Avec le département du Nord, un contrat de territoire pour la Métropole
Expérimenté dans le Cambrésis, puis généralisé à tout son territoire, le contrat de territoire permet au département du Nord une politique d’élaboration collective. Le dernier a été signé pour la métropole lilloise.
Sortir de l’époque de la politique du guichet pour entrer dans celle de l’élaboration collective, telle était l’idée de Patrick Kanner, ancien président du conseil général du Nord, lorsque, encore premier vice-président de Bernard Derosier, il initia les contrats de territoire qui consistent à programmer, avec toutes les collectivités partenaires, les grandes actions et grands chantiers.
Cette action programmatique permet d’anticiper plutôt que de répondre au coup par coup et donc de donner à la collectivité plus de lisibilité budgétaire. Cela, bien sûr, ne s’est fait qu’au terme d’un très long processus d’élaboration puisque, par exemple, tous les maires ont été rencontrés. Un important document de référence donne une véritable photographie du territoire, ce qui permet notamment d’éviter les doublons et d’optimiser les interventions après un état des lieux des besoins et une hiérarchisation des interventions à prévoir.
Cela permettra aussi de départager en toute objectivité et d’éviter bien des rivalités, querelles ou luttes d’influences. Didier Maniez, président du conseil général du Nord, et Martine Filleul première vice-présidente, en attendent aussi un effet de levier démultiplicateur de la mise de départ. Un autre effet bénéfique est attendu de la mutualisation qui découle directement des projets de territoires.
Visibilité des investissements. Le monde économique ne pourra pas rester indifférent à cette programmation qui donne aussi une lisibilité aux entreprises sur les grands et petits projets à venir, puisque les contrats, bien sûr, sont des engagements à réaliser. Les élus y voient donc aussi une manière de lutter contre le chômage par l’investissement. Martine Filleul rappelle les trois principes : un diagnostic, un plan d’actions sur des projets concrets et des engagements avec les interlocuteurs.
Le contrat signé pour la métropole lilloise compte 1 065 actions pendant six ans, le délai d’un mandat départemental. La tâche a été un peu compliquée par le redécoupage des intercommunalités et le fait que celle du Pévèle-Carembault soit à cheval sur les arrondissements de Lille et Douai. Un autre élément perturbateur est intervenu avec la loi Mapam et la création de la MEL, Métropole européenne de Lille. Il a fallu travailler sur les prises de compétences de la MEL. Entre-temps, sont passées les élections municipales avec l’arrivée de 38 nouveaux maires. «Le travail a dû évoluer et on a dû s’adapter, moduler, retravailler et, bien sûr se confronter au contexte financier.» Il a fallu aussi mieux cibler encore les priorités avec les partenaires.
Grands et petits projets. Les 1 085 actions de la Métropole comportent des projets phares comme le spectromètre du CNRS, la relocalisation de la Chambre de métiers à Lille-Sud, le doublement des rames de métro de Lille, la construction ou la réhabilitation de 18 collèges. On notera aussi les espaces naturels sensibles avec la Maison de l’oiseau aux Cinq-Tailles. Si les contrats de territoire comportent de grosses maîtrises d’ouvrage du Conseil Général 59, comme les cars à haut niveau de service, ils comptent aussi quantité de nouveaux projets, parfois de taille modeste, correspondant à de nouveaux besoins comme la Table de cocagne, un restaurant d’insertion à la Haute-Borne. La Maison du tourisme, dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes, est un exemple de «la façon d’élaborer ensemble des projets pour mieux répondre aux besoins des gens», conclut Martine Filleul. Sur 1 065 fiches actions, 252 sont notées +++, 373 ++ ; 145 font l’objet d’une maîtrise d’ouvrage du CG 59 ; 234 font partie du soutien à l’investissement, dont 107 sont +++ et 39 ++ (études et travaux).
En dehors du Fonds Départemental pour l’Aménagement du Nord, le projet le plus emblématique est celui des cars à haut niveau de service, qui prévoit de faire rouler les transports collectifs sur la bande d’arrêt d’urgence entre Orchies et Villeneuve-d’Ascq, pour soulager le trafic en incitant au recours aux transports en commun.