Argentine: l'inflation continue de ralentir mais la reprise se fait attendre
L'inflation en Argentine a poursuivi en mai la décélération graduelle entamée il y a cinq mois, à 4,2% sur un mois, la plus basse en deux ans et demi, mais qui reste...
L'inflation en Argentine a poursuivi en mai la décélération graduelle entamée il y a cinq mois, à 4,2% sur un mois, la plus basse en deux ans et demi, mais qui reste écrasante sur un an, à 276,4%.
L'indice des prix en mai, publié jeudi par l'Institut national de la statistique (Indec), repasse pour la première fois sous les 5% depuis novembre 2022 lorsqu'il avait atteint 3,9%.
Une décélération se poursuit donc, dont se congratule le gouvernement du président ultralibéral Javier Milei: après 25,5% en décembre --sous l'effet mécanique d'une forte dévaluation du peso décidée par le même Milei--, 20,6% en janvier, 13,2% en février, 11% en mars et 8,8% en avril.
"Le processus de désinflation en cours s'est approfondi", s'est réjoui le ministre des Finances, Luis Caputo, sur les réseaux sociaux.
En données corrigées, l'inflation de la 3e économie d'Amérique latine atteint tout de même 71,9% sur les cinq premiers mois de 2024, et 276,4% sur douze mois (289,4% en avril).
L'inflation de mai a été principalement tractée par les secteur de la communication (8,2%) et de l'éducation (7,6%).
Mais au-delà de l'indice des prix, consommation et activité dégringolent sous l'effet de la dévaluation de décembre et des coupes budgétaires tous azimuts.
La récession s'installe, avec une contraction de 5,3% de l'économie au premier trimestre par rapport à la même période de l'année dernière, et de 16,2% des ventes de détail des PME depuis janvier.
-Pauvreté en hausse-
"La baisse significative de la consommation explique en grande partie la réduction du taux d'inflation depuis décembre", explique à l'AFP l'économiste Hernan Letcher, directeur du Centre argentin d'économie politique (CEPA).
L'économie argentine devrait se contracter de 2,8% cette année, selon le Fonds monétaire international (FMI), après déjà un recul de 1,6% en 2023.
Mais pour le président Milei une reprise est déjà là ou quasi, avec en avril une hausse des salaires réels du privé de 16%: la récupération du pouvoir d'achat "la plus significative depuis 2009", a claironné la présidence.
Une donnée salariale relative toutefois dans un pays ou l'emploi informel représente plus de 45% de la population active, selon les derniers chiffres officiels de fin 2023, avant même l'impact des mesures d'austérité.
Démentant une reprise, opposition et mouvements sociaux invoquent un pays en souffrance, avec une pauvreté en hausse accélérée depuis fin 2023, à 55,5% de la population au premier trimestre 2024, contre 44,7% un an plus tôt, selon l'Observatoire de la dette sociale de l'Université catholique (ODSA-UCA).
Le dernier chiffre officiel semestriel, sur une base de calcul distincte, faisait pour sa part état de 41,7% de pauvres à fin 2023.
Les chiffres de l'inflation sont publiés quelques heures après l'approbation par le Sénat de la totalité des réformes dérégulatrices voulues par le président Milei qui obtient ainsi pour la première fois depuis six mois au pouvoir un soutien du Parlement.
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