Avenir de Casino: le tribunal de commerce reporte l'audience d'une semaine à la demande du CSEC
Le tribunal de commerce de Paris a repoussé lundi d'une semaine l'audience examinant le projet de plan de sauvegarde accélérée du groupe Casino en difficulté financière, décision vue comme une petite victoire par les salariés...
Le tribunal de commerce de Paris a repoussé lundi d'une semaine l'audience examinant le projet de plan de sauvegarde accélérée du groupe Casino en difficulté financière, décision vue comme une petite victoire par les salariés et le CSEC qui estiment l'accompagnement social insuffisant.
Des patrons d'enseignes, notamment Magali Daubinet-Salen pour Casino ou Guillaume Seneclauze pour Monoprix, le directeur financier du groupe, David Lubek, le futur directeur général Philippe Palazzi, les représentants des cinq organisations syndicales représentatives des plus de 50.000 salariés du groupe Casino (chiffre à fin 2022)...
Ils étaient nombreux à venir assister lundi sur l'île de la Cité à l'audience d'examen des plans de sauvetage du distributeur d'origine stéphanoise, qui doit être repris à horizon mars/avril par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds britannique Attestor, écrasant plus de 5 milliards d'euros de dette au passage.
Il leur faudra revenir: dès l'ouverture des débats, le tribunal a dû examiner une demande de renvoi de l'audience émanant des avocats du Comité social économique central, avant d'y donner droit en fixant la nouvelle date d'audience au 12 février, à la mi-journée.
La raison ? Alors que Casino a "topé" fin janvier avec ses concurrents Auchan, Intermarché et Carrefour pour leur céder 288 magasins de grande taille, super et hypermarchés, le plan ne comporte pas "un réel volet social", plaident en substance les trois avocats du CSEC.
6.000 emplois à risque
Cela tient au fait qu'au moment où le groupe a négocié les contours du plan de sauvegarde avec ses repreneurs et ses créanciers - l'accord contraignant a été signé en octobre 2023, après un accord de principe en juillet de la même année -, la vente de tout ou partie du parc de magasins de grande taille sous enseigne Casino n'était pas une option sur la table.
Or cette cession de près de 300 magasins, transfert concernant plus de 12.800 salariés, sera lourde de conséquence pour les fonctions supports au sein du groupe, dans l'administratif ou la logistique notamment.
En outre, "il y a 26 magasins qui n'ont absolument pas de repreneurs", avait déclaré lundi matin sur BFM Business Nathalie Devienne, une des deux porte-parole (FO) des salariés. "Cela correspond quand même à 1.200 personnes qui, aujourd'hui, n'ont pas d'emploi. On ne sait pas ce qu'elles vont devenir".
Les syndicats estiment que 6.000 emplois sont à risque.
Les avocats du CSEC ont indiqué à la sortie de l'audience lundi attendre désormais "des discussions entre le groupe Casino et le consortium" de repreneurs, "et d'autre part les instances représentatives du personnel" pour que la direction actuelle et celle à venir "puissent prendre des engagements en matière d'emploi et d'indemnisation des suppressions de postes prévues".
Engagements" complémentaires attendus
L'un de ces avocats, Olivier Debeine, a précisé qu'il n'était pas question de renégocier le plan de sauvetage discuté pendant de longs mois entre direction, repreneurs et créanciers, mais de pallier l'insuffisance en matière sociale "par des engagements de la part du consortium et du groupe Casino".
En outre, le renvoi de l'audience ne perturbe pas la procédure dans la mesure où le tribunal a jusqu'au 25 février, date de fin de la période de sauvegarde accélérée, pour valider le plan de sauvetage du groupe qui comptait encore 50.000 salariés en France fin 2022.
Mais pour l'intersyndicale, c'est une petite victoire. Jean Pastor, porte-parole CGT pour les cinq organisations représentatives du personnel de Casino (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC), a réagi en se réjouissant que "consortium et direction" vont devoir "prendre au sérieux la voix des salariés, se mettre autour d'une table et négocier un véritable plan de sauvegarde de l'emploi".
"Il va falloir que la direction se mette au travail et qu'elle s'engage sur de véritables propositions à la hauteur des salariés qui ont créé la richesse" de l'entreprise, a-t-il déclaré.
Selon un porte-parole du consortium auprès de l'AFP, les repreneurs sont ouverts à la perspective "d'aller au-delà des indemnités légales et d'inclure un plan de départ volontaire dans le processus".
Après validation du plan par le tribunal de commerce, les diverses augmentations de capital doivent ensuite avoir lieu en mars et une assemblée générale des nouveaux actionnaires devra dans la foulée statuer sur la nouvelle composition du conseil d'administration.
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