Arjowiggings attend la reprise
Le site audomarois du papetier Arjowiggings (groupe Sequana), employeur de plus de 300 personnes, est à l'arrêt depuis un mois. Depuis un an, la direction envisage en effet sa fermeture ou sa vente. L'usine est occupée depuis. Pendant ce temps, une offre de reprise, impliquant d'autres sites papetiers en France, s'échafaude..
C’est l’attente sous les tentes installées devant l’entrée de l’usine de papier d’Arjowiggings. Ils sont une petite centaine, avec leurs familles, à se relayer pour garder l’usine et ce qu’elle contient. Le plan social entame sa seconde vague de licenciements : 80 lettres vont partir après les 70 premières de juin. «L’accord syndical sur ce PSE est minoritaire. Seules la CFDT et la CGC l’ont signé», rappelle Jacky Desquirez, secrétaire du comité central d’entreprise et cadre à la CGT. A quelques mètres de là, une autre tente abrite toutefois deux ouvriers cartés CFDT. Tous gardent l’œil sur ce qui contient encore de la valeur sur le site : «un stock de palettes de feuilles, un stock de bobines, un stock de pâte». Il y en a pour 8 millions d’euros. «On garde notre outil de travail. Rien ne sort, rien ne rentre, sauf la maintenance pour les machines», explique Jacky Desquirez. Attaqués en référé par la direction pour entrave, les ouvriers ont gagné en première instance : «le procureur a dit que comme l’usine était à l’arrêt du fait de la direction, il n’y avait pas d’entrave réelle….», ajoute un ouvrier.
Un réseau de repreneurs. La direction a fait appel. N’empêche, la discussion n’est pas rompue et, le 9 juillet dernier, une table ronde a réuni la direction du groupe Sequana, les élus audomarois et une délégation syndicale. Mais pas l’équipe du repreneur potentiel, François Vessière, ancien directeur général d’Arjowiggings, allié pour la circonstance au papetier suisse Activa pro (qui a repris le site d’Alizé avec l’aide des pouvoirs publics en 2013) et au fonds luxembourgeois REM. Si le cas d’Arjowiggings est un dossier industriel majeur du territoire, «ce n’est pas l’heure des annonces. Beaucoup de travail reste à faire», a déclaré François Decoster, président de l’Agglomération. Si annonces il doit y avoir, elles seront inédites : François Vessière entend construire à coup d’achat de sites industriels (notamment celui de Stora Enso à Corbehem) un groupe dédié au papier «made in France». Au capital de Sequana, la banque publique d’investissement (bpi) suit ces manœuvres avec intérêt. Au ministère du Redressement productif, les réunions s’enchaînent, mais la proposition des investisseurs ne recueille pas l’adhésion du groupe Sequana. «C’est vrai que tout le financement n’est pas encore présent», reconnaît un syndicaliste. Quel modèle compte donc développer François Vessière ? Les rares documents qui circulent parlent d’activités diversifiées et de mise en réseau des clients imprimeurs au Benelux, en France et en Allemagne. Une présentation en anglais a été faite ces dernières semaines et évoque une stratégie où le recyclage prend plus de poids.
Un marché européen et iranien. Les repreneurs potentiels parlent d’une production de 140 000 tonnes annuelles pour le site audomarois et comptent aussi sur le marché iranien pour certains produits. Son cadre de développement s’appuie sur des prix de produits finis qui voisinent autour de 1 000 euros la tonne. Contactée, la direction du groupe ne répond plus que via sa célèbre agence de communication Image 7. Une avancée a été enregistrée : le groupe Sequana a retiré sa clause de non-concurrence de l’offre de cession, le site repris pourra donc produire les mêmes produits. Cette décision cadre avec le recentrage que souhaite opérer Sequana : sortir peu à peu de la production et développer la partie distribution logistique de son autre filiale, Antalys, qui travaille déjà pour la plupart des concurrents d’Arjowiggings.