Après le Covid, les compagnies aériennes "prudemment optimistes", selon leur chef
Attendant un nombre record de passagers et une meilleure rentabilité mais restant exposées à des facteurs extérieurs, les compagnies aériennes sont "prudemment optimistes" pour 2025 après avoir traversé l'épreuve du Covid-19...
Attendant un nombre record de passagers et une meilleure rentabilité mais restant exposées à des facteurs extérieurs, les compagnies aériennes sont "prudemment optimistes" pour 2025 après avoir traversé l'épreuve du Covid-19, explique à l'AFP leur chef de file.
Willie Walsh, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata) rencontré à son siège de Genève, juge aussi "très décevants" les retards de livraisons des avionneurs et la fiabilité problématique de certains moteurs. Il appelle les gouvernements à réfléchir aux conséquences économiques d'un alourdissement de la taxation du transport aérien, comme ambitionné en France.
QUESTION: Votre organisation vient de révéler ses projections pour 2025, avec un record de 5,2 milliards de passagers aériens attendus et une rentabilité en hausse grâce au repli des cours du pétrole. Pourtant, vous semblez rester prudent ?
REPONSE: Oui, je pense que prudence est le bon mot. Lorsque je parle aux dirigeants de compagnies aériennes, ils sont optimistes, mais prudemment optimistes. Et je pense que c'est la conséquence de ce que nous avons traversé, mais aussi du fait que plusieurs problèmes affectent toujours le secteur.
L'année 2024 a été une bonne année. La rentabilité s'est améliorée. Je pense que ce sera encore le cas en 2025, mais lorsqu'on l'exprime en marge, c'est encore très très faible, 3,6%, pas très impressionnant si on la compare à celle d'autres secteurs. Cela va néanmoins dans le bon sens.
Les cours du pétrole sont toujours volatiles et influencés par des événements externes (...) mais nous pensons que les prix seront plus bas en 2025 qu'en 2024 et 2023.
Q: En revanche, le casse-tête des chaînes d'approvisionnement perturbées et des retards de livraison des avionneurs perdure...
R: Cette situation nous mécontente, voire nous met en colère, parce que cela n'a que trop duré. Les avions ne sont pas livrés à temps, ce qui provoque beaucoup de problèmes pour notre secteur. Nous ne voyons pas de retour à la normale post-pandémie, c'est très décevant, nous espérions que les grands acteurs auraient résolu ces problèmes à l'heure actuelle.
Et ce n'est pas seulement dû à Boeing, qui a eu sa part de problèmes: Airbus n'a pas livré ses avions à temps. Quant aux fabricants de moteurs, ils ont été, je trouve, particulièrement mauvais. Ce n'est pas seulement une question de fiabilité des moteurs, comme les Pratt GTF (équipant entre autres les Airbus A220, NDLR). Il y a environ 700 avions cloués au sol à cause de cela. Mais la robustesse de ces moteurs, de cette nouvelle technologie, n'est pas à la hauteur des espérances et nous voyons des moteurs partir en entretien bien plus tôt qu'attendu.
Ces grands fabricants devraient mieux faire. Ils continuent à bien se porter d'un point de vue économique, mais ils transfèrent une énorme charge sur les compagnies aériennes. Nous voulons qu'ils se ressaisissent, ou nous allons devoir considérer d'autres options. Les compagnies ne peuvent pas continuer à supporter les coûts importants liés à ces perturbations.
Q: L'alourdissement de la taxation du secteur aérien en France a été au moins provisoirement ajourné avec la censure du gouvernement. Quel est votre message aux futures autorités à Paris ?
R: En Europe, nous prenons pour acquis les bénéfices de l'aviation. Le secteur aérien est un contributeur majeur à la croissance économique. Je pense que les gouvernements devraient être prudents. Ils voient souvent ce secteur comme une source de taxation additionnelle sans en comprendre les conséquences négatives.
Je pense que la France est un bon exemple, on s'y est empressé d'introduire de nouvelles taxes. Elles auront un gros impact sur le secteur aérien, mais elles auront aussi d'importantes conséquences pour les consommateurs.
Le personnel politique le néglige souvent, mais la réalité est que ce sont les consommateurs qui paieront la facture, parce que les compagnies ne peuvent pas absorber ces coûts supplémentaires sans les transmettre à leurs clients.
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