Au Havre, Siemens Gamesa poursuit sa montée en puissance et recrute
Malmenée comme tant d'autres par le prix de l'énergie, l'usine de production d'éoliennes n'en poursuit pas moins sa montée en cadence avec optimisme. Elle lance le recrutement d'une centaine de personnes.
Les "morceaux" d'éoliennes, pales et nacelles, qui s'alignent le long de la route et du bassin le montrent : l'immense usine Siemens Gamesa du Havre est en pleine production. Elle n'est pourtant encore qu'en phase de montée en cadence. « Pour une usine comme celle-là, il faut compter 18 mois pour arriver à l'optimum de production », témoigne Frédéric Petit, président de Siemens-Gamesa France. Ainsi, les équipes sont en train de passer en 3x8h, alors qu'un recrutement d'une centaine de personnes vient d'être lancé. Avec l'objectif d'atteindre une production de 100 éoliennes par an (pales et nacelles). Actuellement 900 personnes, dont 300 intérimaires, sont employées dans cette usine, qui, fait unique, produit à la fois pales et nacelles d’éoliennes.
C'est aussi ici que Siemens Gamesa vient de lancer son innovation majeure : la production de pales entièrement réutilisables. « Elle a été développée au Danemark, et nous sommes la seule usine française à en être pourvue », se félicite Frédéric Petit. Jusqu'alors en effet, les pales, étaient le point noir du recyclage d'une éolienne après son démantèlement. Désormais, la fibre de verre et la résine peuvent être séparées l'une de l'autre, une fois l'éolienne arrivée en fin de vie.
Un marché qui reste prometteur
Cette technologie, jalousement gardée, doit permettre à Siemens Gamesa de créer un avantage concurrentiel, qui n'a rien d'anecdotique par les temps qui courent... En effet, très paradoxalement, le fabricant d'éoliennes souffre lui aussi lourdement de la flambée des coûts de l'énergie. Comme partout, les coûts de production ont gonflé, mais le fabricant, lié par contrat à ses clients, ne peut le répercuter sur ses prix de vente. « On rogne la marge, et même un peu plus que la marge », avoue Frédéric Petit, qui renvoie vers la publication des résultats du groupe germano-hispanique. Sur son exercice 2022 (achevé en septembre), Siemens-Gamesa affiche une perte de 940 M€, équivalente à près de 10 % de son chiffre d'affaires (9,8 Mds€). Et le 1er trimestre de l'exercice 2023 (d'octobre à décembre) n'inverse pas cette tendance.
Heureusement, le groupe peut compter sur les commandes fermes des 3 grands parcs éoliens en mer de Saint-Brieuc, Courseulles et Fécamp, qui pourraient n'être que les premiers pions d'un marché destiné à grandir. En septembre, Emmanuel Macron annonçait ainsi l'objectif d'une cinquantaine de parcs maritimes à l'horizon 2050. Et la France n'est pas la seule mobilisée. « On s'attend à ce que le marché double en Europe dans les prochaines années, rassure Frédéric Petit. Mais on a surtout besoin maintenant d'une vraie planification dans le temps et dans l'espace. »
Les parcs normands sortent de l’eau
En attendant, les pales recyclables séduisent déjà les développeurs, comme par exemple EDF Renouvelables qui équipera certaines des machines du parc en cours de construction au large de Courseulles-sur-Mer (14). « Ce sera le 1er parc équipé de ce type de pales », se félicite Mathieu Stolz, directeur de la construction du par éolien en mer du Calvados. Celui-ci verra d'ailleurs sa sous-station électrique (qui centralise le raccordement de l'ensemble des éoliennes vers le littoral) être installée dans le courant du mois de mars. La fondation est sur le point de quitter le Havre par bateau grue. Par ailleurs, depuis l'usine Siemens Gamesa, des équipements sont déjà partis en direction de Cherbourg, à destination finale du parc éolien maritime de Fécamp. Les premières pièces ont quitté le Havre la semaine dernière.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre