Art contemporain et Entreprise : les frères amis…
Artiste en résidence, mécénat, programme culturel, l’Art et l’Entreprise semblent avoir tout pour faire bon ménage. Si les dispositifs incitatifs financiers existent, l’univers de l’Art et ses protagonistes semblent avoir du mal à créer de véritables liens solides et pérennes avec la sphère entrepreneuriale. Question d’éducation et d’aspiration… pas seulement.
«En vingt-cinq ans d’activité, je n’ai pas noué de véritables liens avec l’univers entrepreneurial. Il faudrait relancer les relations entre l’Art et le monde de l’entreprise.» Hervé Bize de la galerie nancéienne éponyme est clair, l’Entreprise est quasiment un no man’s land pour lui. «Chez nos voisins anglo-saxons, il est beaucoup plus naturel d’aller vers l’Art, c’est une question d’éducation.» De nouveau le spectre de l’éducation (nationale en première ligne) et les autres (parentales notamment) sont jugées incapables d’inculquer une véritable culture artistique dès le plus jeune âge. Trop fermé le Français et par extension le patron de PME-PMI envers l’univers de l’Art et surtout de l’Art contemporain avec ses codes, ses entrées ? Pas si sûr à l’image de l’entreprise France Lanord et Bichaton d’Heillecourt, spécialisée dans la restauration de monuments historiques, qui accueille en résidence l’artiste Cristina Escobar (voir encadré). Un cas à part, un exemple à suivre pour que la démocratisation de l’Art contemporain devienne enfin une réalité pour ses défenseurs. «Nous avons l’impression que l’intérêt pour l’Art se résume à du simple événementiel, du one-shot alors qu’il devrait entrer dans une politique plus globale», constate Charles Villeneuve de Janti, le directeur du Musée des Beaux-Arts de Nancy.
Question d’investissement
L’Art à la portée de tous, partout, toujours et en tous lieux. Un doux souhait surtout pour les galeristes. «Ma galerie est ouverte à tous mais il n’est pas étonnant que certains soient interloqués par le prix de certaines œuvres pourtant à la portée de revenus même modestes», constate Éric Terlinden, de la galerie nancéienne Bora Baden. L’Art a-t-il réellement un prix et surtout les sommes souvent exorbitantes sont-elles réellement fondées ? Autant d’interrogations, plus que légitimes aujourd’hui en ces temps de disette budgétaire. L’univers de l’Art semble encore faire peur à bon nombre se sentant mal à l’aise par l’image que reflètent les composantes de cette sphère. Reste l’éternelle question de la réelle sensibilité à l’Art. Elle ne se programme pas, elle se vit… ou pas. Tout est une question d’investissement personnel, immatériel mais surtout aujourd’hui matériel, notamment, pour les galeristes. À la recherche d’investisseurs, les entreprises font aujourd’hui partie de leurs cibles même les plus modestes. L’Art ne peut vivre d’amour et d’eau fraîche comme toute activité qui se veut aujourd’hui mercantile. Pour subsister, il semble impératif de (re) nouer de réels liens entre ces deux mondes qui se sont souvent trop ignorés.