptent et quelques reflexes s’imposent, tant sur le plan comportemental que financier.
Du côté comportemental
• Au-delà des enseignes, ce sont toujours des hommes qui gèrent les relations entre la Banque et l’Entrepreneur. Ce dernier doit cerner la personnalité et l’adaptabilité technique de son interlocuteur bancaire et, en cas de difficultés, il ne faut pas hésiter à solliciter un autre intervenant, une voie “hiérarchique” détournée et, au besoin…. une autre banque.
• Le banquier se doit “d’inspirer confiance”… L’Entrepreneur aussi ! Par exemple, si ce dernier est accompagné par d’autres chefs d’entreprises ou des Associations d’aides à la reprise, il sera accueilli avec un oeil plutôt favorable.
Du côté financier
• Dans le cadre de la reprise d’entreprise, et des montages LBO en particulier, les financements sont réellement plus difficiles à obtenir. C’est l’occasion pour le repreneur de s’interroger sur la pertinence du projet, du prix fixé et du montage financier. Il convient de rappeler que les financements sollicités vont servir au paiement de l’entreprise à son ancien propriétaire (et donc totalement improductif) et non à investir dans l’entreprise. Si un “tour de table” solidement constitué ne suffit pas à rassurer plusieurs partenaires bancaires, la seule variable d’ajustement reste la valeur convenue de l’entité, que le repreneur actionnera… à la baisse !
Plus loin, si le vendeur croit réellement à la pérennité de son affaire et estime le prix justifié, un “petit coup de pouce” sous la forme d’un “crédit vendeur” sur plusieurs années est une voie à explorer.
• Le business plan traduit les conséquences financières du projet. Le Banquier averti doit, à sa lecture et en peu de temps, être en mesure :
– d’analyser les risques et les opportunités (commerciaux, managériaux, technologiques, concurrentiels…) ; – de faire le lien entre les performances passées de l’entreprise et celles envisagées (rentabilité) sur une période raisonnable, variable selon le secteur ; – d’analyser la situation financière de la société cible ;
– de comprendre le montage préconisé ;
– de cerner les besoins de financements ;
– d’approcher le degré de risque financier ;
– de mesurer les garanties qui pourront être actionnées. Le rôle de l’expert-comptable est essentiel pour apporter une crédibilité et une visibilité financière. Bref, plus le dossier est travaillé et correctement formalisé en amont (complet, concis, simple, efficace, réaliste et pertinent), plus il est rassurant et se donne toutes les chances d’aboutir.
• Lorsqu’une société est valorisée fortement par rapport aux possibilités contributives d’un successeur pressenti et que le circuit bancaire traditionnel fait défaut, le bouclage du montage comportera plusieurs étages… entre “actionnariat” et “préteurs de fonds”. Ce “tour de table” permettra de réunir les financements. C’est la technique de “l’effet de levier” :
• Au niveau de l’entrepreneur : – épargne personnelle, – prêts familiaux ou amicaux, – prêts auprès d’Association d’aides à la reprise (Réseau entreprendre, initiatives locales,….. Organisations qui, outre “un coup de pouce” financier, sont en mesure d’accompagner en conseils les porteurs de projets). • Participation au capital : – de “business Angels” ou “capitaux risqueurs” (voir encadré) ; – du vendeur.
• Prétendants à participer, ou non, au capital
– Les obligataires (voir encadré) ;
• Crédit vendeur ;
• Et enfin… crédit bancaires traditionnels.