Auchy-les-Hesdin surfe sur l’héritage de Jean-Baptiste Say
Plus de 180 ans après sa mort, Jean-Baptiste Say conserve une aura qui dépasse largement le site de la filature de coton d’Auchy-les-Hesdin, qu’il a créée en 1805 sur les rives de la Ternoise et qui lui a permis de mettre en œuvre ses idées libérales. Dans le milieu des économistes, il demeure le créateur d’un système et suscite toujours un grand intérêt d’étude.
Jean-Baptiste Say n’est pas mort. En témoigne l’organisation d’un colloque international, du 27 au 30 août, à l’initiative de la jeune Société internationale Jean-Baptiste Say (SAYS), fondée en 2012 et présidée par Dimitri Uzunidis (université du Littoral Côte d’Opale). Trois jours durant, à Boulogne-sur-Mer puis à Auchy, des chercheurs du monde entier ont planché sur le thème «La pensée économique des révolutions industrielles : innovation, entrepreneuriat et cycles longs». Ce colloque a été préparé en partenariat avec l’Académie de l’entrepreneuriat et de l’innovation, le RESER et l’Institut Jean-Baptiste Godin de recherche et développement en économie solidaire. Si le siège administratif de SAYS est celui du Réseau de recherche sur l’innovation à l’ULCO Dunkerque, sa résidence administrative domiciliée au Château-Blanc, là où l’économiste vécut avec sa famille.
Jean-Baptiste Say est à la fois l’un des fondateurs de l’économie classique, mais également un industriel, un citoyen politiquement engagé et un entrepreneur qui innovera en introduisant un moteur hydraulique. Sa filature, qui n’a fermé ses portes qu’en 1989, a compté jusqu’à 550 employés. Pourtant, elle a été implantée dans une zone rurale, sans aucune activité de nature manufacturière ou artisanale dans la région à l’époque.
Le cœur battant d’Auchy. Aujourd’hui a pris place sur ce vaste site le nouveau pôle Jean-Baptiste Say : mais ce n’est qu’un aspect parmi tant d’autres de la filature, en pleine requalification. Depuis l’an dernier, par exemple, un jardin d’antan a pris ses quartiers, dont le fruit des récoltes est vendu aux consommateurs du coin. Une partie des bâtiments est également louée à l’entreprise familiale Gembo, qui fabrique des véhicules tout-terrain de compétition (un projet de rallye est d’ailleurs en route). Des ateliers, quant à eux, sont loués à une équipe de techniciens de rivière pour le SYMCEA (Syndicat mixte Canche et affluents), tandis que le maire d’Auchy-les-Hesdin (1 700 habitants) Jean-Claude Darque ambitionne de faire de la filature non seulement un espace de recherche sur l’économie rurale mais aussi un véritable lieu de vie communale, au cœur des 7 Vallées.