Initiatives
Amiens dévoile douze mesures pour lutter contre la pauvreté
En avril dernier, la ville a confié à trois personnalités de la société civile une mission "Pouvoir d’achat". Celles-ci ont remis un rapport contenant une cinquantaine de propositions.
« D’après l’Insee, Amiens est l’une des villes en France où les inégalités sont les plus marquées, notamment à cause de la faiblesse des revenus des plus fragiles », pointe, ce 22 janvier, Brigitte Fouré, maire d’Amiens.
La commune compte 32 000 habitants vivant sous le seuil de pauvreté, 36 000 si l’on compte les personnes percevant des revenus 20% supérieurs à ce seuil. Cette précarité massive s’explique, entre autres, par la présence de nombreux étudiants ou jeunes (39% d’entre eux sont en situation de pauvreté) et plus de 21 000 familles monoparentales, soit 25,6% de la population. Un chiffre important comparé au 16% enregistré au niveau national.
« 7 500 Amiénois sont aidés par le CCAS mais nous savons que toutes les personnes en difficulté ne viennent pas à nous »,
regrette l’élue. « La précarité ne cesse de progresser. Pourtant, nous avons moins de demandes. Nous observons un vrai repli des personnes en situation de précarité » confirme Mathilde Roy, vice-présidente du CCAS d’Amiens et adjointe au maire déléguée au pacte pour le bien-être et l’accessibilité. L’inflation, qui a fait bondir les prix au niveau national de +16% entre 2020 et 2022 a encore aggravé la situation.
Une mission pour mieux vivre
Afin d’améliorer concrètement les conditions de vie des plus fragiles, la Ville d’Amiens a donc décidé de lancer une mission "Pouvoir d’achat" en avril dernier. Celle-ci a été confiée à Louise Boyard, fondatrice des Robin.e.s des Bennes, M’hammed El Hiba, directeur du centre social ALCO et François Rongeon, ancien professeur de sciences politiques à l’UPJV.
Tous trois ont d’abord rencontré les acteurs et associations locales avant de recueillir la parole des habitants lors de trois réunions publiques organisées en novembre dernier. « Nous leur avons demandé de partager leurs idées sur quatre thèmes que sont l’alimentation et la santé, l’éducation et l’emploi, le logement ou encore la mobilité et les loisirs », détaille François Rongeon.
Cette initiative a permis d’émettre une cinquantaine de propositions. « Les mesures ont été retranscrites à l’identique, nous n’avons rien censuré », complète Louise Boyard, heureuse d’avoir participé à ce travail qui rejoint l’action de terrain menée par les Robin.e.s des Bennes.
Douze mesures immédiates
« Notre objectif avec les douze mesures présentées aujourd’hui est d’aller vite, de proposer des choses concrètes tout de suite », rappelle Brigitte Fouré. Sur le volet alimentation, la ville a annoncé la mise en place de neuf frigos partagés (en plus de celui installé à l’auberge de jeunesse qui compte plus de 1 000 ouvertures par mois) ou encore l’organisation de glanages chez des producteurs locaux. Ces derniers permettront de proposer des paniers de fruits et légumes au public du CCAS et aux associations, comme la Banque alimentaire, qui manquent de ressources.
Sur l’habillement, dix friperies par an seront organisées, avec un focus particulier sur les vêtements pour enfants. Cinq chalets de la solidarité seront aussi installés partout à Amiens d’ici l’été. Pour le logement, la Ville souhaite pérenniser l’accueil de jour pour les familles avec enfants ouvert en novembre. Un microcrédit sous forme de prêt d’honneur sera également mis en place dès mars pour aider les personnes précaires à équiper un logement par exemple. Pour accompagner ces mesures, quatre postes seront créés au CCAS.