Aquimer aide les entreprises à mieux valoriser la ressource halieutique autorisée
Seul pôle de compétitivité national agro-alimentaire consacré aux produits aquatiques, Aquimer, est au service de toute la filière, du marin pêcheur au créateur de nouveaux produits à base de poisson en passant par l’aquaculteur.
Son rôle est de faciliter l’émergence de projets de recherche et développement dans la valorisation des produits de la mer et de l’aquaculture, de leur montage et de la recherche de financements jusqu’à la mise sur le marché. Aquimer compte aujourd’hui 131 membres (dont 83 entreprises et 13 syndicats professionnels). Au 1er janvier 2016, le pôle a labellisé 117 projets représentant un budget global de 226,7 millions d’euros (dont 82 financés pour 154 millions). En 2015, les projets évalués répondent à des préoccupations diverses mais très concrètes : prévention des parasites de poissons, kit de dosage de l’altération du poisson, élaboration de biscuits salés à base de produits de la mer…
« La structure est née en 1996 de l’OP From Nord que je présidais, rappelle le président Jean-Baptiste Delpierre, ancien armateur. Alors qu’on ne parlait encore que d’augmentations prévisionnelles de tonnage pour les bateaux, on s’est rendu compte que la ressource commençait à diminuer et qu’il n’y aurait pas d’avenir pour la filière sans innovation. On a amené ses acteurs et ceux de la recherche appliquée à se rapprocher. Notre constat s’est avéré juste : les autorisations de captures ont baissé alors que la demande en produits de la mer, et notamment en produits plus élaborés, a progressé. En 2005, l’Etat nous a labellisé. »
Du pont du navire à l’assiette du consommateur. Naturellement, les pêcheurs se sont intéressés aux projets menés en amont de la filière. Le chalutier Arpege, lancé le 3 septembre 2015, doit influencer la construction de leurs futurs navires de pêche, tandis que les programmes EODE ou DiscardLess, face à l’obligation de débarquement d’espèces autrefois rejetées à la mer, les aident à éviter les captures non désirées et, à défaut, d’en faire la meilleure utilisation possible. « Nous travaillons avec des sociétés comme Copalis ou Valofish à mieux valoriser les coproduits, explique le directeur général Thierry Missonnier. Sait-on que le prix d’achat de ce qu’on appelait des « déchets », aujourd’hui recherchés par la cosmétique ou la nutraceutique, a été multiplié par dix depuis 2008 ? Nous aurons vraiment réussi quand 100 % du poisson sera valorisé et qu’il n’y aura plus de coproduits à vil prix. »
Depuis dix ans, Aquimer s’intéresse aussi à la traçabilité des produits aquatiques. TRASEAPILOT, par exemple, est un portail collaboratif d’échanges de données destiné à chaque maillon de la filière de la mise en première vente à la grande distribution, facilitant leur travail pourvu qu’ils soient dotés d’un lecteur de code-barres et d’une imprimante d’étiquettes. De même, ID Thon mettra en 2017 à la disposition des conserveurs de thon des outils, fiables et peu onéreux, pour identifier et quantifier des espèces de thon dans les conserves appertisées. Car, tout ce qui concerne l’aval de la filière est directement bénéfique pour les pêcheurs.
Vers une aquaculture durable de qualité. « Aujourd’hui, plus de la moitié des besoins en poissons est fournie par l’élevage, et la France est en retard, notent par ailleurs Jean-Baptiste Delpierre et Thierry Missonnier qui s’intéressent également à l’aquaculture. Aquimer a ainsi porté la plate-forme d’innovation Nouvelles Vagues, un programme d’investissements d’avenir voulu par l’Etat, qui repose sur deux outils : une station-pilote innovante qui va entrer en service en fin d’année 2016 à Wimereux, et un centre de transfert technologique qui sera construit en face de l’actuel Haliomer en 2017. »
Quelque 90,4 millions d’euros sont mobilisés pour des projets de recherche liés à l’aquaculture. Cela va du contrôle du sexe des alevins et de leur vaccination à la maîtrise des effluents en circuits fermés, en passant par le plancton susceptible de nourrir les larves de poisson. « Avec le programme Vegeaqua, par exemple, nous avons réussi à réduire de 20 à 30% l’alimentation en farines animales de poissons, assurent-ils. Nous travaillons aujourd’hui à l’élevage de nouvelles espèces. Dans un monde internationalisé et concurrentiel, nos filières ne pourront se développer que par l’excellence. »
Benoît LOBEZ
Le rapport d’activités 2015 (Impulsion n°10) vient d’être publié. Il est téléchargeable sur le site www.poleaquimer.com