Amiens organise un atelier participatif pour penser la ville de demain

En vigueur depuis 2006 l’actuel Plan local d’urbanisme (PLU) d’Amiens cèdera sa place d’ici fin 2024 à un nouveau document de planification urbaine. Un texte central qui dessinera et encadrera le futur d’Amiens. Pour construire ce PLU, la ville a souhaité impliquer les habitants en organisant une grande concertation. D’abord pour établir un diagnostic de l’existant avant de passer à l’élaboration du Projet d’aménagement et de développement durable (PADD). Cette 2^e phase a donné lieu à un atelier participatif où une cinquantaine d’habitants ont échangé sur l’évolution de la ville à l’horizon 2035. Une seconde rencontre, réservée aux professionnels sera également organisée. Cette consultation a pour objectif d’aider les élus à saisir les aspirations de tous les acteurs du territoire pour améliorer le cadre de vie. Des souhaits qui seront ensuite traduits de façon réglementaire pour encadrer l’aménagement de la ville.

Dessiner la ville de demain

Début mars, l’atelier citoyen a permis d’aborder les questions liées au logement, au patrimoine - bâti et paysager -, mais aussi sur la place de la nature en ville, la mobilité, les commerces ou encore la mixité fonctionnelle. « La mixité fonctionnelle s’inscrit dans la logique de la ville du quart d’heure, c’est à dire la possibilité pour un habitant de travailler, de se nourrir, de bénéficier de services dans un cercle d’un quart d’heure autour de son lieu de vie » précise Kyvan Farzami, Directeur d’études au sein d’Aire publique, cabinet spécialisé dans l’organisation et l’animation du débat territorial. 

« On parle de plus en plus d’isolation de l’habitat, notamment par les murs, mais pour une Amiénoise très étroite, c’est difficile », souffle un habitant en évoquant l’isolation par l’intérieur mais aussi par l’extérieur. « En plus de la question de préservation du patrimoine, il y a aussi un sujet d’empiètement sur l’espace public et sur le voisinage », pointe Vincent Massart, chargé d’études au sein de l’atelier urbanisme architecture et paysage d’Amiens Métropole. « Il faudrait aussi assouplir les règles pour l’installation d’énergies renouvelables, notamment des panneaux photovoltaïques », lance un participant avant qu’une étudiante n’aborde la question de la souveraineté alimentaire. « Il faudrait créer des potagers partagés dans les quartiers pour recréer du lien et favoriser la consommation de fruits et légumes », propose-t-elle.

Si quelques oppositions ont émergé concernant une piétonnisation plus large du centre-ville ou l’accueil ou non de nouveaux habitants, les citoyens présents ont facilement trouvé des consensus sur la création de pistes cyclables sécurisées, la préservation et la création de nouveaux espaces naturels en ville ou encore la diversification de l’habitat pour accentuer la mixité sociale et générationnelle.

Favoriser l’installation de commerces indépendants

Autre sujet de préoccupation des participants : la sauvegarde des commerces de proximité et l’encadrement de l’installation de fast-foods jugés de façon unanime trop nombreux. « Il n’y a plus que ça en centre-ville, mais aussi dans les faubourgs. À une époque où l’on parle de plus en plus des dangers de la malbouffe c’est quand même un comble ! », peste un habitant. Un autre propose même la possibilité pour la ville de préempter des baux commerciaux pour stopper le phénomène. L’installation d’artisans, de maraîchers ou de commerçants indépendants a également recueilli les faveurs du public majoritairement inquiet de l’avenir du centre-ville. « Tout est fait pour aller dans les zones commerciales en dehors de la ville, c’est dommage », conclut une résidente.