Amorçage : le Fira Nord-Est pour financer les jeunes pousses

Longtemps la région n’a disposé pour le financement en fonds propres des entreprises en phase d’amorçage que des deux outils qu’étaient Inovam SCR, du groupe privé entrepreneurial IRD, et Finorpa SCR, du groupe Finorpa. La création, en février 2013, par la Région Nord-Pas-de-Calais de Nord France amorçage (fonds public de co-investissement doté de 10 M€ portés depuis à 30 M€ et financé à 65% par le FEDER) a complété le dispositif existant. Cela a permis d’augmenter les financements mobilisables dans la région au profit d’entreprises régionales en phase d’amorçage fondées sur la valorisation d’une innovation technique ou marketing pour des investissements compris entre 50 et 500 000 €, en qualité d’investisseur minoritaire en co-investissement avec les autres acteurs du financement (Business Angels, Fonds de capital-risque).

Mais il fallait aller encore plus loin pour satisfaire aux besoins des projets soumis à des durées de maturation dépassant les cinq ans, voire dans certains cas les dix ans, et profiter de l’opportunité de l’appel à projets lancé par le Fonds national d’amorçage (FNA) pour la création de fonds d’amorçage interrégionaux. Premier étage de la fusée, les interventions en amorçage des sociétés Inovam SCR et Finorpa SCR ont été regroupées, fin 2013, en une seule société régionale d’amorçage, Finovam, par apport de leurs principales lignes de participation et de numéraire. Puis, une nouvelle société de gestion, Finovam gestion, a été créée puis agréée par l’AMF pour gérer Finovam et le nouveau fonds interrégional.

C’est la création de ce fonds qui vient d’être officialisée par voie de communiqué en date du 15 octobre 2015. Ce fonds généraliste interrégional Nord-Est, ou Fira Nord-Est, est donc le fruit de l’association de bpifrance et des quatre Régions Champagne-Ardenne, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais et Picardie sur les territoires desquelles il sera actif.

Il a pour vocation d’investir en fonds propres ou quasi-fonds propres dans de jeunes entreprises de ces régions, prioritairement actives dans les secteurs technologies de l’information et de la communication, santé et biotechnologies, agroressources alimentation et chimie verte, matériaux et processus industriels, écomobilité et transports, énergie et écotechnologies. Il a pour finalité de favoriser l’émergence et le développement d’entreprises à fort potentiel de croissance dans ces secteurs de pointe. Pour ce faire, le montant de ses tickets d’investissement commence à 300 000 € et peut atteindre 700 000 €, avec un maximum par entreprise de 2,5 M€ sur plusieurs tours de table.

Pour ses débuts dans la vie, le FCPI Fira Nord-Est s’est vu doter de 30,5 M€, apportés majoritairement par le FNA géré par bpifrance pour 17,45 M€ et les conseils régionaux de Champagne-Ardenne, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais et Picardie pour 10 M€, aux côtés de banques (BNP Paribas, les Crédit agricole Nord de France, Brie-Picardie, de Lorraine, les Caisses d’épargne Nord de France, Picardie et Lorraine Champagne-Ardenne), de trois entreprises (les groupes Adeo, Lesaffre et Tereos) et d’investisseurs privés (l’équipe de gestion). La période de souscription se poursuit et d’autres investisseurs sont recherchés avec l’objectif d’atteindre sous un an les 40 M€. D’une durée de 12 ans, dont cinq ans de période d’investissement, il cible un portefeuille d’une vingtaine de participations.

“Nous nous réjouissons de la création du Fira Nord-Est et du soutien de nos partenaires publics et privés, a précisé François-René Letourneur, président du directoire de Finovam gestion, cité dans le communiqué. Grâce aux moyens importants déployés par les Régions depuis plus de dix ans, nous disposons d’un écosystème d’innovation très dynamique pour créer les métiers et les entreprises du futur dans des secteurs de pointe. Notre objectif est de leur donner les moyens de se développer localement, puis très rapidement en France et à l’international. Le Fira Nord-Est accompagne ces entreprises au stade de l’amorçage. Les entreprises devront, au moment du premier investissement, être au stade pré-revenu ou en phase pilote de commercialisation, leur chiffre d’affaires ne pouvant excéder 250 000 €.“