Gaz vert
Aisne Méthane Énergie : du biogaz produit au cœur de la Thiérache grâce à la méthanisation
À La Neuville-lès-Dorengt, en Thiérache, Aisne Méthane Énergie, une unité de méthanisation a été inaugurée en septembre 2022. Le gaz vert produit dans cette exploitation familiale est même injecté dans le réseau GRDF depuis novembre 2021 et produit l’équivalent de la consommation annuelle de gaz de 1 000 foyers de quatre personnes.
La méthanisation a le vent en poupe un peu partout dans l’Aisne. C’est le cas en Thiérache par exemple avec la création d’une unité de méthanisation à La Neuville-lès-Dorengt. La société Aisne Méthane Énergie créée par Jérémy et Nicolas Goffinet a commencé à injecter du gaz dans le réseau local à la fin de l’année 2021. « Mon frère est exploitant agricole et notre idée est de diversifier nos activités tout en valorisant les déchets de l’agriculture et en restant sur une production locale, à taille humaine, explique Jérémy Goffinet, président de la société. Notre production de gaz vert équivaut à la consommation de 1 000 foyers de quatre personnes, cela représente 12 000 MW à l’année. Nous sommes sur une méthanisation agricole et non pas industrielle. »
Le gaz produit ici profite aux foyers et industries de La Neuville-lès-Dorengt bien sûr mais aussi de Boué, Esquéhéries ou encore du Nouvion. Là où Aisne Méthane Énergie souhaite rester dans la méthanisation dite agricole réside dans les intrants, c’est-à-dire dans les matières mises dans le méthaniseur.
Approvisionnement local
« Nous avons principalement des intrants agricoles avec ce qu’on appelle l’ensilage de Cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) qui étaient auparavant enfouies et donc non valorisées, raconte le président. On va avoir des CIVE de maïs par exemple. Nous allons aussi mettre des effluents d’élevage à savoir du lisier, du fumier et aussi des déchets ou co-produits de l’agriculture comme la pulpe de betterave mais aussi des légumes déclassés comme des pommes de terre, des oignons. »
Le dirigeant tient à le préciser : l’approvisionnement de ces intrants reste local. « Cela provient de 15 à 20 kilomètres d’ici pour ce qui est des intrants issus des exploitations agricoles et jusqu’à environ 50 kilomètres en ce qui concerne les produits des industries agroalimentaires », souligne-t-il.
Au total, ce sont 29 tonnes de matières qui sont chaque jour introduits dans le méthaniseur. L’approvisionnement doit donc être continu et régulier. « La sécheresse que nous avons connue en 2022 a pu nous faire craindre d’avoir moins d’apports mais en fait, ça n’a pas été le cas, nous avons continué à avoir des appels malgré tout d’exploitants ou d’industries, rassure Jérémy Goffinet. Mais c’est vrai que la partie approvisionnement est le sujet qui nous mobilise le plus. »
Dans les grandes cuves de l’exploitation, toute cette matière est chauffée pendant deux mois avant de produire le gaz attendu. Celui-ci sera nettoyé, épuré avant d’être transmis au poste d’injection de GRDF où sa qualité sera contrôlée avant d’être envoyée dans le réseau. Tout défaut de qualité entraîne une interruption de l’injection. C’est pourquoi l’installation nécessite un suivi humain régulier.
Après
près de deux ans d’exploitation, le dirigeant dresse un bilan
positif de l’exploitation. « C’est
plutôt satisfaisant, nous sommes dans les rendements de production
attendus et nous travaillons bien avec en plus la présence d’un
employé sur le site »,
constate le président. Les agriculteurs des environs semblent jouer
le jeu et travaillent avec l’unité dont l’installation comme
souvent pour les projets de ce type, a été contestée. « Il
y a eu des craintes sur des nuisances olfactives ou sur le passage de
camions, ce qu’on comprend mais nous avons ouvert l’unité lors
de la journée d’inauguration et nous le referons pour répondre à
toutes les questions »,
assure Jérémy Goffinet. Qui compte bien continuer à produire du
biogaz pour le secteur.
En 2024, l’obligation de trier les déchets organiques des ménages
Au 1er janvier 2024, la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) va entrer en vigueur et obliger les Français à trier leurs biodéchets et plus particulièrement leurs déchets alimentaires. Épluchures et tout ce qu’on a laissé au coin de notre assiette sont concernés. Un gisement important puisqu’on parle de 80 kg par an et par Français, aujourd’hui incinérés ou enfouis. La méthanisation pourrait avoir son rôle à jouer dans cette affaire.
« La loi dispose que chaque Français doit pouvoir disposer d’une solution pratique de tri de leurs biodéchets à proximité de chez eux, précise Jérémy Goffinet. On parle des déchets de cuisine et de table qui devront être triés à la source chez le particulier et valorisés en compostage par exemple. On peut penser qu’une partie de ces déchets va être absorbée par la méthanisation. »
Pour les collectivités, le défi s’annonce important puisqu’elles vont devoir mettre en place les outils permettant ce développement de l’apport volontaire. La mise en place de composteurs dans chaque jardin, au pied des immeubles collectifs ou de points d’apport volontaire, devront être amenés à se développer.