Après les visières solidaires, la Machinerie remet en mouvement sa production
Le tiers-lieu amiénois a participé au mouvement des "Visières solidaires" pendant le confinement avant de se lancer dans la fabrication de bornes de distribution de gel hydroalcoolique. Si les prestations de services ont repris, la Machinerie n’a pas encore rouvert ses portes au public.
« Nous avons d’abord suspendu toutes nos activités. Une fois la sidération passée, nous avons rejoint le mouvement des visières solidaires qui a été très suivi par les makers », raconte Marie Fauvarque, présidente de la Machinerie. En plus de la production assurée au sein du tiers-lieu à partir d’imprimantes 3D et d’une découpeuse laser, particuliers et collectifs se sont greffés au mouvement. « Fin mars, nous sommes arrivés à 50 visières/ semaine. Aujourd’hui près de 3 000 ont été distribuées au personnel soignant et associés », détaille-t-elle. Si l’opération a pris fin avec le déconfinement, la création en un temps record d’une telle organisation a laissé entrevoir la possibilité d’instaurer un modèle différent. « Nous avons vu un système de production de proximité se mettre en marche très rapidement et de façon efficace pendant la crise, pourquoi ne pas imaginer pouvoir le pérenniser ? », observe-t-elle.
“Aujourd’hui c’est l’ADN de notre modèle qui est attaqué”
Se concentrer sur la production
Dès le 11 mai, la Machinerie a décidé de rouvrir son espace de co-working et de reprendre les projets interrompus par la crise sanitaire. « Nous travaillons actuellement sur des modules “Facile à lire’’ pour la Bibliothèque départementale de la Somme, un aménagement de mobiliers pour le camping d’Amiens, une exposition pour le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine et la fabrication de bornes de gel hydroalcoolique », résume Marie Fauvarque. Associations, entreprises, services publiques, commerçants… Deux-cents bornes ont déjà été vendues par la Machinerie. Un objet utile qui permet aussi à l’organisme de conserver une activité économique. D’ordinaire très active entre mars et juin, l’association se retrouve fortement impactée par le Covid-19. « Nous avons décidé de ne pas accueillir du public pour le moment. Pour nous ce n’est donc pas seulement deux mois de confinement mais six mois de fort ralentissement. Tout ne reprendra vraiment qu’en septembre », souligne-t-elle.
Regarder prudemment l’avenir
Un coup dur qui devrait se traduire par une perte de 80 000 euros de chiffre d’affaires. « Nous avons décidé malgré tout d’annuler deux mois de loyers pour les coworkers. Nous avons fait une demande similaire pour nos locaux puisque cela représente 20% de notre budget. L’enjeu aujourd’hui est de protéger nos neuf salariés et notre modèle »,note Marie Fauvarque. Sans être alarmiste, l’équipe de l’association préfère jouer la prudence et se concentrer sur la remise en mouvement de la production. « Nous préparerons la rentrée cet été, il reste encore beaucoup d’inconnues. Aujourd’hui c’est l’ADN de notre modèle qui est attaqué : la rencontre, la mise en commun d’outils… Notre organisation est résiliente, agile et flexible, mais avec peu de marge de manœuvre », observe-t-elle.