Alain Muys, une ambition franche et directe

La quarantaine bien sonnée, le Calaisien et fougueux patron du Groupe SAM a célébré le 4 octobre dernier, à Roubaix, les 30 ans de SEGA, électricien à Wattrelos.

Alain Muys, une ambition franche et directe

L’entreprenant associé de 34 ans qu’Alain Muys était alors n’est pas allé par quatre chemins. «Je veux prendre ta place.» C’était en 1999. Christian Gerils, le dirigeant de SEGA, aujourd’hui disparu, avait demandé à Alain Muys ce qu’était son ambition. La réponse tranquille et sans détour a produit un effet auquel on n’aurait pas pu s’attendre. «Au moins c’est franc et ambitieux, aurait dit Christian Gerils. C’est comme cela que l’on va avancer.» Sept ans plus tard, en 2006, le patron de SEGA, tombé malade, cède son entreprise à Alain Muys. «Il m’a fait confiance et m’a dit : ‘Tu réussiras !’.» Le 4 octobre dernier, SEGA a soufflé sa 30e bougie. C’est à Roubaix qu’Alain Muys et la trentaine de salariés ainsi que des partenaires ont fêté l’anniversaire de cette PME spécialiste de l’électricité industrielle. Un retour aux sources car, si SEGA est aujourd’hui implantée à Wattrelos, c’est à Roubaix qu’elle avait été créée en 1983 par Rolland Dumoulin et Victor Macuk, lesquels l’ont cédée en 1996 à Christian Gerils.

Chez Alain Muys, 48 ans, tout évoque son tempérament de gagnant… C’est vers fin 1998 que cet ancien gardien de but et capitaine du CRUFC (Calais Racing Union Football Club) rencontre pour la première fois Christian Gerils. «C’était à Roubaix, sur un chantier de Cofidis, se souvient Alain Muys. Un chantier en commun sur lequel SEGA faisait la partie électrique et nous, la partie réseau informatique.» Alain Muys était conducteur de travaux chez Ricquart ingénierie à Arras qu’il va quitter par la suite. Quelques mois après leur première rencontre, Alain Muys et Christian Gerils créent en février 1999 Tecfi Elec, spécialisée en courants faibles. Mais l’actuel patron de SEGA n’était pas à sa première expérience de créateur d’entreprise.

 D.R.

Passionné. Au sortir de l’adolescence, à l’époque où il jouait encore pour le CRUFC, le club calaisien était en 3e division. «Je jouerai en équipe 1re de Calais», disait-il impétueusement à ses parents. Mais très vite «sa vocation de vouloir gérer» va prendre le dessus. Il se réoriente vers l’activité économique pure. Après son bac en électrotechnique et sans avoir achevé ses études en BTS, il enchaîne les «petits boulots». Premier emploi chez Usinor (aujourd’hui ArcelorMittal) à Dunkerque. Mais il comprend vite que son avenir n’est pas dans la maintenance industrielle. Il est embauché à Lille par une entreprise de la sécurité informatique, activité dont il va faire sa passion. Alain Muys a trouvé sa voie. Il apprend seul. Il passe des nuits entières à travailler. Quand l’entreprise qui l’emploie est rachetée par une multinationale, Alain Muys décide de claquer la porte. En 1989, à 24 ans, il crée SVIA, développeur de solutions d’alarme, ainsi que contre le vol et l’incendie à Douriez, près du Touquet. «On faisait de la sécurité ‘vol’ et progressivement nous nous sommes spécialisés dans l’électricité et le réseau informatique.» Mais son associé ne se préoccupe que de recherche électronique. Ce n’était pas l’objectif premier d’Alain Muys. Il claque à nouveau la porte. C’est alors que Ricquart ingénierie le recrute. Pour cette PME arrageoise, il «développe l’activité sécurité et réseau informatique, c’est-à-dire le câblage et la fibre optique». Intervient la rencontre décisive avec Christian Gerils.

Attachant. Natif de Calais, Alain Muys se dit «très attaché à la valeur des hommes». Deux ans après la reprise de SEGA, c’est la faillite de Lehman Brothers et l’onde de choc dans le monde. Elle est vivement ressentie au 8 rue des Lainiers à Wattrelos. «L’industrie a beaucoup baissé», se souvient Alain Muys. Pour garder les équipes, il décide de diversifier l’activité. Il crée en 2009 RMS, dédiée au second œuvre pour bâtiments industriels et tertiaires. Puis voit le jour JMA, distributeur de groupe électrogène «pour boucler la boucle au niveau de l’énergie».  RMS Bain, la toute dernière, créée en 2013, est consacrée à la plomberie et au sanitaire. Les cinq entités sont aujourd’hui enveloppées par la Holding SAM qui n’est autre que les initiales de Sabine et Alain Muys. Sabine, c’est l’épouse «conciliante et toujours présente dans les moments durs».  Le groupe emploie 28 salariés. Et depuis 2008, pas le moindre licenciement. Au contraire, des embauches. Le chiffre d’affaires a atteint 8 millions d’euros au dernier exercice. C’est incontestable, Alain Muys se trouve bien sur le chemin de la réussite professionnelle. Christian Gerils n’avait-il pas vu juste ?