Auchan cherche du sens… et retrouve la croissance

Les résultats 2019 d’Auchan auront surtout été impactés en négatif par l’arrêt des branches déficitaires (l’Italie et, dans une moindre mesure, le Vietnam) et en positif par la cession, le 22 octobre, de 51% d’Oney à la BPCE, qui permet désormais à Auchan d’être adossé à un grand groupe bancaire.

Les revenus d’Auchan Retail (produit des activités ordinaires) s’élèvent en 2019 à 45,8 milliards d’euros, soit un recul de 1,4%. Ce chiffre a été tiré vers le bas par la France (-2%) et la Russie, mais compensé par les autres pays. Auchan Retail réalise en effet 62% de son chiffre hors de France qui représente 38%, l’Asie, 29%, l’Europe centrale et de l’Est, 20%, et l’Europe du Sud, 13%. Mais une des plus grosses satisfactions des équipes d’Edgar Bonte, récemment promu président du directoire d’Auchan Holding, est l’augmentation de la marge qui a gagné 1,1 point, passant de 22,5% à 23,6%, un résultat dû «à une meilleure offre et à une maîtrise de la démarque et des promotions». En ce qui concerne la rentabilité, la dynamique semble repartie avec un Ebitda en progression de 1 point, de 3% à 4%. Il faut noter aussi que les investissements sont en repli drastique de 46% et ont été concentrés sur la maintenance des outils, l’IT et la «supply chain».

Un plan à poursuivre en 2022

Outre les cessions en Italie, Auchan a fermé en France 11 magasins en 2019 et en a cédé 10 autres. Aucune fermeture n’est prévue cette année. Pour 2022, 134 projets d’amélioration ont été identifiés dans 11 pays de façon à viser 1,1 milliard d’euros d’économie. Auchan Retail souhaite dans le même temps troquer son rôle de distributeur pour celui de sélectionneur/concepteur de l’offre locale saine unique et responsable. En clair, l’enseigne va multiplier par trois les filières agricoles d’ici à 2022, augmenter grâce à la blockchain la traçabilité des produits, et s’appuyer sur les consommateurs pour améliorer son offre. Les produits mal notés par les consommateurs seront retirés de l’offre. Des producteurs et partenaires seront plus volontiers accueillis au cœur des magasins. Côté vente hors magasin et digital, Auchan vise une augmentation de la part actuelle de 7% à 15% en 2022.

Côté RSE, la démarche est volontariste dans tous les rayons, de façon par exemple à remplacer l’utilisation des plastiques. L’entreprise a signé le 6 mars le pacte européen visant à avoir 100% de plastiques recyclables dès 2022. Les magasins poursuivent aussi la lutte contre le gaspillage alimentaire, avec notamment le partenariat avec «too good to go», et vont même offrir des rayons physiques de test de mise en rayon de ces produits-là.

De bonnes nouvelles en dehors du retail

Pour Ceetrus, la branche immobilière d’Auchan holding, les résultats sont excellents. Ils s’établissent à 612 M€ (+7,9%) avec un Ebitda de 404 M€ (+7,1%). Deux ouvertures de centres ont été faites au Luxembourg (La Cloche d’Or) et en Russie (Pushkino). Les agrandissements concernent Noyelles-Godault avec 65 boutiques et 7 restaurants, et Bordeaux-Lac qui a connu une forte augmentation de fréquentation (+12%). Quant au projet de la gare du Nord, le dossier est en cours et «en bonne voie».

Au global, la holding annonce un résultat net normalisé de 221 millions d’euros avec un endettement stable de 3,87 Md€ avec un échéancier bien étalé, et surtout un soutien des actionnaires qui ont renoncé au versement des dividendes en 2020 et 2021. Le groupe dispose par ailleurs de plus 3 milliards de réserve de financement non tirés.

En conclusion, les bons résultats, s’ils sont bien là, restent basés sur évolution de la marge plus que des ventes. De plus, la France semble toujours faire grise mine. Auchan souhaite apporter des réponses, en particulier traiter moins de volume et plus de qualité, et toujours mieux s’adapter aux demandes des clients…