Ainsi fonds, fonds, fonds….
La levée de fonds, un passage quasi obligé pour les porteurs de projets comme pour les entreprises aguerries. Si la tendance d’hier était notamment centrée sur la fameuse sphère de la Deeptech (l’innovation de rupture), la performance dite durable à grands coups de transition en tous genres s’apparente aujourd’hui à la nouvelle norme pour bon nombre de fonds d’investissement.
«La suite de notre développement était conditionnée par une levée de fonds, les levées de fonds ont chuté de 82 % en moins d’un an (autant dire qu’il n’y en a presque plus) et ça n’a pas fonctionné pour nous. Quatre ans de ma vie qui partent en fumée pour des considérations spéculatives…» Témoignage aussi brutal, qu’émouvant mais surtout interrogatif d’un pilote d’une start-up meurthe-et-mosellane spécialisée dans l’accessibilité du gaming (jeux vidéo) pour les personnes en situation de handicap et au web. Un marché énorme ! Deux millions d’euros levés depuis son lancement en 2021, une croissance de plus de 1 000 % en deux ans. Un tour de table était alors en cours mi-avril pour lever entre deux et quatre millions d’euros supplémentaires pour assurer son développement. Et puis, fin mai, «le clap de fin», comme l’assure son fondateur. Autant dire que l’univers des levées de fonds et des investisseurs peut, hélas, s’apparenter à un monde impitoyable. Les univers de la Deeptech, ces fameuses innovations de rupture, tant mis en avant il y a encore quelques mois, subissent de plein fouet une nouvelle orientation engagée d’une majorité d’investisseurs.
L’atout proximité
La nouvelle marotte des fonds d’investissement ne semble plus avoir qu’un seul nom : la décarbonisation des PME, la transition écologique et énergétique et presque rien d’autre. Même le secteur de la santé apparaît rencontrer une baisse d’intérêt. Dans sa dernière étude annuelle (parue fin mars), le réseau France Angels, spécialisé notamment dans le financement de l’amorçage, avoue «qu’une légère baisse des investissements dans les refinancement est enregistrée mais ils sont, dans les premiers tours, en légère progression, ce qui est très encourageant quant à la volonté des Business Angels de poursuivre leur soutien aux nouvelles entreprises même dans un contexte devenu plus difficile.» Répondre aux enjeux sociétaux guident naturellement les investisseurs mais le retour sur investissement (à plus ou moins long terme) demeure la variante principale. Sur les territoires, les différents fonds d’investissement de proximité affichent un autre ADN : celui de permettre aux PME et TPE de la région de poursuivre leur développement en surmontant notamment les aléas des fonds propres liés à une conjoncture en dents de scie. Leur intérêt et mission est surtout basée sur les retombées économiques et sociales pour les territoires. Une notion de base qui apparaît aujourd’hui nécessaire à rappeler à certains investisseurs en quête uniquement d’une rentabilité rapide mais trop souvent brève et éphémère.