Argentine : Milei nomme un expert en finance à l'Economie mais avertit d'une stagflation à venir

Le président élu argentin Javier Milei a annoncé mercredi avoir choisi pour le portefeuille de l'Economie un ancien ministre des Finances mais a douché les espoirs d'un redressement rapide de son pays plongé dans une...

Luis Caputo lors d'une conférence de presse en 2018 à  Buenos Aires © EITAN ABRAMOVICH
Luis Caputo lors d'une conférence de presse en 2018 à Buenos Aires © EITAN ABRAMOVICH

Le président élu argentin Javier Milei a annoncé mercredi avoir choisi pour le portefeuille de l'Economie un ancien ministre des Finances mais a douché les espoirs d'un redressement rapide de son pays plongé dans une profonde crise, évoquant une stagflation à venir.

Agé de 58 ans, Luis Caputo, un économiste, ex-trader à la Bourse de New York, a aussi brièvement été à la tête de la banque centrale sous la présidence du libéral Mauricio Macri (2015-2019).

Il a accompagné Javier Milei pendant deux jours aux Etats-Unis, où le futur chef d'Etat -qui doit être investi dans douze jours- a rencontré des conseillers du président américain Joe Biden. M. Caputo a également participé à une réunion technique avec le Fonds monétaire international (FMI).

Récemment, Javier Milei a qualifié M. Caputo de "meilleur expert en finance du pays". 

"Quand on regarde la nature des problèmes argentins, quand on voit que sur les 15 points de déficit budgétaire (selon Javier Milei, NDLR), dix proviennent de la banque centrale, il est clair que le premier problème à résoudre est celui des Leliqs", a-t-il dit à la radio La Red. Et, selon lui, Luis Caputo est le mieux indiqué pour cela.

Les Leliqs sont un instrument de dette à court terme émis en pesos par la banque centrale pour soutenir la monnaie nationale. Mais, pour M. Milei, ils sont actuellement à un niveau d'insolvabilité qui menace l'Argentine d'"hyperinflation".

Sous le mandat de Mauricio Macri, le ministre des Finances Caputo avait en particulier été crédité en 2017 de l'opération dite des "obligations centenaires", une émission de bons sur 100 ans qui avaient trouvé preneurs sur les marchés de capitaux, un signal alors considéré comme positif malgré la crise traversée par le pays.

Une nouvelle fois depuis son élection, le 19 novembre, Javier Milei a tempéré les espoirs d'un redressement rapide de l'économie argentine, la troisième d'Amérique latine, engluée dans une inflation de 143% sur un an et un manque chronique de réserves de change.

L'aide aux "vulnérables" continuera

La hausse des prix "va rester élevée" car "elle est déjà jouée par ce qui s'est fait en politique monétaire ces deux dernières années", a-t-il estimé, critiquant l'émission monétaire du gouvernement sortant. 

En sus, sa priorité absolue des coupes budgétaires en vue de "l'équilibre, non négociable", va affecter négativement le PIB, a-t-il concédé.

"Il va y avoir une stagflation car, quand vous effectuez une remise en ordre budgétaire, cela va avoir un impact négatif sur l'activité économique", a-t-il prévenu.

Pour 2023, le FMI dans ses dernières projections prédisait une contraction du PIB de 2,5%.

Une nouvelle fois, M. Milei a évalué à entre 18 et 24 mois le temps nécessaire "pour en finir avec l'inflation", une fois l'ordre revenu dans le budget.

Il a toutefois assuré que l'aide sociale serait maintenue pour amortir l'impact des coupes budgétaires.

"Le seul porte-monnaie qui restera ouvert" sera celui du futur "ministère du Capital humain", pour pallier les éventuels "effets négatifs sur le plan social" de ces mesures et apporter un soutien aux personnes les plus "vulnérables", a-t-il dit.

En revanche, il a laissé entendre qu'il allait s'en prendre aux organisations et aux mouvements sociaux, qui, selon lui, "obligent les gens à manifester".

L'Argentine compte 40% de personnes sous le seuil de pauvreté et 51% reçoivent une forme de subside ou d'aide sociale.

Revenant sur son séjour à Washington, Javier Milei a assuré que celui-ci s'était passé "bien mieux que ce qu'on espérait". Il a notamment assuré que M. Caputo avait reçu un "excellent" accueil au FMI, qui "comprend parfaitement le défi" de l'Argentine. 

Ce pays peine à rembourser une dette de 44 milliards de dollars contractée auprès du Fonds, legs d'un prêt octroyé en 2018 sous la présidence Macri. 

Economiste ultralibéral et "antisystème", aux positions controversées sur le changement climatique et l'avortement en particulier, Javier Milei a remporté une retentissante victoire à la présidentielle face au ministre de l'Economie sortant, le centriste Sergio Massa.

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