Artelia accostera dans le second immeuble Rivéo
Sur les rives de la Deûle, la SEM Ville renouvelée, associée à Batixia et Spie Batignolles mais aussi la Caisse des dépôts et la Caisse d’épargne, réalise un parc tertiaire BBC d’un nouveau style.
Entre Marquette, Saint-André et La Madeleine s’étendent les 47 hectares de la friche industrielle Rhodia ex-Rhône-Poulenc dont le périmètre Seveso a longtemps plané sur les villes voisines. Le site n’en finit pas de se reconvertir à petits pas, la crise retardant les grandes ambitions. Les projets cependant ne manquent pas et certains sortent de terre progressivement, prouvant que cela avance malgré tout.
Ainsi, vient-on solennellement de poser la première pierre du second immeuble Rivéo, le parc tertiaire BBC qui va profondément transformer le site, lui apportant la nécessaire touche économique. Le projet est porté par la SEM Ville renouvelée qui assure le portage foncier et agit en copromoteur avec Spie Batignolles immobilier, Spie Batignolles Nord se chargeant de la construction. L’investissement est assuré par Batixia avec la Caisse des dépôts et la Caisse d’épargne Nord de France Europe via la SCI du Pont de l’Abbaye.
Ce consortium, penché avec confiance sur le devenir de la friche Rhodia, a confié le projet à l’agence d’architecture Paindavoine-Parmentier. C’est vrai qu’a priori, il faut avoir les yeux de la foi pour se lancer dans une opération immobilière dans un secteur, pour l’heure, un peu loin de tout et surtout vide.
Mais nul ici n’a la peur du vide et surtout pas Jean Delebarre, le maire de Marquette, qui croit fermement dans la reconversion de sa ville et surtout dans le projet Rivéo qui doit, à moyen terme, faire ériger sept immeubles tertiaires en râteau face à la Deûle, de façon à ce que la rivière soit perceptible de la rue. Le remplissage total maintenant du premier bâtiment de Rivéo et le choix d’Artélia pour le site vient d’enclencher la construction du second immeuble du programme.
Amorcer la pompe. Tout le problème d’un nouveau parc d’activité est d’attirer les premiers occupants. En général, la suite coule de source. Le phénomène semble donc enclenché à Marquette où Spie Batignolles a prêché pour sa paroisse et joué les pionniers en installant son siège dans le premier immeuble Rivéo. L’effet d’exemple a joué puisque maintenant ce premier immeuble est plein avec la signature récente d’un bail pour le rez-de-chaussée.
Mieux, la décision d’Artélia de miser sur Rivéo a permis aux promoteurs de lancer la construction du second immeuble. En effet, Artélia a décidé de prendre à bail 1 700 m² sur deux niveaux pour regrouper les cent salariés qui se trouvent actuellement sur deux sites, à Villeneuve-d’Ascq et Wambrechies.
Artélia avait le choix entre onze sites possibles d’implantation et a choisi Marquette. La situation du parc tertiaire dans la Métropole et sa desserte par la future Lino ont joué. En effet, la Lino (liaison intercommunale du Nord-Ouest), malgré ses airs d’Arlésienne, devrait finalement être bouclée dans un futur relativement proche. Elle rapprochera Rivéo des gares de Lille. Le pont qui doit permettre de franchir la Deûle pourrait être réalisé en 2015-2016. Autant dire demain, pour un projet de plus de 20 ans !
Ont joué dans la décision également les qualités de ces bâtiments BBC où tout est conçu pour le confort des salariés et dessiné par Steven Parmentier de l’agence d’architecture Paindavoine-Parmentier.
L’arrivée d’Artélia marquera sans doute un nouveau départ pour le programme Rivéo. En effet, Artélia est une référence dans le monde du BTP. Issu de l’union de Coteba et de Sogreah, Artelia est un bureau d’ingénierie, de management de projet et de conseil. Employant près de 3 000 personnes dans un holding, le bureau a quatre filiales spécialisées dans le bâtiment industriel, la ville et les transports, l’eau et l’environnement et les réseaux internationaux, soit neuf activités : le bâtiment, l’eau, l’environnement, l’énergie, le maritime, le transport, l’industrie et le multisite. En s’installant à Marquette, Artélia entend regrouper ses cent salariés de la grande région Nord mais aussi se rapprocher des maîtres d’ouvrage publics et privés pour renforcer encore son ancrage régional. Le temps de construire Rivéo 2, et Artélia compte s’installer à Marquette en octobre prochain.
Et la suite. D’ores et déjà, les permis de construire des bâtiments 3 et 4 sont à l’étude. Tant du côté de la SEM que du côté des investisseurs, on se montre maintenant optimiste, mettant en avant les atouts du site avec une impatience bien manifestée de voir la Communauté urbaine achever enfin l’aménagement des rives de la Deûle. En effet, la nouvelle génération qui arrive dans le tertiaire met en avant la qualité de vie et d’environnement, caractérisée ici par les promenades en bord de canal qui, à terme, doivent conduire d’un côté en Belgique, de l’autre jusqu’à EuraTechnologies. Sont aussi attendus avec impatience les aménagements cyclistes car, parmi les atouts du site, sont avancés les modes de déplacement doux permis par la localisation.
Jean Delebarre, maire de Marquette, souligne que plusieurs projets publics, dont le parking de 350 places réalisé par LMCU mais aussi le gymnase de La Madeleine et bientôt la salle polyvalente de Marquette, sont réalisés ou en cours de réalisation tandis que de l’autre côté du canal les programmes de logements, dont celui attendu avec impatience des Grands-Moulins, vont voir le jour.
Sur le reste de la friche Rodhia, en plus du bouclage de la Lino, doit toujours voir le jour le parc archéologique de l’abbaye.
Cependant, reste surtout à finir Rivéo qui, à terme, sur trois hectares, doit compter cinq immeubles en R+3 de 3 400 m² et deux en R+2 de 1 850 m² tandis que, dans Rivéo 2, restent à commercialiser 1 600 m² en plus des 1 700 qu’a pris Artélia. Ces sept immeubles offriront une surface totale de 21 000 m² pour accueillir 1 400 personnes. Chaque bâtiment dispose d’un parking pour un total de 515 places sur le site auxquelles s’ajoutent les 350 places du parking de LMCU. Dans les immeubles, chaque plateau offre une surface de 850 m², divisibles en quatre cellules permettant l’accueil de petites, moyennes et grandes entreprises.
HQE et BBC. Le nouveau parc tertiaire de la Métropole se veut le nec plus ultra en matière d’environnement avec deux labels recherchés, le HQE et le BBC. Toutes les technologies permettant les économies d’énergie et l’utilisation optimale des dynamiques naturelles ont été mises en œuvre pour que le fonctionnement soit le plus économe possible, tout en offrant le plus grand confort aux occupants. L’isolation extérieure est renforcée tandis que l’orientation a été spécialement étudiée pour atteindre la basse consommation soit 61 kWh/m/an, soit un gain de 7 000 € sur la facture annuelle d’électricité de chaque bâtiment et un gain de sept tonnes de CO2. Ceci pour les deux premiers immeubles, l’objectif étant d’atteindre les 50 hWh ep/m²/an pour les suivants, soit plus de 50% de moins que des immeubles classiques. Avec quatre cibles en très performant et cinq en performant, les immeubles Rivéo sont certifiés HQE.
Pour porter Rivéo 2 sur les fonts baptismaux et tenir la truelle de la première pierre, étaient réunis Jean Delebarre, maire de Marquette, Jean Badaroux, directeur de la Sem Ville renouvelée (en l’absence de Michel-François Delannoy, président), Jean-Marie Brigogne, directeur général de Batixia, Thierry Geffroy, directeur de Spie Batignolles construction, Franck Ailloud, président de Spie Batignolles immobilier, et, bien sûr, la direction d’Artélia.
Tous s’accordèrent pour dire la persévérance nécessaire dans de tels grands projets de reconquête urbaine et l’obligation à relancer sans cesse la commercialisation dans les périodes difficiles que traverse l’économie. Fut aussi souligné l’atout que représente pour la commercialisation la présence de Spie à toutes les étapes jusque – surtout et y compris – dans l’utilisation. Que le constructeur promoteur occupe lui-même donne une force d’exemple à même de convaincre les futurs locataires. Cette présence forte de Spie en utilisateur permet une surveillance particulière du chantier attendu «avec zéro réserve».
L’optimisme est aussi de mise du côté des investisseurs, Batixia, la Caisse des dépôts et la Caisse d’épargne, qui affirment partager les mêmes valeurs pour le développement économique en région et qui se sont fait une spécialité de la «problématique compliquée de la reconquête urbaine».
Le cas de la friche Rhodia est donc exemplaire dans la Métropole : «Il faut que tout le monde pousse dans le même sens dans cette reconquête urbaine par le tertiaire sur un terrain qui n’avait pas cette dynamique.» Batixia se veut «l’investisseur régional pour les territoires en reconquête là où on ne voit pas les autres acteurs». Telle est la volonté de ses actionnaires, la Région, l’IRD mais aussi la Caisse des dépôts et la Caisse d’épargne Nord de France Europe. Avec Rivéo, Batixia totalise 90 000 m² d’immobilier d’entreprise en dix ans.
Reste donc à achever la conquête de ce bord de Deûle encore bien isolé du reste de la ville.