Environnement
Amiens Métropole mise sur la méthanisation
Le 20 juin dernier avait lieu le lancement de l'Appel à manifestation d'intérêt (Ami) pour la méthanisation sur le territoire d'Amiens Métropole, en partenariat avec GRDF, France Nature Environnement Hauts-de-France, Cerfrance et la Chambre d’agriculture de la Somme. Les porteurs de projets ont jusqu'à mars 2023 pour monter un dossier d’aide.
Engagée dans une démarche d’autonomie énergétique, Amiens Métropole a fixé parmi ses objectifs le développement de la méthanisation agricole sur son territoire. Un Appel à manifestation d'intérêt pour la création d'unités de méthanisation est donc proposé aux agriculteurs en partenariat avec GRDF, France Nature Environnement Hauts-de-France, Cerfrance et la Chambre d'agriculture de la Somme.
L’objectif de la collectivité est d’accompagner d’ici 2025 la création de quatre unités de méthanisation sur son territoire. « Nous voulons atteindre l’autonomie énergétiquement d’ici 2050 et face au contexte énergétique international, le déploiement de la méthanisation sur le territoire est devenue une nécessité. Nous sommes ouverts aux nouvelles énergies renouvelables dont la méthanisation. Quel que soit le sérieux des projets, il y a souvent quelques problématiques à régler. Tout le monde est toujours favorable quand on interroge les gens, mais suit aussitôt le fameux "pas chez moi". Il faut lever les freins et faire preuve de plus de pédagogie », affirme Alain Gest, président d'Amiens Métropole.
Une technologie mature
Pour Margaux Delétré, la vice-présidente d’Amiens Métropole en charge de l’Intelligence des territoires et de l’innovation, la méthanisation dispose de plusieurs atouts. C’est une énergie renouvelable locale, qui valorise sous forme de gaz vert les déchets dont le territoire est riche.
Le gisement valorisable est estimé à 190 GWh/ an sur Amiens Métropole, équivalent à la consommation d’environ 17 400 logements. C’est une énergie qui contribue à développer une synergie entre tous les acteurs du territoire, agriculteurs, citoyens, entreprises, élus,…C’est aussi un moyen de produire des engrais verts pour réduire la dépendance des exploitations agricoles aux engrais chimiques.
« Il faut casser les idées reçues sur les odeurs, la propreté ou le stockage des intrants. C'est bel et bien une technologie mature qui ne doit pas nous faire peur. Nous avons besoin d'identifier les projets, accompagner les porteurs. La date limite de candidature est fixée à mars 2023 pour une mise en service en 2025. Le lancement d’un Ami à l’échelle d’une communauté d’agglomération est inédit. Nous sommes les premiers en France à le faire à cette échelle et je suis ravie que cela se passe à Amiens. »
Partenaires engagés et interêts partagés
Les partenaires que sont France Nature Environnement Hauts-de-France, Cerfrance, la Chambre d’agriculture de la Somme et GRDF s’engagent à mettre leurs expertise à disposition aux porteurs de projet pour promouvoir le développement de cette filière.
Les quatre projets d’unités de méthanisation représentent 70 Gwh, soit l’équivalent de 30% de l’objectif à atteindre en 2050. Les critères recherchés pour les projets de méthanisation sont notamment un projet porté de façon majoritaire par les exploitants agricoles, des intrants issus en majorité de déchets des exploitations et un taux de cultures énergétiques impactant le moins possible les cultures vivrières, une attention dans la localisation des projets et une concertation menée depuis la conception des projets jusqu’en phase d’exploitation, notamment avec les maires des communes et les habitants.
« C'est la première fois qu'une intercommunalité se saisit de son avenir énergétique et gazier. En France, il y a 426 unités qui injectent dans les réseaux. En Hauts-de-France, il y a 70 unités. La Somme est en retard. Un méthaniseur peut alimenter environ 200 foyers en énergie locale et renouvelable », expose Didier Delobel, responsable biométhane chez GRDF.
Pour Françoise Crété, présidente de la Chambre d'agriculture de la Somme « c'est de l'intérêt collectif que d'avoir cette autonomie énergétique. Il faut en effet aider l'agriculteur qui porte un projet à le voir émerger. La filière devient mature. » Enfin, pour Thierry Dereux, président de France Nature Environnement Hauts-de-France, « il s'agit bien d'une diversification de l'agriculture et non une remise en cause. Le dialogue doit rester au centre de nos intérêts partagés. »