Anne-Marie Verron rêve d’ours
Anne-Marie Verron confectionne des sculptures textiles pas comme les autres : des ours articulés de style contemporain. Membre des Ateliers d’Arts de France, elle a obtenu des prix internationaux réputés et exporte ses créations aux quatre coins de la planète. Ils se nomment Achille, Stanislas, Barnabé ou encore Jules et Clotaire. Quant à ses ours de textile, Anne-Marie Verron note : «J’en ai réalisé plusieurs centaines, alors trouver un prénom ancien pour chacun commence à être difficile !» Parcours singulier que celui de cette heillecourtoise née à Bar-le-Duc. Elle suit des études de physique-chimie mais arrête l’école en première, quittant bientôt la Lorraine pour Paris puis Montpellier. En 2005, en surfant sur le web, elle pousse les portes d’un univers qui la fascine rapidement : celui des ours de collection. Entendons-nous bien. Il ne s’agit ici ni de peluches ni de jouets. Mais de véritables objets déco dont les modèles les plus recherchés coûtent plusieurs centaines d’euros. Très populaires en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis mais peu connus en France. Anne-Marie Verron, à ce moment de son histoire, a trouvé sa voie et s’en convainc définitivement en se rendant sur un salon international. Elle va d’abord collectionner ces ours durant un an avant de se lancer dans la création, pour elle-même. Son premiers ours, elle le conçoit à l’aide d’un kit. Dès le second, elle dessine son propre patron. Puis, profite en 2009 de l’apparition du statut d’auto-entrepreneur pour sceller son nouveau métier. Elle précise : «Je ne travaille pas sur commandes mais sur demandes.» Ainsi est née son entreprise artisanale «L’ours tombé des étoiles». Une dénomination qui sied à merveille à la personnalité de sa conceptrice. Surprenante physionomie que celle de ces ours, à l’air si mélancolique voire triste, qui captent d’emblée les regards.
Un ours à la maison Au fil des années, Anne-Marie Verron a parfait ses techniques, passant de nez brodés à l’utilisation de pâte polymère. Elle fabrique des armatures, sculpte au fil et à l’aiguille des coussinets sur certaines pièces. Les matières utilisées sont l’alpaga ou le mohair. Chacune des pièces, dotée de cinq ou six articulations, est rembourrée de sable et de ouate, pour une meilleure assise. La créatrice peut compter sur sa meilleure alliée dans son aventure : sa fille Charlotte. Celle-ci, titulaire d’un Master 2 de Stratégies de Communication Internationale, gère la promotion, notamment via un site Internet et une page Facebook de «L’ours tombé des étoiles» dont la renommée dépasse à présent les frontières hexagonales. Les ours d’Anne-Marie Verron trouvent preneurs au Brésil, en Alaska, en Russie, en Nouvelle-Calédonie, dans les pays anglo-saxons, en Allemagne… La sculptrice a décroché en 2015 et 2016 le Teddy Bear Of the Year, décerné par un jury de professionnels, réuni à San Diego en Californie. Elle fut en 2014 artiste française de l’année. Anne-Marie Verron ne cache pas un réel attachement à ses ours… Alors, quand l’un d’eux part orner une demeure de France ou d’ailleurs, il y a souvent un pincement au cœur. D’expositions en salons, de concours en démonstrations, dans son atelier, elle allie passion et dextérité, avec cette ambition de monter en gamme. Anne-Marie Verron ne pouvait clore cette évocation de son monde teinté de nostalgie et de rappel à l’enfance sans un conseil déco, fort à propos : «Mes ours peuvent aller dans chaque pièce d’une maison. Pour garantir l’effet et une vraie mise en valeur, un seul suffit !» On pourra la retrouver les 2 et 3 avril au château Mme de Graffigny à Villers-lès-Nancy lors des Journées européennes des Métiers d’art.
laurent.siatka