Avec Bardella, le RN réalise le meilleur score de son histoire
En recueillant dimanche plus de 31% des suffrages exprimés, la liste menée par Jordan Bardella a offert au Rassemblement national le meilleur score de son histoire, hors...
En recueillant dimanche plus de 31% des suffrages exprimés, la liste menée par Jordan Bardella a offert au Rassemblement national le meilleur score de son histoire, hors second tour, lors d'une élection nationale.
Mieux: il pourrait même battre le record du nombre de voix recueilli par le RN lors d'un scrutin, hors second tour, jusqu'alors détenu par Marine Le Pen et ses 8.133.828 bulletins décomptés le 10 avril 2022.
Le parti à la flamme a par ailleurs réalisé la meilleure performance d'une liste aux élections européennes depuis quarante ans, lorsque Simone Veil était arrivée en tête en rassemblant plus de 43% des électeurs en 1984.
Cela faisait également quarante ans que la liste arrivée en tête n'avait pas dominé avec un si grand écart la deuxième lors des élections européennes, alors que le RN a recueilli dimanche environ 18 points de plus que l'équipe menée par Valérie Hayer, créditée d'environ 15%.
Toujours plus: Jordan Bardella s'est encore offert le luxe de réaliser, toutes élections nationales confondues, le meilleur score au premier tour depuis 1988, lorsque le candidat François Mitterrand avait recueilli 34,10% à l'élection présidentielle.
Ce quadruple record marque une rupture dans l'histoire du parti d'extrême droite, jusqu'alors handicapé par un solide plafond de verre qui semble s'être fissuré dimanche.
Survenu de manière spectaculaire dans le paysage politique français en 1984 en recueillant 10,95% lors, déjà, d'élections européennes, le Front national avait ensuite essaimé jusqu'à convaincre 16,86% d'électeurs de voter pour son fondateur, Jean-Marie Le Pen, lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2002.
Et si Marine Le Pen s'était certes qualifiée à deux reprises pour la finale de l'élection présidentielle, elle était toujours arrivée à la seconde place lors du premier tour.
Ses performances apparaissent désormais même presque modestes par rapport à celle réalisée par son poulain dimanche: PLUS DE DIX POINTS de moins, avec, aux premiers tours, 21,30% en 2017 et 23,15% il y a à peine deux ans.
Lissage de l'électorat
L'exploit de dimanche apparaît ainsi comme l'aboutissement de la stratégie de dédiabolisation, banalisation, voire normalisation du Rassemblement national, qui s'est accélérée avec l'arrivée de 88 députés à l'Assemblée en 2012.
Jordan Bardella, qui préside le parti d'extrême droite depuis novembre 2022, a également bâti sa popularité en investissant les réseaux sociaux prisés par les jeunes électeurs, comptant par exemple plus d'un million d'abonnés sur TikTok.
Lors de la campagne, plusieurs études avaient ainsi mis en évidence un "lissage" de l'électorat RN.
Eternel point noir du parti, les cadres, dont à peine un d'entre eux sur dix votait pour Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2022, se sont ainsi laissés convaincre: ils étaient désormais 20% à assurer qu'ils allaient voter Bardella dans les études d'opinion.
De même, un quart des plus de 70 ans est aujourd'hui converti au lepénisme, environ dix points de plus en deux ans.
La progression est identique pour les retraités des catégories supérieures, jusqu'alors la plus réfractaire à l'extrême droite: ils sont passés de 12% à 21% à vouloir voter RN, selon les études d'intentions de vote des dernières semaines.
"Le Rassemblement national devient un parti attrape-tout, présent dans toutes les catégories et géographies", analysait début mai le patron de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein, en notant des bonds dans des forteresses réputées imprenables, telles les zones urbaines ou la Bretagne.
Le score historique du RN aux élections européennes autant que cette harmonisation de son électorat sont les conditions requises pour lancer une quatrième candidature de Marine Le Pen à l'Elysée en 2027, insistait son entourage.
Pour l'instant, la fille de Jean-Marie Le Pen n'a battu qu'un record: celui du pire score d'un candidat au second tour de l'élection présidentielle, à l'exception de celui de son père.
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