Au plus bas depuis trois mois, le moral des patrons décroche
Le climat des affaires s’assombrit davantage, plombé par l’incertitude économique et politique. Les entreprises sont de plus en plus pessimistes quant à leurs perspectives d’activité, en particulier dans les services et le commerce.
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Croissance
sans ressort, instabilité politique et absence
de visibilité
sur la
fiscalité
à venir… Les
dirigeants d’entreprises abordent l’année 2025 avec un moral au
plus bas.
L’Insee,
dans
ses données publiées
le 19 décembre 2024,
confirme que le climat des affaires en France
s’est
érodé
de nouveau sur
le dernier mois de
2024. L’indicateur de confiance, calculé à partir des réponses
des dirigeants des principaux secteurs marchands, recule de deux
points pour s’établir à 94. En baisse pour la troisième
fois consécutive, il reflète les
fortes inquiétudes des
patrons face à un contexte perturbé.
Cette
dégradation affecte l’ensemble des secteurs d’activité à
l’exception de l’industrie qui résiste un peu mieux,
mais demeure fragile. Dans ce secteur, si
les
carnets de commandes se remplissent un peu, selon
les dirigeants, les
perspectives de
production se
détériorent.
L’indice synthétique se situe à 98, atteignant son plus bas
niveau depuis juillet 2020. De
septembre à novembre 2024,
la
production industrielle a reculé de 0,9 %, par rapport à
la même période de 2023,
selon
les indicateurs
de
l’Insee diffusés
le 10 janvier,
et
fortement dans l’industrie automobile (‑13,4 %).
Pessimisme
dans le commerce
Dans
le commerce de détail, y compris celui de
l’automobile et de la réparation,
l’incertitude ressentie
pèse aussi. Le climat des affaires
continue de se contracter pour le troisième
mois consécutif. L’indice mesurant le moral des patrons perd
deux points en décembre 2024
pour s’établir
à 96, un niveau inférieur à
sa moyenne habituelle.
Les
entreprises sont de plus en plus pessimistes quant aux
perspectives générales d’activité
et constatent un net
recul de leurs ventes passées. Toutefois,
les intentions de
commandes augmenteraient
légèrement.
Mais la situation
reste globalement tendue en raison
d’une accumulation de stocks et d’une pression sur les prix de
vente. Les patrons ressentent de plus en
plus fortement l’incertitude économique.
Les professionnels du commerce et de la réparation automobile sont
beaucoup plus inquiets
quant à leur activité future. Le
solde d’opinion associé
aux
ventes prévues « atteint
un niveau inobservé depuis août 2022 ».
Baisse
de la demande dans les services
Dans
les services, « le climat des
affaires s’assombrit
de nouveau »,
note l’Insee. À
96, l’indicateur dédié fléchit de deux points par rapport au
mois précédent, au cours
duquel il en
avait
déjà
perdu
trois.
La baisse des commandes anticipées représente le principal facteur
de cette détérioration. Les patrons des services sont un peu plus
inquiets
quant à
l’incertitude
économique
et s’attendent à une activité moins dynamique dans les mois à
venir.
Les
données dévoilées font ressortir des disparités selon
les sous-secteurs.
L’information-communication enregistre un fort recul d’activité,
notamment en raison du
déclin prévu de
la demande. Les entreprises sont particulièrement affectées
avec un niveau de confiance des patrons au
plus bas depuis 2015 (hors crise sanitaire). Le transport routier
affiche de légers signes d’amélioration, mais le contexte général
demeure fragile. Les activités spécialisée, scientifiques et
techniques se redressent sensiblement.
Globalement, la perte de confiance des entrepreneurs se répercute sur les perspectives de l’emploi qui s’effritent également avec un indicateur à 96, en repli de deux points, en deçà de sa moyenne de long terme (100). Les entreprises qui s’attendent à une baisse de leur activité, sont moins enclines à recruter et prévoient même de réduire leurs effectifs, signe d’un retournement de la dynamique des embauches et d’une remontée probable du chômage, anticipée par les conjoncturistes. L’Insee table sur une légère remontée du taux de chômage d’ici la fin juin, à 7,6% de la population active, contre 7,4% fin 2024.