Journée mondiale des zones humides
Amiens : l’Association syndicale des canaux d’Hortillonnages fait de la pédagogie
Dans le cadre de la journée mondiale des zones humides, plusieurs temps forts sont organisés jusqu’à la mi-février dans la métropole d’Amiens. L’Association syndicale des canaux d’Hortillonnages (Asco), qui s’occupe de 14 kilomètres de canaux sur le site, proposait un temps d’échanges pour mieux connaître leurs actions.
Véritables jardins flottants, les Hortillonnages s’étendent sur 300 hectares. Un site exceptionnel qui a valu à la ville d’Amiens d’être labellisée ville Ramsar en 2015, du nom d’une ville iranienne où a été signée la Convention internationale de protection des zones humides en 1971. Un label, « qui n’apporte pas de subvention financière », mais qui est « un moyen d’amener les villes à avoir un comportement plus respectueux à l’égard des zones humides, c’est une manière de les responsabiliser », indique Laurent Gavory, chef de projet Espaces naturels à Amiens Métropole, chargé d’animer l’après-midi de rencontre sur l'Île aux fagots.
Face à lui, une vingtaine de personnes, en grande majorité des propriétaires de parcelles dans les Hortillonnages. S’ils sont là depuis longtemps, certains semblent perdus face à tous les acteurs. « Nous sommes venus pour comprendre ce qu’est l’association, qui fait quoi, et ce qu’ils comptent faire à l’avenir », lance l’un d’eux.
L’association syndicale des canaux d’Hortillonnages compte trois salariés, chargés de l’entretien de 14 kilomètres de rieux (les canaux), sur les 65 kilomètres au total. Cette association existe depuis 1902, mais a été mise en sommeil entre 2000 et 2018, avant de reprendre ses fonctions. « Aujourd’hui, la gouvernance est décomposée en neuf personnes, explique Laurent Gavory, cinq représentants des collectivités, deux représentants des organismes qui assurent des visites en barque payantes, et deux représentants de propriétaires. »
Elle fonctionne avec un budget annuel de 250 000 euros qui provient des redevances payées par les propriétaires, et les organismes de barques touristiques. « Je paye entre 200 et 250 euros par an de redevance pour mon bateau, le moteur de mon bateau et les berges », précise un propriétaire d’une parcelle de 2 000 m².
6 000 m3 de vase retiré chaque année
L’association a un rôle essentiel pour l’entretien des rieux. « On mesure avec un sonar le taux d’envasement, pour définir les secteurs à cureter, et ainsi maintenir la profondeur des rieux entre 90 centimètres et 1,10 mètre de profondeur. » 6 000 m3 de vase sont retirés chaque année des 14 kilomètres de rieux gérés par l’association. C’est moins qu’il y a une dizaine d’années, car « la qualité de l’eau s’est améliorée ». De la vase qui est ensuite séchée et « déposée en rive, pour les propriétaires qui souhaitent l’étaler, ou pour les maraîchers des Hortillonnages », ajoute le chef de projet. Des propriétaires l’interpellent sur des rieux secondaires envasés, « qui ne sont jamais curetés ».
Pour tenter de pallier cela, l’association pourrait passer d’une zone de 14 kilomètres de rieux à 54 kilomètres, ce qui devrait être décidé lors de l’Assemblée générale de la mi-février. « Nous avons établi plusieurs listes pour fonctionner par ordre de priorité », explique Laurent Gavory. La première avec les rieux principaux, qui nécessitent un curetage et des coupes de végétaux réguliers.
Puis une deuxième, avec des fossés qui ont un rôle hydraulique important et enfin une troisième liste, avec des fossés qui ont un intérêt second du point de vue hydraulique et qui pourrait être curetés au minimum une fois tous les 20 ans. Ces listes ont été établies en s’appuyant sur une étude menée l’année dernière, qui a dressé un état des lieux de l’envasement, la qualité de la vase, l’état de la végétation et la faune. « Cela nous a permis d’établir un plan d’entretien sur cinq à dix ans ».