Environnement
Archipel, une nouvelle voie pour l'environnement à Beauvais
La Communauté d’agglomération du Beauvaisis et le Centre ressource du développement durable vont lancer « Archipel, Histoire(s) de s’adapter ». Reposant sur témoignages écrits, sonores et photographiques, il se veut un dispositif innovant, hybride, décalé, combatif et optimiste sur le changement climatique.
Utiliser
les arts et la mise en récits pour embarquer élus, techniciens et
citoyens sur la voie de l’adaptation au changement climatique sous
la houlette des experts du Cerdd (Centre ressource du développement
durable), spécialistes des questions d’adaptation, telle est
l’approche innovante, hybride et décalée du dispositif. Après
une première escale dans la communauté de communes Pays d’Opale
dans le Pas-de-Calais, "Archipel, Histoire(s) de s’adapter"
proposera, dès la rentrée dans le Beauvaisis, un événément
original.
Parler au plus grand nombre
La
Communauté d’agglomération du Beauvaisis a candidaté pour
réussir un pari très concret : contribuer à accélérer les
dynamiques de changement déjà à l’œuvre. « Nous avons
souhaité monté un dossier. Pour nous, Archipel est un moyen
intéressant pour notre territoire de parler au plus grand nombre »,
estime Victor-Debil-Caux, vice-président du Beauvaisis, en charge de
l’environnement. Et la collectivité est déjà engagée dans de
nombreux projets : le projet de territoire et de développement
durable Beauvais 2030, contrat de transition écologique (CTE), plan
climat air énergie territorial (PCAET), lutte contre la pollution de
l’air, lutte contre les nuisances sonores, sites Natura 2000,
agriculture et ruralité..
En
effet, la préoccupation climatique est très présente dans les
grands documents de planification comme le Scot (Schéma de cohérence
territoriale) ou le PLUi-HM (Plan local d’urbanisme intercommunal
valant habitat et mobilités). Sans compter les projets ou
dispositifs comme Action cœur de ville, petite ville de demain, le
groupe de transition des entreprises. En 2020, le territoire s’est
doté pour six ans d’un plan climat-air-territorial dont
l’évaluation à mi-parcours est programmée cette année. Depuis
plus de 20 ans, des actions ont été menées comme : plan de
sobriété énergétique, programme local de prévention des déchets
ménagers, projet alimentaire territorial.
Le
changement climatique, le Beauvaisis le subit lors d’événements
exceptionnels comme le 21 juin 2021. Dans l’après-midi, un orage
violent avait transformé plusieurs rues de Beauvais en rivière. Un
jeune homme de 17 ans était tombé dans le Thérain et était
décédé. « Ce drame est toujours dans les mémoires,
confie l’élu. Beauvais est dans une cuvette. Les gens ont
toujours peur quand il y a de l’orage. À la suite, nous avons
réalisé des travaux de voirie, aménagé des bassins de rétention,
curé des fossés, retravaillé Le Thérain au niveau du plan d’eau
du Canada. »
Un territoire face aux défis climatiques
Le
territoire de 53 communes de tailles très variées et de 103 000
habitants doit faire donc faire face à de grands enjeux autour de
l’eau, notamment dans le domaine agricole, des phénomènes
d’érosion, d’inondations et du risque de retrait-gonflement des
argiles. Par ailleurs, cette édition d’Archipel sera l’occasion
de travailler la question des îlots de chaleur, caractéristiques
des zones plus urbanisées. Le diagnostic bâtimentaire révèle que
la moyenne de l’étiquette énergie en kWhEF/m2.an est de 180
contre 182 pour l’Oise soit en D. Au total, 35% des logements sont
en situation de surconsommation énergétique soit 14 700 logements
sont classés en E, F ou G.
Guillaume
Sergeant, directeur des transitions et de la santé du Beauvaisis et
à la Ville de Beauvais, a présenté le territoire. Il a souligné
une sensibilité face aux événements climatiques, notamment dans le
Pays-de-Bray et localement forte sur trois communes. « Les
habitants sont plus préoccupés par le changement climatique qu’on
le pense », estime, pour sa part, Victor-Debil-Caux.
Ces préoccupations, ils pourront les évoquer avec Les Parlantes,
trio d’artistes composé de Coline Lafontaine, Juliette Meulle et
Chimène Lombard. Elles ont déjà prévu d’installer des boîtes
aux lettres dans toutes les communes. Elles inviteront les habitants
à écrire des lettres depuis le futur en imaginant comment s’est
adapté. « Brocantes, marchés… avec notre machine à
écrire on se mettra au service de la population pour écrire un
poème qu’on leur offrira », précisent Coline
Lafontaine, Juliette Meulle.
Le studio de podcasts A la phonie de Lille, composé de Magalie Nayras, Christian Dupuy et Etienne Cerneau ira aussi à la rencontre d’habitants, de techniciens, de responsables du monde associatif en début d’année prochaine. Ces podcasts seront mis en ligne sur le site du Cerdd. Le photographe Lionel Pralus, reconnu pour ses portraits sensibles, se promènera dans le Beauvaisis. Dès septembre, un programme d’ateliers, de résidences d’artistes, de formations et de moments festifs sera dévoilé. Cette approche se veut donc résolument combative et optimiste en prenant le parti de laisser de côté les discours anxiogènes sur le sujet.