Alain Gest s'explique sur le canal Seine-Nord
Alain Gest, président de Voies navigables de France (VNF), a été reçu le 8 juillet par le conseil régional de Picardie pour répondre aux nombreuses questions des élus sur le canal Seine-Nord. En mai, le ministre des Transports avait demandé à ce que le projet soit reconfiguré. Une mission confiée à Rémi Pauvros, député du Nord.
La visite d’Alain Gest était très attendue par les élus du conseil régional. Plusieurs fois repoussée, elle a finalement eu lieu lundi 8 juillet dans un climat tendu où chacun a pu faire valoir ses positions. Il est 10 heures quand Claude Gewerc, président (PS) du conseil régional prend la parole et s’adresse au président de VNF : « Je vous remercie d’avoir bien voulu venir éclairer le conseil régional sur la conduite et l’évolution de ce projet. S’il est une question que je dois vous poser, Monsieur le président, c’est bien celle-ci : comment en sommes-nous arrivés là ? »
« Le coût a été évalué en 2009 »
Alain Gest, qui considère les questions de la collectivité « légitimes », a réaffirmé sa volonté de mener à terme le projet. « Le canal Seine-Nord est avant tout un projet économique qui créerait de la compétitivité et de la croissance pour le pays. » Interrogé sur le coût du canal, le président de VNF ne conteste pas le chiffre de 7 milliards avancé par le rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) commandé par Frédéric Cuvillier, ministre des Transports, en septembre 2012. « Les 4,3 milliards estimés au départ ne comprenaient que les coûts de construction. Prétendre qu’on est passés de 4,3 à 7 milliards, c’est tout mélanger. Ensuite, le coût a été évalué en 2009, quatre ans sont passés depuis. »
Concernant les subventions européennes, Alain Gest affirme « ne pas vouloir rentrer dans le débat pour savoir si elles ont été mal négociées ou pas . Selon lui, « à l’époque, la France présentait plusieurs dossiers importants, comme celui de la ligne Lyon-Turin ». Rémi Pauvros, en charge de la reconfiguration du projet, présentera un nouveau dossier à la Commission européenne en 2014 pour pouvoir obtenir au moins 30 % de subventions, condition nécessaire à la concrétisation du canal, le partenariat publicprivé ayant été écarté par le ministre des Transports.
Enjeux multiples
Une majorité des élus du conseil régional approuve la nécessité du projet. Mais ils sont nombreux à critiquer la manière dont il est conduit. Pour Josiane Baeckelandt (Parti radical de gauche) « l’aménagement du canal Seine Nord est une opportunité non négligeable pour la Picardie et ses territoires » mais le projet est « inacceptable en l’état ». Daniel Beurdeley, vice-président du conseil régional en charge des transports (Communistes et progressistes unitaires), considère qu’il « faut réaliser le canal » car les enjeux sont « multiples » : rayonnement régional, connexion à l’Europe et développement du transport fluvial pour réduire les gaz à effet de serre. Seul Franck Delattre (Europe écologie les verts), émet des réserves sur la pertinence du projet : « Se lancer dans la construction d’un canal coûtant 6 ou 7 milliards d’euros en cette période de crise me paraît déraisonnable. Arrêtons les frais ! »