Balade sur un site qui se positionne continuellement
C'est d'une visite complète dont ont bénéficié les membres de Côte d'Opale synergie, précurseurs de l'identité opalienne depuis une décennie . Le Grand Port maritime (GPM) de Dunkerque a ouvert ses portes le 5 décembre dernier. Parcours et projets.
Dans la salle du Pavillon des maquettes qui borde un quai, une cinquantaine de personnes écoutent attentivement un cadre du Port de Dunkerque. L’officier de marine François Lambert, qui a rejoint en début d’année les effectifs du GPM à Dunkerque, a présenté l’ensemble du site portuaire aux visiteurs, pour la plupart venus de Boulogne-sur-Mer. Membre du directoire et directeur des achats, l’homme était au cabinet d’Alain Vidalies, secrétaire d’Etat au Transports et à l’Economie maritime. “Nous sommes dans une logique des connexions des ports de la Côte d’Opale“, a-t-il déclaré devant un public déjà conquis. Dunkerque au centre du premier pôle métropolitain portuaire ? En effet, sa taille en fait un leader dans sa spécialité. “Dunkerque, ce n’est pas seulement un port industriel, celui d’Arcelor. C’est aussi les voyageurs“, a-t-il notamment rappelé. La cité portuaire flamande en voit passer 3,1 millions par an (estimation 2015). GPM suit son plan quinquennal qui doit le pousser vers plus de trafic, plus de diversification et plus de capacité pour étayer son offre auprès des chargeurs. Il en a largement l’étoffe si l’on considère sa surface : 7 000 hectares de foncier alors que la totalité du foncier portuaire d’État au national ne dépasse pas 35 000 hectares… “Notre stratégie est tournée vers la logistique et l’intermodalité. Nous devons renforcer les solutions proposées aux clients“, appuie François Lambert, sans pour autant baisser la garde sur les points forts industriels : “Il y a un mouvement de réindustrialisation à épauler. Le retour des industries à bord à quai par exemple.“
Un trafic passagers en hausse. Industrielle, Dunkerque se veut également environnementale. “Le Port a son service environnement“, rappelle ainsi le cadre. Avec EDF, GPM travaille sur l’espace foncier qui accueille une centrale de l’opérateur national d’énergie. “Nous sommes sur trois axes essentiels de développement : des flux de transports qui se combinent sur le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Ile-de-France, Rhône-Alpes“, ajoute-t-il. Dunkerque est ainsi la première gare maritime de France ; son partenariat avec Europorte (la filiale fret d’Eurotunnel) en fait un interlocuteur de poids de la CCI régionale, concessionnaire des ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer. Si la concurrence est rude dans le Calaisis entre le port et le tunnel, Dunkerque s’en sort très bien : en 2014, 2,5 millions de passagers ont emprunté la ligne Dunkerque-Douvres ; 670 000 camions ont fait de même, avec notamment 700 000 tonnes de produits frais. “Oui, nous avons profité des problèmes de MyFerryLink cette année, mais on n’a pas pour vocation de piquer du trafic à Calais. Nous devons travailler de manière complémentaire avec Calais“, se défend François Lambert. N’empêche, avec 3,1 millions de passagers en 2015 et 870 000 véhicules, Dunkerque monte fortement en puissance. Avec un record historique sur le trafic des céréales (3 millions de tonnes prévues en 2015) et 12% de trafic de vrac liquide (si rémunérateur), GPM va très certainement annoncer de beaux résultats le 6 janvier prochain lors de sa traditionnelle conférence de presse de début d’année. Des mauvaises nouvelles n’en sont pas moins présentes : les produits raffinés ont disparu avec Total ; le pétrole a subit une décote de 35%… Pour ouvrir de nouvelles sources de recettes et élargir son offre, GPM planche depuis une décennie sur le creusement d’un nouveau bassin, celui du Pacifique. À l’ouest, le tirant d’eau est déjà situé entre 18 et 22 mètres et permet à quasiment tous les navires du monde d’accoster à Dunkerque.
Le foncier, arme de longue portée. GPM investit aussi dans ses énormes réserves foncières : deux zones d’activités logistiques sont en cours de fouilles archéologiques ; le quai de Flandres est en voie d’élargissement, tandis que le nouveau terminal transmanche s’achève peu à peu. Cet équipement se situe toutefois dans un contexte migratoire complexe. “La crise migratoire ne touche pas que Calais“, reconnaît d’ailleurs le directeur des achats. D’autres activités sont prometteuses comme les croisières, qui peuvent donner de la visibilité “mais qui rapportent très peu, contrairement à ce qu’on peut croire” modère toutefois François Lambert. La vieille maxime selon laquelle “la bataille des ports se gagne à terre” serait donc vraie !