Initiatives
Amiens : un Pôle territorial de coopération économique pour répondre aux évolutions sociétales
En mars et avril, la Machinerie (Amiens) a accueilli deux événements pour présenter le PTCE d’Amiens Métropole et fédérer toutes les bonnes volontés autour d’un objectif : créer des activités économiques à l’échelle du territoire de façon coopérative.
Le Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) rassemblent des acteurs - institutionnels, associations, entreprises - d’un territoire autour de projets communs liés à l’économie sociale et solidaire. Dix ans après son lancement, le dispositif connaît un nouvel élan. « Tout le monde a été percuté par la crise sanitaire, cela a sans doute accéléré la prise de conscience sur la nécessité de changer nos modes de fonctionnement, mais globalement, les habitudes ont vite repris le dessus », observe Yann Joseau, président de l’association BIG Picardie. L’association, avec la Machinerie, est à l’initiative du PTCE d’Amiens Métropole.
« De plus en plus d’acteurs se demandent cependant comment s’organiser pour faire face aux changements à venir : la question est, qu’est ce que je suis prêt à accepter ? Aujourd’hui apparaît une envie d’intégrer une logique de transition en mode coopératif », poursuit-il. Lancée l’été dernier, le PCTE d’Amiens Métropole rassemble aujourd’hui 34 acteurs comme Agena, Arts & Jardins Hauts-de-France, Aprémis, le groupe Noriap ou encore Malakoff Humanis.
Un projet économique coopératif
« Beaucoup ont été intéressés par notre façon d’appréhender la question d’un développement économique plutôt endogène et en mode coopératif », note Yann Joseau. Il résume les objectifs du PTCE simplement : il s’agit de faire du business ensemble en prenant en compte les besoins de transitions. « Nous voulons engendrer de l’activité économique où tout le monde s’y retrouve. Notre parti pris, c’est de dire, faisons ensemble des choses que l’on ne ferait pas seul », précise-t-il.
En octobre dernier, les initiateurs du PTCE ont rencontré les entreprises locales pour répertorier des projets abandonnés, faute de partenaire. « Nous avons identifié 27 sujets. Nous savons que certains vont disparaître et que d’autres vont arriver. L’objectif est de tester la démarche », explique Yann Joseau.
Reconditionnement de matériel médical
Parmi les initiatives retenues, figure un projet de collecte, de remise en état et de reconditionnement de matériel médical. « Actuellement, la sécurité sociale ne prend en charge que du matériel neuf, mais une loi de 2018, dont nous attendons encore les décrets d’application, doit permettre le remboursement du matériel d’occasion. En prévision de ce changement, nous avons identifié plusieurs acteurs prêts à mettre en place une filière », confie-t-il. Si l’association Recycl’aide, installée dans l’Oise, mène déjà une expérimentation, l’idée serait de créer une organisation similaire dans la Somme.
Le PTCE d’Amiens Métropole souhaite également participer au déploiement de COP’O, un projet incubé au sein d’un PTCE en région parisienne, qui propose une litière faite à partir de cartons recyclés à destination des chevaux. « Les tests sont concluants et ce serait un bon substitut à la paille », pointe Yann Joseau.
Encourager la pérennité programmée
Lors des réunions à la Machinerie, plusieurs témoins sont venus partager leur expérience. Parmi eux, Christian Bruere, membre du PTCE et fondateur de Mob-ion, concepteur de solutions électroniques durables. Depuis le printemps dernier, l’entreprise s’est installée à Guise où elle produit notamment des scooters électriques. « Il a été convenu depuis les années 50 que les biens d’équipements devaient être remplacés régulièrement », lance Christian Bruere pour qui, le recyclage est seulement un "patch" sur l’économie actuelle.
Bien décidé à aller à rebours de ce fonctionnement, Mob-ion mise au contraire sur la pérennité programmée. « Nous avons réalisé une nomenclature qui prend en compte la nature des composants et leur durée de vie » souligne celui qui a imaginé un scooter dont les éléments sont entièrement démontables pour être facilement réparables. « Nous avons fait le pari de commercialiser un produit en faisant payer l’usage de celui-ci, ce qui nous permet d’afficher des prix plus proches de la réalité » se félicite Christian Buere qui souligne que ce mode de fonctionnement peut s’appliquer à tous les secteurs d’activité.