Les PME françaises sont-elles préparées aux chocs ?
«Des mesures de bon sens» : c’est ce que mettent en place les dirigeants de PME pour prévenir les risques dans leur entreprise, explique Estelle Thomas, directrice du pôle Banque, Finance, Assurance, de l’Institut d’études et de conseil CSA. Mais cela ne suffit pas toujours … Telles sont les conclusions de l’étude intitulée «perception, réalité des risques et capacité d’adaptation des PME». Celle-ci, commanditée par l’assureur Generali, et le groupe AFNOR, chargé de l’organisation des normes en France, a été présentée le 11 juin à Paris, lors d’une conférence de presse. C’était à l’occasion du lancement de la nouvelle offre de Generali, «Generali performance globale» (GPG). Celle-ci vise précisément à accompagner les dirigeants de PME à mieux repérer les risques qui menacent leur activité, pour être ensuite en mesure de prendre les mesures de prévention adéquates. L’enquête a été menée par le cabinet CSA auprès de 300 dirigeants d’entreprise de PME, tous secteurs confondus, en janvier et février dernier. Elle dessine quatre profils de PME différentes : les «inexpérimentées passives» (13 % des entreprises), souvent très petites, ne mettent tout simplement pas en place de mesures de prévention des risques, et se contentent de gérer les conséquences de ces derniers, au jour le jour. Toutes les autres mettent en œuvre des dispositifs. Parmi elles, 23 %, qualifiées d’«anticipatrices sereines», ne sont pas confrontées à des difficultés mais l’expérience de leur dirigeant les a conduites à anticiper les risques potentiels. Les autres, qui connaissent des difficultés, se répartissent en deux catégories quantitativement comparables. Les «échaudées réactives» ont mis en place des stratégies adaptées, à la suite de difficultés. Les autres, les «fragilisées, désorganisées», développent des mesures qui ne constituent pas des réponses adéquates à leurs faiblesses et continuent d’en pâtir.
Des stratégies trop intuitives ?
Dans les PME, «les mesures sont prises essentiellement en fonction de l’expérience du dirigeant», analyse Estelle Thomas. Or, l’efficacité n’est pas garantie : en particulier, «ce n’est pas parce qu’un évènement vient de se produire, que la même chose va se reproduire», explique Olivier Peyrat, directeur général du groupe AFNOR, qui prône une «démarche méthodique». Pourtant, globalement, les dirigeants d’entreprise sont conscients que des risques pèsent sur leurs activités, note l’étude. Les principales causes perçues sont de nature opérationnelle, suivies du contexte économique, puis, de problèmes financiers. Mais dans certains cas, il existe un décalage entre la perception des risques encourus et les difficultés déclarées par les entreprises : les risques inhérents aux dysfonctionnements dans les domaines des ressources humaines et de l’organisation sont sous-estimés. En revanche, les causes opérationnelles sont surestimées. Pour l’essentiel, les entreprises qui ont pris des mesures préventives se sont concentrées à 87 % sur la polyvalence des compétences de leurs salariés, la mise en place d’une politique de santé et sécurité au travail, et d’un développement d’une culture et d’une identité d’entreprise. Parmi les interlocuteurs favoris des dirigeants de PME pour prévenir les risques, figurent en tête leur expert-comptable ou centre de gestion agréé (78 % des réponses), suivi des organismes de formation (55 %) et des sociétés de conseil (49 %). Les assureurs arrivent derrière (43 %). «Les dirigeants n’ont pas les moyens d’appréhender tous les risques. Ils ont leur intuition, leur expérience, et des partenaires comme les experts-comptables, qui les éclairent sur une partie des risques, mais ils n’ont pas une compréhension globale», conclut Régis Lemarchand, membre du comité exécutif de Generali, en charge des professionnels et petites entreprises.