Analyse de la reprise d'activité dans les Hauts-de-France
La dernière étude de l’Insee Hauts-de-France dresse un panorama post confinement de l’activité économique régionale. Après avoir reculé de 30% durant le confinement, l’activité régionale se redresse et les signes de reprise sont présents. L’activité économique des Hauts-de-France, inférieure de 12% en moyenne à la normale, n’a pour autant pas retrouvé son niveau d’avant crise et certain secteurs peinent à redémarrer.
Alors que 2020 s’annonçait sous des auspices cléments, dans la continuité de 2019, les indicateurs économiques bien orientés (excepté l’interim où l’emploi a reculé de 40%, comme pour le reste du pays) au 1er trimestre se sont brutalement effondrés en avril. Le taux de chômage, qui était en baisse de 0,3 point sur le trimestre, est reparti à la hausse fin mars, avec une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi (+ 12 000 sur un mois), marquant la fin d’une baisse ininterrompue depuis août 2018 dans les Hauts-de-France. Une hausse portée par les demandeurs d’emploi de catégorie A et B (respectivement + 18 500 et + 17 700) alors que ceux de la catégorie C diminuent (- 24 200). « Ces mouvements témoignent d’une difficulté croissante des personnes en situation de précarité à intégrer durablement le marché du travail », analyse l’Insee Hauts-de-France.
Redémarrage progressif
Dès avril, le niveau de production régional chute de 30%, la construction accuse une baisse de 61%, l’industrie de 32%, les services marchands de 29%. Le commerce non alimentaire, les autres activités de services, l’hébergement-restauration et la fabrication de matériel de transport sont eux aussi fortement impactés. L’ensemble de ces secteurs emploie au total 464 000 salariés (dont plus de 60% dans le commerce et la construction). Fin avril, un quart des salariés de la région était en activité partielle, et 6% en absence pour garde d’enfants. Sans surprise, le nombre de demandeurs d’emploi continuent en ce mois d’avril à augmenter (+ 13 000).
En mai, avec la sortie du confinement, l’activité a redémarré progressivement, avec un recul de 22% comparé à une activité normale (identique au recul national). Dans l’industrie, le niveau d’activité a accusé un recul de 19%, comme dans les services non marchands, dans l’hôtellerie-restauration, le niveau est resté très bas, au tiers de la normale pour un mois de mai. Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité de catégorie A s’est résorbé légèrement (- 4 500 personnes), parallèlement, près de 19 400 demandeurs d’emploi ont pu reprendre une activité partielle. Fin mai, la région a enregistré 587 000 demandeurs d’emploi, soit 30 000 de plus qu’en février.
En juin, de nombreux secteurs ont vu leur activité revenir à un niveau proche de la normale, c’est le cas de l’agriculture (-4%), de l’immobilier (-0,8%) et des services non marchands (-6,6%). Alors que l’activité de l’hébergement et de la restauration est restée inférieure de 20% par rapport à la normale, comme dans la fabrication de matériel de transport (-41,2%), les activités de service auprès des ménages (-44%) et la construction, qui n’a recouvert que 70% de sa production en juin.
Le PIB national aurait diminué au 2e trimestre de 17%, après 5,3% au premier. « À l’instar de l’échelon national, la création de richesse en région connaîtra en 2020 une chute conséquente », estime l’Insee qui évalue cette baisse à environ 9%, comme sur l’ensemble du territoire national.
Dans l’Aisne
L’Aisne était fin avril le département de la région le moins touché par la baisse d’activité, avec une perte de l’ordre de 29,2% du PIB départemental. Fin juin, la baisse s’établit à 11,6% du PIB, soit 17,6 points de plus depuis le début de la crise, regain le plus faible de la région. Cette reprise un peu moins rapide s’explique selon l’Insee par une hausse plus limitée de l’activité dans les services marchands entre fin avril et fin juin (+6,7 points de PIB contre +7,6 points dans la région). « Malgré une baisse d’activité moins marquée depuis le début de la crise, le département de l’Aisne est confronté à un cumul de fragilités sociales qui pourraient rendre la reprise d’activité plus difficile qu’ailleurs », constate l’Insee.
Dans l’Oise
Département le plus touché fin avril, avec une perte d’activité de 32% du PIB départemental, l’Oise a remonté la pente, avec un rebond de 18,9 points et une baisse résorbée à -13,1% par rapport à son niveau d’avant crise. C’est la plus forte progression régionale, expliquée par un regain d’activité dans l’industrie (+3,9 points de PIB contre +2,9 dans les Hauts-de-France) et dans les services marchands (+8,9 points de PIB contre +7,6 points en région). Mais malgré ce rebond, l’Oise ne rattrape pas son retard et demeure fin juin le département le plus touché des Hauts-de-France par la perte d’activité, avec une reprise plus lente dans l’industrie (-1,9% fin juin contre -1,3% en région), et les services marchands (-7,1% contre -6,2% au niveau régional). « Malgré un impact plus fort de la crise, l’Oise possède de nombreux atouts pour rebondir et accompagner la reprise d’activité », assure l’Insee.
Dans la Somme
Avec +18,2 points de gain de PIB entre avril et juin, la Somme enregistre une dynamique de reprise sensiblement supérieure à la moyenne régionale (+17,8 points de PIB régional). Le département est sujet à une baisse d’activité un peu plus marquée que le niveau régional (-12,3%) expliquée par le poids important des activités industrielles (19,4% de la richesse dégagée contre 17% dans les Hauts-de-France) dont la reprise est moins avancées (-2,7% contre -2,2% au niveau régional).