Attentat de Magnanville: sept ans après, le procès d'un complice présumé s'est ouvert à Paris

"Je réitère mes condamnations les plus fermes à l'encontre de Larossi (Abballa) pour cet acte monstrueux...

 © Quentin TYBERGHIEN
© Quentin TYBERGHIEN

"Je réitère mes condamnations les plus fermes à l'encontre de Larossi (Abballa) pour cet acte monstrueux qu'il a commis." 

Dès le premier jour de son procès, Mohamed Lamine Aberouz s'est catégoriquement démarqué de l'assassin d'un couple de policiers en juin 2016 dans leur pavillon de Magnanville (Yvelines), sous les yeux de leur fils alors âgé de trois ans.

"J'exprime ma compassion à la famille des victimes. (Leur) recherche de vérité est logique. J'espère y participer. J'espère être écouté. Je réitère mon innocence", a poursuivi M. Aberouz, jugé par la cour d'assises spéciale de Paris comme complice présumé de Larossi Abballa.

"J’espère que les débats permettront d’éclairer et mettre l’accent sur des responsabilités plus que négligées pendant l’instruction", a-t-il ajouté.

De son box, l'accusé regarde le banc des parties civiles où ont pris place la mère et la sœur de Jessica Schneider, 36 ans, agente administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, égorgée par Larossi Abballa, et les parents de son compagnon Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, tué à l'arme blanche par le même Abballa alors qu'il regagnait son domicile.

Ce double assassinat de fonctionnaires de police, à leur domicile, a profondément choqué l'institution.

De nombreux policiers en civil étaient présents au début de l'audience dans une salle pleine à craquer.

En visite dans le Pas-de-Calais, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a évoqué "ces policiers qui ont été tués par la barbarie islamiste parce que policiers, dans leur domicile, devant leur enfant".

"J’espère que la justice - j’en ai même l’intime conviction - condamnera cette personne de complicité, s’il est prouvé qu’elle était effectivement en lien avec cet assassinat barbare", a-t-il déclaré devant des journalistes.

"Alors que s’ouvre le procès de l’attentat de Magnanville, j’ai une pensée pour les deux policiers Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing lâchement assassinés il y a sept ans lors d’une attaque terroriste", a indiqué de son côté l'ancien chef de l'Etat François Hollande sur son compte X (ex-Twitter).

"J’exprime mon soutien à leurs proches et à leurs collègues qui vivent chaque jour avec le souvenir de ce terrible drame", a-t-il ajouté.

A l'ouverture du procès, la cour, présidée par Christophe Petiteau, a accepté la constitution de partie civile du syndicat de policiers Unité SG Police.

Perpétuité

Mohamed Lamine Aberouz, 30 ans, est poursuivi pour complicité d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique, association de malfaiteurs terroriste criminelle et complicité de séquestration en relation avec une entreprise terroriste.

Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Acquis à la cause du groupe Etat islamique (EI), l'assassin du couple, Larossi Abballa, 25 ans, a été tué lors de l'assaut des policiers du Raid pour libérer l'enfant qu'il retenait en otage.

A-t-il agi seul ? C'est tout l'enjeu du procès. L'accusation est persuadée qu'il bénéficiait d'un complice dans la maison. C'est M. Aberouz qui lui a "désigné" le couple de policiers "comme cible de l'attentat", soutient le parquet général.

Des traces de l'ADN de Mohamed Lamine Aberouz ont été trouvées sur le repose-poignet de l'ordinateur du couple utilisé pour la revendication de l'assassinat.

En dehors de ces traces ADN, aucune autre preuve tangible de sa présence sur les lieux n'a pu être établie, font valoir ses avocats Vincent Brengarth et Nino Arnaud.

Ils entendent plaider l'acquittement. Selon eux, Larossi Abballa était un "loup solitaire" qui n'avait pas besoin de complice.

Même idéologie

"Les dénégations de Mohamed Lamine Aberouz, quant à son adhésion à l'idéologie jihadiste (...) n'apparaissent pas convaincantes ni suffisantes au regard des éléments recueillis par ailleurs", estiment les enquêteurs, rappelant qu'Aberouz et Abballa "étaient portés par la même idéologie favorable au jihad armé".

L'enquête a notamment révélé que Larossi Abballa avait mis en contact Mohamed Lamine Aberouz avec une jeune femme, Sarah Hervouët, actuellement incarcérée, et qui devrait être auditionnée par la cour lundi en fin d'après-midi.

Sous l'influence du recruteur de l'EI Rachid Kassim (soupçonné d'avoir piloté le meurtre du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016 et probablement mort en zone irako-syrienne en février 2017), Sarah Hervouët a été condamnée à vingt ans de réclusion pour avoir poignardé un policier en civil en septembre 2016 après une tentative d'attentat aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame de Paris.

Dans ce dossier, M. Aberouz a été condamné en appel en juin 2021 à cinq ans d'emprisonnement pour non-dénonciation de crime terroriste.

Le procès doit durer jusqu'au 10 octobre.

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