Apprendre à gérer une situation de crise en s’amusant

Franck Tognini, responsable du master ISCI de l’université Lille 1, a développé un outil pédagogique pour apprendre à gérer des situations de crise en entreprise. Une soirée type, réunissant une quinzaine de participants, était organisée dans les locaux du Cd2e. Retour sur ce concept très instructif.

Lors de la soirée organisée au Cd2e, les adhérents de l’association ont du plancher sur le cas d’une entreprise victime d’un incendie, alors que son dirigeant était absent.
Lors de la soirée organisée au Cd2e, les adhérents de l’association ont du plancher sur le cas d’une entreprise victime d’un incendie, alors que son dirigeant était absent.
ACT'Presse

Lors de la soirée organisée au Cd2e, les adhérents de l’association ont planché sur le cas d’une entreprise victime d’un incendie alors que son dirigeant était absent.

Les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille, peuvent être confrontées à des problèmes. Souvent, tout démarre de choses anodines, mais les dirigeants pèchent parce qu’ils ont des soucis de gestion de la situation qu’ils subissent. «Par nature, une entreprise est exposée à des crises techniques, financières. Dans 90% des cas, ces crises ont lieu dans les PME, qui sont dirigées par des personnes compétentes mais qui ne savent pas comment réagir face aux différentes situations», présente Franck Tognini, responsable du master ISCI intelligence stratégie et compétitivité internationale à l’université de Lille 1.
S’il existe des modules de formation à la gestion des crises, ces derniers sont trop souvent réservés aux grands groupes, d’où l’idée de Franck Tognini de développer un outil accessible à tous. «Ma méthode a pour objectif ultime de démontrer aux entreprises qu’une crise fonctionne comme un virus, qu’elle mute et qu’elle peut impacter la réputation de l’entreprise. Mais aussi que la gestion de crise est à leur portée.»
En effet, les sociétés ne mesurent pas forcément l’impact du Web 2.0 et des réseaux sociaux. En quelques minutes, un client à l’autre bout du monde va connaître l’existence d’un problème. Par quelques notions de bon sens et de l’endurance, il est possible d’atténuer les conséquences d’une crise qui appartient à la sphère réelle et numérique. 

Ludique et pédagogique. Lors de la «Nuit de la crise», les invités (des dirigeants d’entreprise, d’administration, des cadres mais aussi des créateurs d’entreprise) sont mis en situation. Ils reçoivent un dossier avec des informations sur l’entreprise qu’ils doivent gérer, «ses marchés, ses clients, ses points forts et ses faiblesses, mais aussi sa santé financière», détaille le conférencier.
Parallèlement, un point sur la situation de crise que l’entreprise est en train de vivre est proposé. «Incendie, grève du personnel, cambriolage, perte de gros marchés, on peut imaginer de nombreuses situations.» 
«La soirée se déroule en plusieurs étapes avec, à chaque fois, des rebondissements. Mon objectif est de simuler de nombreuses situations pour voir comment l’équipe dirigeante est capable de s’adapter», souligne Franck Tognini.
Pédagogique, la méthode veut démontrer que la crise, quelle qu’en soit la cause, se gère de manière humaine et qu’il n’y a pas de bonne sortie de crise possible sans une bonne communication. «Nous sommes de plus en plus sollicités par des centres de formation, des réseaux, des fédérations ou des clusters pour organiser ce genre de soirée. Nous nous rendons compte qu’en temps de crise, les entreprises ne sollicitent pas suffisamment les outils dont elles disposent», conclut le spécialiste.
Dans tous les cas, confronté à une situation critique mieux vaut communiquer que d’occulter celle-ci.