Après le rattrapage de 2021, les TPE à risques
Comme l'ensemble de l'économie française, les TPE ont connu une année 2021 sous le signe du rattrapage, avec une croissance de +8,2%. Mais les plus grandes incertitudes pèsent sur 2022 qui avait portant bien commencé, d'après la FCGA.
Rattrapage en 2021, incertitudes pour 2022. Lors d'une récente conférence de presse à Paris, Yves Marmont, président de la FCGA, Fédération des centres de gestion agréés, a présenté l'activité et les tendances des TPE en 2021. Au global, l'an dernier, les petites entreprises ont suivi la même évolution que le reste de l'économie, marquée par un «rattrapage» par rapport à 2020, constate Yves Marmont. Après la chute de 9% de leur activité l'année précédente, elles affichent une croissance de 8,2% en 2021. Une dynamique qui s'inscrit dans celle nationale, avec un PIB en augmentation de 7% en 2021 qui a effacé le plongeon de 2020 (-7,9%, d'après l'Insee).
Pour les TPE, cela représente deux années «exceptionnelles», commente Yves Marmont. Elles présentent un creux et un pic inédit au XXI e siècle. Même la crise financière de 2008 n'avait pas engendré de tels soubresauts : après +3,2% en 2007, les TPE avaient enregistré une croissance de 0,6% en 2008, et une baisse de leur activité de l'ordre de 2,5% en 2009. Au niveau national, après +2,3% en 2007, le PIB n’a ainsi progressé que de 0,4% en 2008, pour reculer de 2,6% l’année suivante.
Aujourd'hui, pour les TPE «nous avons retrouvé le niveau de 2019», commente Yves Marmont. Pour rappel, depuis 2017, les TPE connaissaient une évolution plutôt plane (-1% en 2017, -0,8 en 2018 et +0,6 en 2019). Fait notable, en 2021, c'est l'ensemble des 12 secteurs d'activité analysés par la FCGA qui ont enregistré un chiffre d'affaires en progression (nette ou au moins relative). Pour la fédération, cela constitue un retour à la normale, «mécanique», lié à la fin des restrictions induites par la crise sanitaire qui avaient entravé tout ou partie de l'activité de nombreuses TPE. Ces dernières ont pu reconstituer leur chiffre d'affaires.
Cependant, «nous constatons des variations en fonction des secteurs», précise Yves Marmont. Les différences observées tiennent, notamment, au niveau de l'impact subi par les secteurs durant la pandémie, lequel conditionne l'ampleur de la reprise. Par exemple, le secteur de l'alimentation n'a pas souffert de la crise du covid. Il ne fait donc pas partie de ceux qui connaissent les croissances les plus spectaculaires en 2021 : après avoir crû de 3,4% en 2020, il a augmenté de 5,1% l'année suivante.
Et le constat est encore plus net au niveau des neuf professions qui composent le secteur : trois d'entre elles enregistrent une baisse nette ou relative. Cas le plus extrême, l'alimentation générale dont l'activité avait connu une très forte croissance en 2020 (+13,3%) . La profession affiche une baisse de 3,8%, en 2021. C'est aussi le cas de la boucherie-charcuterie dont l'activité a diminué de 0,3%, après une hausse de 9,7%. «Dans l'alimentation, le résultat reste supérieur au niveau de 2019. Les professionnels ont réussi à stabiliser au moins une partie des usages qui se sont développés en 2020», analyse Yves Marmont. Quant aux cafés-hôtels-restaurants, ils affichent un taux d'activité négatif en 2021( -1,3%), mais sont portés par une dynamique positive qui réduit très nettement le volume de leurs pertes.
Fort rebond pour les secteurs les plus touchés par la pandémie
A contrario, «les secteurs qui avaient le plus souffert de la crise connaissent l'effet rebond le plus important. En tête, figurent l'équipement de la maison, la beauté esthétique et l'équipement de la personne», annonce Yves Marmont. Ces trois secteurs affichent une croissance exceptionnelle, à deux chiffres. Concernant l'équipement de la maison, le redémarrage avait déjà commencé les derniers mois de 2020, après l'allègement des mesures sanitaires, mais cela n'avait pas suffi à compenser les mois de fermeture. Après avoir clos l'année avec une chute de 6,7%, le secteur a connu une très forte reprise en 2021 (+18,8%). Le secteur de la beauté esthétique lui, a crû de 17,2% en 2021, après avoir chuté de 18,1% en 2020.
Quant à l'équipement de la personne, il enregistre une croissance de 16% en 2021, quasi proportionnelle à la chute de 2020 (-16,3%). D'autres secteurs connaissent une croissance importante, à l'image du bâtiment, porté par les projets d'entretien-rénovation et d'amélioration de la performance énergétique (+8,4%, vs -6,9% en 2020). Les pharmaciens ont connu une croissance de 7,4% en 2021. Dans le même sens, les professions qui réalisent les meilleures performances sont celles dont l'activité avait, pour une raison ou une autre, particulièrement pâti de la pandémie. A l'image des artisans fleuristes, des professionnels de l'ameublement, des horlogers bijoutiers et des coiffeurs.
D'après les récentes données de la FCGA, la tendance des premiers mois de 2022 est également positive : l'activité n'a pas encore été affectée par la guerre en Ukraine. «Le début de l'année connaît une dynamique comparable à celle de 2021, avec toutefois un tassement du commerce de détail alimentaire et une croissance importante de la restauration», commente Yves Marmont. Ainsi, en janvier, par exemple, le chiffre d'affaires global des TPE a augmenté de 10,3%. Les trois secteurs qui avaient connu le plus fort rebond en 2021 ont poursuivi leur trajectoire, avec une croissance de 18,3% pour l'équipement de la maison, 16,4% pour la beauté esthétique et 16,6% pour l'équipement de la personne.
Quant au commerce de détail, il conserve une croissance de 3,1%. Et le secteur bars-hôtellerie-restauration affiche une croissance de 82,6%. Mais l'évolution de ce début d'année risque fort de ne pas se confirmer : les incertitudes les plus lourdes pèsent pour la suite : «l'impact de la guerre en Ukraine risque d'être important», prévient Yves Marmont. Au niveau national, déjà, l'hypothèse de croissance du PIB un temps estimée à 3,6% a déjà été fortement rabotée. Et le contexte fait d'augmentation du coût des matières premières, d'inflation, de raréfaction de certains produits devrait impacter aussi les TPE, à commencer par celles du bâtiment.