Conférence
Amiens : "L'IA est-elle bête ?" vaste question au menu du Club des bâtisseurs
Paul Lhotellier, Jean-Luc Mention, Denis Richard et Joël Péron proposaient une nouvelle conférence du Club des bâtisseurs début avril sur l'Intelligence artificielle. Un sujet hautement maîtrisé par Cyrille Chaidron, archéologue et start-uper de l’IA appliquée au monde constructif, médical et sécuritaire.
La salle de séminaire du BMB Amiens accueillait début avril les nombreux invités du Club des bâtisseurs qui revient en force avec une nouvelle conférence passionnante. Le thème choisi cette fois était celui de l'Intelligence artificielle. « L'Intelligence artificielle est-elle bête ? Entre le savoir du passé et la connaissance du futur, elle se met au service de l’archéologie et des bâtisseurs. Mais au-delà de nous renseigner sur les process de construction de nos aïeux, peut-elle révolutionner les modèles constructifs du futur ou simplement nous redire différemment ce que l’on sait déjà ? », résumait en préambule Thomas Henno, membre du Club des bâtisseurs et Directeur général de Valcity, partenaire de l'événement avec la Caisse d'Epargne Hauts de France.
Pour Cyrille Chaidron, l'IA apporte réellement un changement de paradigme. Les cols blancs vont devoir se réinventer, notamment dans les pays comme les États-Unis et la Chine. Ce sont des milliers de métiers qui vont disparaître. « L'IA va en effet changer la donne. Et toute une nouvelle série de nouveaux métiers vont apparaître. Comme le prompting, qui désigne toute commande écrite envoyée à une Intelligence artificielle spécialisée dans la génération de contenu, comme du texte ou des images. En somme, il s’agit d’une instruction que l’on donne à un algorithme, qui va ensuite l’interpréter et proposer un résultat. L'IA est ainsi devenue un outil à la disposition de tous. C'est une super puissance à la portée de tout le monde », explique-t-il avant de rappeler que le Parlement européen examine en ce moment l'Artificial Intelligence Act, un projet de règlement pour encadrer l'usage et la commercialisation des Intelligences artificielles.
De Chat GPT à Midjourney, l'Intelligence artificielle fait des bonds de géants
Cyrille Chaidron insiste également sur le fait de distinguer l'IA textuelle de l'IA médicale pour ne pas freiner les développements dans le domaine de la médecine, même s'il faut toujours un homme derrière l'IA médicale afin d'éviter toute erreur. « L'Intelligence artificielle dans le domaine militaire se développe de plus en plus rapidement. On va vite observer ce qui va se passer entre la Chine et les États-Unis concernant la domination de l'IA. Ce qui va être intéressant c'est de travailler sur les usages de l'IA. Je suis d'accord qu'il faille mettre des bornes au préalable avant d'envisager quelconque business autour de cette technologie », affirme l'archéologue pour qui la plus grande rupture technologique reste et restera pour longtemps encore le feu pour se chauffer, s'éclairer, apporter de l'énergie, se nourrir... Et non l'IA.
D'ailleurs, comme s'alimente-t-elle ? Par des humains répond Cyrille Chaidron. « Ce sont des petites mains qui intègrent des millions de données. L'IA sans l'humain ne peut fonctionner. Il faut donc être vigilant dès le départ sur la nourriture qu'on lui donne pour éviter les biais algorithmiques. les discriminations, voire les formes d'exclusion. » Dans le domaine de la construction et de la sécurité, l'Intelligence artificielle et la data sont de véritables moteurs qui peuvent apporter aux secteurs des évolutions très concrètes et utiles.
« Mais une IA peut-elle remplacer un architecte ? Rédiger un cahier des charges de PLU ? Des robots carreleurs est-ce possible un jour ? Aux États-Unis un avocat a utilisé Chat GPT pour rédiger son plaidoyer », s'interrogeait-on parmi l'auditoire composé de nombreux représentants des métiers du bâtiment. « Attention, l'IA ne peut être supérieure à celui qui la code, le nourrit. Les métiers manuels ont toujours de beaux jours devant eux. L'IA est pertinente sur l'analyse de la data brute. D'ailleurs, la problématique se situe plus dans la donnée, conclut-il. Ce qui doit nous interroger c'est d'où vient la donnée qui alimente l'IA. C'est le combat de certains experts notamment sur la source. Le vrai challenge est que les données utilisées soient sourcées. »