Atos: créanciers et banques s'entendent finalement pour sauver eux-mêmes le groupe
Les créanciers et les banques d'Atos se sont entendus dimanche pour reprendre et sauver eux-mêmes le géant informatique français en difficulté, ce qui pourrait marquer l'épilogue d'une saga à rebondissements à quelques semaines des JO...
Les créanciers et les banques d'Atos se sont entendus dimanche pour reprendre et sauver eux-mêmes le géant informatique français en difficulté, ce qui pourrait marquer l'épilogue d'une saga à rebondissements à quelques semaines des JO, dont le groupe est un pilier technologique.
Cet accord passera par une augmentation de capital de 233 millions d'euros, un apport de nouveaux financements de 1,5 à 1,675 milliard d'euros et une réduction de la dette de 3,1 milliards d'euros, selon un communiqué diffusé quatre jours après que le consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d'Atos initialement choisi pour mener à bien cette reprise, a jeté l'éponge.
Cette annonce, faite par la direction d'Atos, renforce l'espoir d'une sortie de crise pour le groupe employant quelque 100.000 salariés dans 69 pays mais plongé ces derniers mois dans le chaos.
Il espère désormais aller très vite pour lancer les opérations dès début juillet, avant les Jeux olympiques.
"Les opérations de restructuration seront ensuite mises en oeuvre au cours du second semestre 2024 en vue d'une réalisation effective d'ici la fin de l'année 2024 ou au cours du premier trimestre 2025", précise le groupe.
Banques et détenteurs d'obligations deviendront alors ses actionnaires majoritaires: ils détiendront jusqu'à 99,9% du capital.
L'augmentation de capital est toutefois ouverte aux actionnaires actuels, qui ne souhaiteraient pas voir leur participation diluée, et pourraient, s'ils contribuent, s'assurer au maximum 25,9% des parts.
L'accord trouvé doit permettre de sortir le groupe de l'ornière financière, d'obtenir "d'ici 2026" une notation de crédit "BB" et de lui garantir "un montant minimal de liquidités de 1,1 milliard d'euros" jusqu'au 31 décembre 2026.
Réinvestir
Autrefois fleuron français de l'informatique, l'entreprise traîne une dette brute colossale de 4,8 milliards d'euros et luttait pour sa survie. "Atos est sauvé, c'est terminé", a affirmé dimanche une source proche des créanciers à l'AFP. "L'accord a été trouvé entre les banques et les porteurs d'obligations qui ont soutenu Atos depuis le début".
"L'idée principale, c'est que tout soit lancé avant les JO", a-t-elle ajouté. L'accord "laisse une part aux actionnaires actuels. Ceux qui croient en Atos et voudraient réinvestir pourront le faire", a-t-elle souligné.
Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, candidat éconduit à la reprise du groupe, est-il hors-jeu ? Créanciers et banques "ne sont pas fermés à l'arrivée d'un industriel", a souligné cette source.
"Encore faudrait-il qu'il prouve qu'il est un industriel et que ce soit sans (le fonds allemand) Attestor", qui l'accompagnait dans son offre de reprise et dont "on ne veut plus entendre parler".
L'autre investisseur sur les rangs pour reprendre Atos, le patron de Onepoint David Layani, dont l'offre avait été choisie le 11 juin, a jeté l'éponge cette semaine, à la surprise générale.
M. Layani, qui devait en devenir le nouveau dirigeant, a ensuite démissionné vendredi du conseil d'administration d'Atos et annoncé que son groupe souhaitait sortir du capital, dont il détient 11%.
Dimension stratégique
Embourbé dans une crise financière depuis près de trois ans, Atos, dont l'action vaut désormais moins d'un euro en Bourse, avait enclenché en février une procédure de restructuration.
Il doit être un pilier technologique des Jeux de Paris cet été et son avenir revêt également une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense (équipement de l'armée ou supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française notamment).
Dans le volet qui concerne ces activités sensibles, Atos a annoncé cette semaine avoir "finalisé" la négociation avec l'État français "d'une convention visant à protéger les intérêts de souveraineté" de ce dernier. En clair, il s'agit d'éviter que ces activités tombent entre les mains d'acteurs étrangers.
Mi-juin, l'État a fait une offre de 700 millions d'euros pour les acheter.
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