Tiers-lieu
Amiens : La Machinerie souhaite obtenir le label "Manufacture de proximité"
Le tiers-lieu amiénois vient de répondre à la 2e vague d’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé par l’Etat pour obtenir le label "Manufacture de proximité". Une opportunité de développement qui arrive au bon moment pour l’association.
« La crise sanitaire a permis de démontrer notre réactivité et notre capacité à mobiliser un outil de production rapidement », note Sébastien Personne, co-fondateur de la Machinerie, à Amiens, qui cite en exemple la production de visières de protection ou la participation à un projet de respirateur. Une mobilisation sans précédent qui s’est vérifiée partout en France et qui a encouragé l’État à donner plus de moyens à ces acteurs locaux pour se développer et se structurer notamment via l’Appel à manifestation d’intérêt "Manufacture de proximité".
Maillage territorial
« L’AMI est arrivé au bon moment parce que nous manquons aujourd’hui de place. Les près de 1 000 m2 que nous occupons ne sont plus suffisants. Cela bloque notre développement et nous empêche potentiellement de répondre à des marchés, souligne Sébastien Personne qui a porté le dossier de la Machinerie. Nous devrions avoir un retour début mars », ajoute-t-il. L’occasion aussi pour l’équipe du tiers-lieu amiénois de mener une réflexion plus globale sur son futur.
« Nous avons proposé quelque chose de très ambitieux, avec la création d’un consortium avec l’Hermitage, [ndlr, un tiers lieu d’innovation rurale et citoyenne installé à Autrêches] et la Maison d’économie solidaire du Pays de Bray [ndlr, une Société coopérative d’intérêt collectif implantée à La Chapelle-aux-Pots] », détaille-t-il. Une organisation qui offrirait un meilleur maillage du territoire et offrirait la possibilité de faire interagir les manufactures dans un intérêt économique. « À la Machinerie, cela permettrait de créer trois emplois : deux dédiés à la production et un pour développer l’aspect commercial », précise Sébastien Personne.
Un atelier de production
Tout l’enjeu des manufactures est aussi de proposer un atelier de fabrication qui pourrait accompagner les projets des entrepreneurs et artisans locaux. Dans ce but, la Machinerie échange régulièrement avec la Métropole et la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA).
« L’objectif est que les artisans s’emparent de l’outil. Pour cela il faudrait renforcer notre pôle machine. Nous avons ici un savoir-faire autour du bois et du numérique, mais il nous manque tout ce qui touche au travail du métal », pointe le co-fondateur de la Machinerie, avant d’évoquer la possibilité d’une fusion entre l’association et le bureau d’études Etoel qui travaille principalement pour l’industrie.
Une mutualisation qui permettrait aux artisans d’accéder aux process d’ordinaire réservés aux industriels afin de monter en compétences et en puissance. « Nous savons que le dossier de la Machinerie était attendu, mais cela ne veut rien dire. Quel que soit le résultat de l’Appel à manifestation, celui-ci aura au moins permis de jeter les bases de quelque chose de plus vaste, dit encore Sébastien Personne. Nous ne partons pas d’une page blanche et depuis la création de la Machinerie nous avons misé sur une croissance progressive. Le projet que nous portons aujourd’hui a du sens. »
Des lieux d’échanges et de développement économique
Dans le cadre du Plan France Relance, porté par les ministères de la Cohésion des territoires et de l’économie mais aussi épaulé par France Tiers Lieux, le premier AMI "Manufacture de proximité" a été lancé en octobre dernier.
Celui-ci doit permettre d’identifier partout sur le territoire des ateliers de fabrication à destination prioritairement des TPE et artisans locaux. Concrètement, selon les termes de l’Appel à manifestation d’intérêt, la Manufacture de proximité doit être implantée prioritairement dans des territoires fragiles, proposer des espaces de travail mutualisés, permettre aux professionnels et aux habitants de monter en compétences, de susciter des vocations ou encore de nouer des partenariats de coopération avec des acteurs locaux, publics comme privés. L’objectif affiché est de labelliser 100 manufactures d’ici le printemps 2022. La première vague a permis d’identifier 20 tiers-lieux, dont Plateau-Fertile à Roubaix.