Amiante : une formation qui en dit long…
Le centre Raymond Bard de Faulquemont vient d’organiser une première session de formation à destination des professionnels des Travaux publics sur une nouvelle obligation réglementaire dans l’univers de l’amiante. Cette formation, dite de sous-section «4», entraîne surtout bon nombre d’interrogations sur la réelle mise en pratique et révèle, selon les professionnels, des disparités voire des aberrations entre la réalité du terrain et le bon vouloir réglementaire.
Formation à l’amiante de sous-section «4» concernant des interventions d’entretien, de maintenance sur des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante. Derrière cette dénomination barbare se dissimule une véritable bombe à retardement pour l’univers spécifique des Travaux publics (TP) directement concerné par cette nouvelle réglementation. Terrassiers, canalisateurs, professionnels d’entreprises routières «pouvant être exposés à l’amiante sur leurs chantiers doivent avoir suivi cette formation pour intervenir», assure Romuald Karmann, le directeur du centre Raymond Bard, l’un des rares centres en France aujourd’hui à proposer cette formation centrée Travaux publics. Du 25 février au 1er mars, les stagiaires ont participé à la première session (qui en appelle d’autres) dans ses locaux de Faulquemont. L’obligation réglementaire est là, imposée par décret, mais dans la pratique sa mise en oeuvre apparaît plus que délicate voire quasiment impossible. «Il n’y a plus aucun bon sens en termes d’intervention et de formation en matière d’amiante en France», assure Michel Denis, expert amiante au niveau national auprès de la FNTP (Fédération nationale des travaux publics). Il est l’un des deux seuls spécialistes amiante dans les TP et c’est lui qui est venu assuré la formation au centre mosellan. Si la réglementation se veut claire dans le secteur du Bâtiment, celle concernant les Travaux publics semble plus que brumeuse.
Interventions le flou…
«Il existe des distinctions entre petites et grandes interventions. Pour la première catégorie, l’employeur peut lui-même former ses collaborateurs ou passer par un centre de formation par forcément labellisé «Amiante». Pour la seconde typologie, il faut impérativement passer par un centre de formation agréé. Le problème est que la distinction entre petites et grandes interventions est laissée à l’appréciation de la DGT (Direction générale du travail) et là on se marche littéralement sur la tête.» Pour les professionnels vient se greffer la problématique de la certification des centres de formation. «Pour obtenir cette certification, il faut être en capacité d’assurer aussi bien les formations pour le Bâtiment que pour les Travaux publics», renchérit Romuald Karmann. Un casse-tête chinois réglementaire mais surtout un frein, voire un véritable coup d’arrêt, pour les entreprises concernées. «Comment voulez-vous aujourd’hui qu’une entreprise puissent former l’ensemble de ses collaborateurs. Tous les niveaux hiérarchiques sont concernés, de l’encadrement technique à celui de chantier et naturellement les opérateurs de terrain. Et à chaque catégorie, il y a une formation différente. C’est loin d’être simple !» Face à cette urgence méconnue, le centre Raymond Bard devrait organiser très prochainement une journée de sensibilisation à destination des entreprises des Travaux publics. Plus qu’une urgence, une nécessité aujourd’hui pour tout un secteur.