Aumale : Guillemarre, 150 ans au service des clients
La célèbre quincaillerie d’Aumale et de Eu fête cette année ses 150 printemps. Avec les années, elle a vu des entreprises semblables disparaitre. Ses secrets : une transmission de générations en générations tout en douceur et une adaptation aux besoins de la clientèle.
À Aumale, la quincaillerie Guillemarre est une institution. Une institution qui fête ses 150 ans. C’est en effet en 1872 qu’Edmond Guillemarre achète, avec un collègue, la quincaillerie Deneux-Arondelle dans laquelle ils travaillent. Quelques années plus tard, Edmond se retrouve seul aux commandes avant d’être rejoint par son frère Marius. Ce dernier décide de se déplacer en voiture à cheval pour aller à la rencontre des clients de l’époque demeurant dans les villages voisins, des maréchaux ferrants, des bourreliers, des couvreurs… Non seulement, il leur rend visite mais il livre ce dont ils ont besoin.
Livraisons gratuites même pour une pièce
Encore de nos jours, trois salariés sont chargés de livrer gratuitement les commandes mais le périmètre a bien changé. Il est de 70 km autour d’Aumale et de Eu, où se trouve depuis 1994 la second magasin familial pour se rapprocher des entreprises du Vimeu : « Selon les urgences et la disponibilité, nos chauffeurs se rendent chez les clients à J+1, explique Fabien Guillemarre, le président de la SAS, qui représente avec son frère Félix, directeur et comptable, la cinquième génération. Nous disposons de 50 000 références. Tout est au détail. Nous sommes capables de livrer une rondelle, un écrou, un morceau de tuyau de un mètre gratuitement. Ca toujours été cela notre spécificité. Cela est plus économique pour nos clients. »
Les deux quincailleries - plus de 2 000 m2 à Aumale et environ 1 000 m2 à Eu - comptent 35 salariés, dont une vingtaine à Aumale. Elles emploient 6 représentants. 2 nouveaux sont recherchés. 2 apprentis sont espérés pour Aumale. 60 % de l’activité est réalisée avec les industriels : verreries, boulistes de verreries, serrureries, agroalimentaire…
« Nous alimentons principalement les ateliers de maintenance en fournitures pour entretenir les locaux, les chaines de production afin d’éviter les pannes », précise Fabien Guillemarre. Les collectivités (communes, hôpitaux, SDIS…) représentent 30 % du chiffre d’affaires et les particuliers 10 %, des bricoleurs avertis qui recherchent des produits de qualité professionnelle.
« Il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions »
« Ce sont les hommes, les collaborateurs qui travaillent tous les jours au sein de l’entreprise qui font notre longévité, assure t-il. Pour nous, il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions. Nous faisons tout notre possible pour dépanner nos clients, trouver l’introuvable et quand nous ne savons pas faire, nous le disons. Ce qui fait notre force, c’est aussi de leur permettre de n’avoir qu’un seul interlocuteur. Notre métier, c’est d’être réactif et de stocker pour afin que les pièces qu’ils veulent ne manquent pas. Si un artisan a besoin d’un poste à souder ou d’une baguette pour finir son chantier, c’est tout de suite, autrement il va acheter ailleurs… »
Depuis deux ans, la SAS a créé un site web marchand qui a demandé de longs mois de travail. 20 000 produits y sont référencés accompagnés de fiches techniques. 90 % des commandes se font en France : « Nous ne sommes qu’au début. Nous vendons de tout. Des torches à souder partent jusque Nouméa. Nous sommes les seuls à proposer une gamme aussi diversifiée et au détail en France. Nous sommes multigénéralistes. Nous faisons aussi partie d’une coopérative d’achat permettant d’avoir plus de poids », informe Fabien Guillemarre.
Son père Philippe, qui a passé la main il y a dix ans, se rappelle du tournant pris par la profession dans les années 80 : « Il y a eu l’arrivée des magasins de bricolage. Après, un grand nombre de quincailleries ont disparu pour des problèmes de succession. Le souci, c’est qu’un commerce comme le notre demande un apport important du fait du stock. Nous avons su rester toutes ces décennies une famille unie. Cette longévité, ce n’est pas que du travail. C’est de la chance aussi. Il faut aller dans le sens du train. Je suis fier de mes fils », conclut-il