Antisémitisme: Macron appelle les cultes à un "effort pédagogique" auprès des jeunes
Emmanuel Macron a appelé lundi les représentants des cultes, reçus à l'Elysée, à un "effort pédagogique" auprès des jeunes, au lendemain des manifestations contre l'antisémitisme et après avoir lancé lui-même...
Emmanuel Macron a appelé lundi les représentants des cultes, reçus à l'Elysée, à un "effort pédagogique" auprès des jeunes, au lendemain des manifestations contre l'antisémitisme et après avoir lancé lui-même un appel à l'unité du pays.
Dans ces marches "tout le monde était rassemblé dans la réaffirmation des valeurs de la République", s'est félicité après la réunion de presque deux heures le Grand rabbin de France Haïm Korsia, qui n'a pas souhaité revenir sur la polémique autour de l'absence du chef de l'Etat.
Emmanuel Macron "nous a encouragés à multiplier les actions éducatives envers les jeunes parce qu’il sent (...) qu'il y a toute une population qu’on n’a pas forcément vue ni entendue" dimanche, a pour sa part affirmé le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Eric de Moulins-Beaufort.
Il s'agit d'"expliquer cet esprit universaliste à tous les jeunes, afin d'éviter une concurrence victimaire et construire finalement les valeurs de la République", a ajouté le président de la Fédération protestante de France Christian Krieger.
Toute la difficulté est de toucher ces jeunes "qui ne lisent plus nécessairement la presse, ne regardent plus la télévision, sont parfois enfermés dans un propre langage", a expliqué le président du Consistoire central israélite, Elie Korchia.
Mais comment concrètement leur parler? "Les imams le font dans les prêches", a affirmé le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz. "On envisage une journée tous ensemble avec les jeunes dans des lieux de culte puis un lycée", a lancé Dimitrios Ploumis, responsable du culte orthodoxe, tandis que Mgr de Moulins-Beaufort évoquait des "réunions en banlieue, dans un quartier où toutes les religions sont présentes".
Autant d'idées lancées à la Grande mosquée, à l'issue d'une visite des responsables chrétiens, qui avaient déjà rencontré dans la matinée Haïm Korsia. "Nous ressentions le besoin de marquer une marque d’écoute et de soutien fort car nous comptons sur la présence des juifs et des musulmans", a expliqué M. Krieger.
Tiraillements
Alors que les responsables musulmans étaient absents des marches de dimanche, M. Hafiz a réexpliqué: "il aurait fallu faire une lutte contre le racisme".
Se défendant de toute "concurrence victimaire", il a souligné la "véritable montée de l'antisémitisme". "Mais il y a aussi eu un déchaînement de déclarations faites contre les musulmans", a-t-il ajouté.
Cette absence lors de la marche a pourtant été invoquée lundi par le rabbin Moché Lewyn pour expliquer sa démission d'une commission de la Grande mosquée chargée de plancher sur l'Islam en France. Il a aussi pointé "le refus de qualification de terroriste du massacre perpétré par le Hamas en Israël".
"Je vais l’appeler", a affirmé Chems-Eddine Hafiz pour qui "ce serait dommage que Moché Lewyn parte comme ça". "Par temps mauvais il faut garder le cap et montrer que nous avons une forme de fraternité", a-t-il ajouté.
La table ronde à l'Elysée, organisée en présence du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, réunissait également le président de l'Union des mosquées de France Mohammed Moussaoui, ainsi que Sadek Beloucif pour le Forum de l'islam de France (Forif) et Antony Boussemart pour les bouddhistes.
Environ 105.000 personnes à Paris et au total 182.000 dans toute la France ont manifesté dimanche face à l'explosion du nombre d'actes hostiles aux juifs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
Dans une lettre publiée samedi par Le Parisien, M. Macron avait déploré "l'insupportable résurgence d'un antisémitisme débridé" et jugé qu'une "France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France".
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