Journées de l'élevage
Aisne : l'alimentation des bovins à repenser par les éleveurs
Dans l'Aisne, terre agricole s'il en est, les éleveurs bovins sont invités par la Chambre d'agriculture du département à repenser le mode d'alimentation de leur bétail. Le territoire fait face à des sécheresses à répétition qui impactent le fourrage et les aliments traditionnels. L'enjeu de l'autonomie alimentaire des exploitations est aussi un enjeu économique vital.
Manquer de fourrage dans l'Aisne, une terre propice à l'agriculture, impensable il y a quelques années. Mais les différentes périodes de sécheresse qui se sont produites dernièrement doivent inciter les éleveurs bovins et ovins à penser autrement l'alimentation de leur bétail. La chambre d'agriculture de l'Aisne a organisé deux Journées de l'élevage dont une à Parfondru, sur le thème de l'autonomie alimentaire des élevages.
Étienne Falentin et Gaëtan Leborgne, conseillers élevage de la chambre d'agriculture de l'Aisne ont notamment présenté les alternatives pour pallier le manque de co-produits et/ou de fourrage. « Les analyses technico-économiques de la région Nord-Picardie montrent que le coût alimentaire représente plus des trois quarts des charges opérationnelles des ateliers viande donc les marges de progrès se situent souvent sur ce poste, note Étienne Falentin. Avec le cours des matières premières très volatile, il faut se remettre en question pour être performant demain. »
Diversifier les sources de fourrage
Les éleveurs font face par exemple à un manque disponibilité de la pulpe betteravière ou à une augmentation de son coût. La production de cette pulpe s'est en effet réduite alors que celle-ci est utilisée par beaucoup d'éleveurs pour alimenter leurs cheptels. « Les surfaces de betteraves diminuent et les rendements également avec des éléments comme le réchauffement climatique et des maladies avec les pucerons, il y a donc moins de racines de betteraves et moins de pulpes », précise Étienne Falentin.
« Il y a en effet un contexte économique qui fait que les coût des matières premières par exemple de la tonne de blé ou de soja évoluent sans cesse et puis il y a un contexte météo avec des écarts climatiques qui vont être de plus en plus marqués, avec des périodes de déficit hydrique importantes d'un côté et davantage de jours à plus de 30 °C d'un autre côté », explique Étienne Falentin, conseiller élevage. Cela implique d'adapter les pratiques pour les éleveurs afin de gérer au mieux le fourrage : pratiquer des fauches précoces, valoriser l'herbe d'automne par exemple, diversifier les espèces fourragères, revoir les modes de pâturage...
Au-delà d'optimiser au maximum leur système fourrager en limitant les pertes, les agriculteurs sont aussi invités à produire eux-mêmes d'autres produits comme le maïs et du sorgho. « Cela permet de compenser une partie de ce qu'on aurait plus en pulpe de betterave et on peut aussi optimiser la partie du pâturage afin d'augmenter peut-être la saison même si ça n'est pas toujours évident avec le niveau de pluviométrie dans notre département, précise Gaëtan Leborgne, conseiller élevage et développement agricole pour la Chambre d'agriculture de l'Aisne. Cela permet de limiter la période où il y a besoin de compléments. »
Le département de l'Aisne compte 1 200 éleveurs qui doivent donc adapter leur pratique et améliorer leur autonomie fourragère. La chambre d'agriculture peut les accompagner et les conseiller dans ces changements.