André Flajolet : «L’impression d’être la cinquième roue du carrosse»
L’Association des maires du Pas-de-Calais organise le jeudi 4 octobre à Artois Expo, à Saint-Laurent-Blangy, sa traditionnelle journée réservée aux premiers magistrats des communes et aux présidents d’intercommunalité. André Flajolet, maire de Saint-Venant et président de l’Association, évoque les enjeux de cette journée de travail, alors que tous les indicateurs, ou presque, comme le mentionne l’élu, sont au rouge. «Climat morose, mais climat d’espérance quand même», tempère André Flajolet qui accueillera, outre le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry, Philippe Laurent, le secrétaire général de l’Association des maires de France, et Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des comptes publics.
La Gazette : Sous quels auspices s’ouvre la Journée des maires et des présidents d’intercommunalité du Pas-de-Calais ?
André Flajolet : Ce congrès a lieu dans un contexte un peu compliqué, un contexte qualifié par les médias de “blues des maires“, et que nous, nous appelons ‘‘déni de dignité’’, parce que nous avons vraiment l’impression d’être la cinquième roue du carrosse, et ce, dans des conditions financières difficiles.
C’est-à-dire ?
Nous avons accepté pour l’essentiel ce qui nous est imposé au titre de la solidarité nationale, mais sur des pratiques relationnelles que nous ne supportons pas. Qui tiennent à la fois de l’Etat, mais aussi de la véritable mutation dans laquelle nous sommes, avec des prises de responsabilité par les intercommunalités, leurs services techniques, ce qui laisse vraiment les maires des communes sur leur faim. Du coup, cela les interroge réellement sur le sens même de leur engagement.
Quels seront les thèmes abordés au cours de cette journée ?
Nous centrerons notre discussion sur ce que j’appelle les deux facteurs majeurs d’exclusion. En général, on dit que l’exclusion, c’est le chômage, mais avant il y a l’exclusion du logement et l’exclusion des circuits de santé. Sur ce deuxième point, nous allons réfléchir et faire un certain nombre de propositions. Mais pas simplement sur les maisons de santé pluridisciplinaires qui, si elles sont vides, ne servent à rien. Pas simplement sur la suppression ou le déverrouillage du numerus clausus, parce que tout simplement, si on le déverrouille maintenant, c’est dans quinze ans qu’on aura des résultats. Par ailleurs, nous allons développer un certain nombre de thèmes autour de la prévention et des contrats locaux de santé, plus précisément de santé mentale puisque, paradoxalement, on voit réapparaître un nombre impressionnant d’accidents de la vie qu’on met sur le compte de la psychiatrie.
Et concernant le logement ?
Aujourd’hui, il faut savoir que le logement social en France est dans une situation économique dramatique. Il y a des ponctions qui ont été faites par l’Etat, ce qui fait que plus de la moitié des organismes HLM sont dans le rouge. Les regroupements forcés vont laisser sur le bord de la route des personnes et des personnels, et risquent de mettre dans l’arrière-boutique toutes les opérations compliquées, non rentables qui pouvaient encore se faire parce qu’on avait des fonds de solidarité. Mais demain nous n’aurons plus de fonds de solidarité. Je suis moi-même administrateur d’un organisme HLM, nous avons perdu 50% de nos réserves en un an. Certains n’ont même plus de fonds propres. Autrement dit, on réduit la voilure des investissements alors qu’on a la même charge de fonctionnement.