Amélie Fabretti remet le tablier d’écolier au goût du jour

A 42 ans, Amélie Fabretti est à la tête de Trop Trop Bien, une petite entreprise lancée à Lille en octobre 2018 et spécialisée dans la confection de tabliers pour écoliers (de 2 ans à 7 ans) à partir de chemises élimées. En se lançant dans ce projet, cette ancienne responsable marketing opérationnel et consultante dans le parfum, notamment chez Givenchy (LVMH), a décidé de réaliser «un rêve de petite fille".

Amélie Fabretti remet le tablier d’écolier au goût du jour

Le déclic ? Tout a démarré en 2008 lorsque Jules, son premier fils, est rentré en petite section de maternelle dans une école privée. «Dans le trousseau de classe, il était demandé entre autres un tablier que l’enfant devait porter toute la journée, raconte-t-elle. Comme je n’aime pas faire les magasins, j’ai jeté un œil sur Internet, mais je n’ai rien trouvé de satisfaisant. En voyant en même temps toutes les chemises de mon mari qu’il ne mettait plus parce qu’elles étaient usées aux poignets ou au col, j’ai décidé de fabriquer le tablier moi-même, sans aucune notion de couture.»

En fait, en surfant sur la Toile, cette maman de deux enfants n’aime certes pas les modèles proposés, mais reste surtout très suspicieuse quant à la provenance de ces vêtements et leur fabrication. «Il y a aussi toute cette problématique de qui fait quoi dans cette industrie du tissu», poursuit Amélie Fabretti. Son premier tablier d’écolier est réalisé avec le système D et à la main. «Tous les enfants avaient un tablier bleu et mon fils, un tablier vert pâle», se remémore-t-elle.

Upcycling

En 2011, la jeune femme prend ses premiers cours de couture dans une association à Lille. «Depuis toute petite, je voulais être dans le textile, et je rêvais de faire Esmod (à Roubaix), développe-t-elle. En travaillant dans le parfum, j’espérais profiter d’une passerelle pour basculer dans la haute couture…» Malheureusement cela ne se fera pas. En 2013, lorsque Tom, son second fils, rentre à son tour à l’école, là aussi elle lui fabrique son premier tablier, mais cette fois-ci à la machine à coudre et en respectant un patron. Le processus de reconversion, encore un peu flou, est enclenché. L’année d’après, elle donne sa démission pour suivre un cursus professionnel d’une année chez Esmod. «Mon objectif était de comprendre le vêtement et la démarche créative.» Parallèlement, elle aide une amie qui lance sa marque pour enfants et, par ce biais, découvre dans la foulée l’incubation à la Maison des modes à Lille-Sud, puis le Vestiaire à Roubaix où son amie ouvre une boutique.

Amélie Fabretti est de plus en plus convaincue de ce qu’elle veut faire ; reste à trouver le concept. «En 2017, je reprends alors cette idée de tablier d’écolier, et Trop Trop Bien voit le jour à l’automne 2018, continue-t-elle. Les chemises que je récupère, je les recycle par le haut, je fais de l’upcycling. Et ça va tellement dans le sens de l’histoire…» Amélie Fabretti dessine ses modèles, fait appel à une modéliste spécialisée dans le vêtement pour enfant qui fait les patrons. Elle crée son site et confie la fabrication de ses premiers tabliers à une couturière sur la métropole lilloise. Consciente que son modèle économique est perfectible et ses tabliers – chaque modèle est unique – encore un peu chers (45 euros TCC), elle délocalise, optimise la réalisation de ses pièces à Calais dans un atelier d’insertion et fait baisser le prix à 29,90 euros. Au printemps, elle devient le coup de cœur de ‘‘Une autre mode est possible’’, un collectif de créateurs dans la mode durable porté par Arielle Levy.

Amélie Fabretti bénéficie également des conseils de Nordcréa qui cherche à redynamiser l’industrie textile dans le Nord de la France, et rejoint Little Big Women, l’association de Fatiha Legzouli, qui promeut l’entrepreneuriat au féminin dans la région. «Je sais qu’avec les tabliers d’écolier, je suis dans un produit de niche», explique Amélie Fabretti qui, pour le moment, diffuse ses modèles via son site internet www.troptropbien.com. En attendant de trouver des distributeurs. Affaire à suivre !