Europe

Amiens au cœur des débats européens sur l'environnement

Barbara Pompili, ministre amiénoise chargée de la Transition écologique a reçu durant trois jours les principaux pilotes nationaux de la politique climatique en Europe dans sa ville. Quarante-six ministres arrivés des 27 pays de l'Union européenne ont participé à des réunions informelles à Mégacité dédiées aux problématiques environnementales et énergétiques. Un événement qui s'inscrit dans le cadre des six mois de présidence française du Conseil de l'Union européenne (PFUE), débutée le 1er janvier dernier.

Ÿnsect, leader mondial de la production d’ingrédients premium à base d’insectes, a accueilli sur son site Ÿnfarm à Poulainville, la ministre de la Transition écologique, ses homologues européens chargés de l’environnement, Virginijus Sinkevičius, commissaire européen et Pascal Canfin, président de la Commission environnement du Parlement.
Ÿnsect, leader mondial de la production d’ingrédients premium à base d’insectes, a accueilli sur son site Ÿnfarm à Poulainville, la ministre de la Transition écologique, ses homologues européens chargés de l’environnement, Virginijus Sinkevičius, commissaire européen et Pascal Canfin, président de la Commission environnement du Parlement.

Du jeudi 20 au samedi 22 janvier, les ministres de l’environnement et de l’énergie de l’Union européenne se sont rassemblés à Amiens pour des réunions informelles. Une invitation lancée par Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. « Les sujets sont importants. La transition agroécologique, la durabilité des produits chimiques, la lutte contre la déforestation, le prix de l’énergie, l’efficacité énergétique et l’avenir de l’hydrogène en Europe. Sur chaque thème, le but de ces réunions informelles est d’avancer les négociations entre tous les membres pour aboutir à des textes communs lors de réunions formelles », exposait d'emblée Barbara Pompili qui vise une souveraineté écologique de l’Europe. 

« Il faut qu’on sorte de notre dépendance à l’énergie fossile. Mais il faut aussi qu’on arrête d’importer de l’autre bout du monde des panneaux photovoltaïques ou des éoliennes. » Tous les ministres se sont retrouvés donc pour des sessions conjointes sur, par exemple, l'harmonisation européenne en matière de produits phytopharmaceutiques, la mise en œuvre de la stratégie européenne pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques, le rôle de la forêt et du bois dans les politiques climatiques, énergétiques et environnementales, sur la transition "juste".

Un programme chargé

Barbara Pompili avait un mot pour chacun des ministres dès leur arrivée : « Nous ferons les choses avec efficacité et nous aurons besoin des Pays-Bas », « Nous comptons sur le Danemark à bord car l'objectif fixé est très haut », « Avec la Pologne aussi, nous devons avancer aussi vite que possible vers le Pacte vert », « Merci à la Slovénie d'être là, vous venez de terminer votre présidence et maintenant nous prenons le relais. » 

Dès le jeudi, le commissaire slovaque Virginijus Sinkevičius représentait la Commission dans la réunion des ministres de l’Environnement. Il a eu également plusieurs réunions bilatérales, dont une avec la ministre néerlandaise, Christianne van der Wal, sur la politique liée à l’azote, et une autre avec la secrétaire d’État française, Bérangère Abba, sur la déforestation. 

Vendredi, la réunion informelle avait lieu dans un format conjoint avec les ministres de l'Environnement et de l'Énergie, en présence du vice-président exécutif de la Commission européenne Frans Timmermans et des deux commissaires Kadri Simson et Virginijus Sinkevičius. 

À noter également une réunion bilatérale avec la ministre suédoise du Climat et de l'environnement, Annika Strandhäll. Samedi, la commissaire Kadri Simson participait à la réunion des ministres de l‘Énergie avec pour points principaux à l’agenda les prix de l’énergie, l’efficacité énergétique et l’hydrogène en Europe.

Barbara Pompili avec Virginijus Sinkevičius qui représentait la Commission dans la réunion des ministres de l’Environnement.

Des avancées notables

Ils devaient notamment échanger autour de la hausse mondiale des prix de l’énergie, qui frappe depuis l’automne dernier et trouver un compromis sur la proposition de directive concernant les énergies renouvelables. 

Si l’ambition européenne est actuellement fixée à 32% d’énergies renouvelables dans la consommation finale européenne d’ici à 2030, la Commission souhaite relever cet objectif à 40%. Alors que les cours de l'électricité sur le marché de gros européen s'alignent mécaniquement sur ceux du gaz, Paris réclame un « découplage » et la réforme d'un mécanisme jugé « obsolète » qui diluerait l'effet des coûts bas du nucléaire. 

« Il vaut mieux réguler », rappelait Barbara Pompili dès le premier jour. Or, de fortes divergences persistent : une dizaine d’États, Allemagne en tête, s'opposent farouchement à toute réforme du marché de l'électricité, expliquant la crise par des « facteurs mondiaux » conjoncturels.

La commissaire Kadri Simson qui participait à la réunion des ministres de l‘Énergie avec à l’agenda les prix de l’énergie, l’efficacité énergétique et l’hydrogène en Europe.

Lutter contre la déforestation importée

Des sessions de travail ont permis d'établir un échange sur la déforestation et le rôle de la forêt et du bois dans les politiques climatiques. Objectif : mettre en place des mesures permettant de garantir aux citoyens européens que les produits qu'ils consomment n'ont pas contribué à la destruction des forêts. 

La consommation européenne est à l'origine de 16% de la déforestation importée du monde, faisant de l'UE le deuxième destructeur de forêts tropicales, derrière la Chine, et devant l'Inde et les États-Unis. 

La Commission européenne avait déjà dévoilé mi-novembre un projet de réglementation bannissant notamment l'importation de soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao et café, si leur production est issue de terres déboisées après décembre 2020. 

Le texte doit désormais faire l'objet de pourparlers entre les États membres. L'occasion de connaître ainsi les premiers retours. « Il y a eu un accueil très positif globalement, avec des nuances selon les États, mais avec suffisamment de matériel pour pouvoir espérer, si nous travaillons bien, une position du Conseil avant la fin de la présidence français de l'UE », soulignait Barbara Pompili. La réunion informelle d’Amiens fut donc l’occasion de préparer le terrain pour un futur accord formel des 27, avant le début des négociations avec le Parlement européen.

Moments informels...

En marge de ces réunions, plusieurs moments informels étaient prévus. Comme la visite de la cathédrale d’Amiens guidée notamment par Hubert Dessaint, auteur d'un livre sur la cathédrale sorti fin 2021. 

« Je faisais partie de l'équipe de bénévoles au service de la cathédrale présents lors des visites des différents ministres européens. Certains ont posé beaucoup de questions sur notre joyau : "Qu'est ce qui est le plus important dans la cathédrale ?" Difficile de répondre... Les reliques de Saint Jean-Baptiste, ai-je avancé. J'étais heureux de rencontrer Barbara Pompili. Je lui ai remis mon livre. » 

Un dîner au musée de Picardie et la visite de l’usine Ÿnsect étaient également au programme. À cette occasion, Antoine Hubert, Pdg et fondateur d'Ÿnsect a pu échanger avec les ministres et les commissaires européens pour souligner le besoin de conserver le leadership technologique et commercial de l’Europe en matière de production d’insectes. 

« Au-delà de répondre aux grandes priorités de la Commission européenne pour la mise en place de chaînes d'approvisionnement alimentaire plus durables, souveraines et résilientes comme Farm to Fork Strategy, le Green deal, ou encore le Plan d'action pour l'économie circulaire, notre secteur représente un potentiel de développement inégalé : d'ici 2030, plus de 20 000 recrutements sont prévus en Europe, pour un chiffre d'affaires total dépassant plusieurs milliards d'euros. » 

Côté hébergements des délégations, plusieurs hôtels amiénois étaient sollicités comme le Marotte en plein centre-ville d'Amiens. « Ce fut pour nous beaucoup de stress, beaucoup de protocole, beaucoup de temps, d'énergie et très peu de sommeil avec des changements en permanence, confie Estelle Walti, directrice de l'hôtel 5 étoiles. Une opération qui nous a permis de sauver le mois de janvier. »